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Smile Life : le jeu à qui la vie sourit

Smile Life, jeu de société créé à Montpellier, cartonne. Lancé en 2018, il a séduit un large public. Trois extensions ont succédé au jeu de base vendu à plus de 25 000 exemplaires. La dernière née,  “Apocalypse”, disponible en magasin depuis fin septembre, se vend comme des petits pains. LOKKO a rencontré le créateur du jeu, le montpelliérain Alexandre Seba, journaliste au “Parisien”.

Gagner sa vie, pourrir celle des autres !

Smile Life est un jeu de cartes (*). Il consiste à faire sa faire sa vie avec des cartes (études, métiers, salaires, amours, loisirs, famille), tout en évitant les malus tels que divorce, burn-out, maladie, licenciement, entre autres. Sur certaines d’entre elles, des petits “smiles” (petits smileys). Le but : collectionner ces petits sourires et en compter plus que vos adversaires à la fin de la partie. Plus le nombre de smiles est grand, et plus votre vie a été heureuse. Vous pouvez collectionner les années d’études, avoir un travail qui vous permet de vous payer des voyages, flirter au camping ou au cinéma, vous marier à Bourg-la-Reine, et cumuler les enfants aux prénoms tirés de l’univers geek (Luke & Leia, Mario & Luigi, Hermione & Harry etc.). Jusque-là tout va bien. Là où ça se complique, c’est qu’il vous est possible (et fortement conseillé) de tenter de pourrir la vie de vos adversaires à coup de cartes “maladie”, “accident de voiture”, “Burn out” et “licenciement”.  Bien sûr, déclarer la guerre à un autre joueur entraînera sans aucun doute des répercussions néfastes sur votre petite vie tranquille… 

En ce qui me concerne, Smile Life a sauvé une amitié mise en danger par un temps pluvieux et une semaine de camping sous une tente loin d’être étanche…  Il se trouve que j’avais amené ce jeu dans mon sac, peu convaincue d’avoir à l’utiliser, mes amis n’étant pas de grands joueurs. Si j’avais su ! Par temps de pluie, les sessions de surf étant annulées les unes après les autres et n’ayant plus d’autre choix, nous nous sommes mis à jouer. Nous ne nous sommes plus arrêtés depuis. Un an plus tard, nous nous retrouvons, joueurs aguerris et passionnés, face à la toute nouvelle extension du jeu, créée par le prolifique Alexandre Seba.

J’ai rencontré Alexandre Seba à Montpellier, sa ville natale. La quarantaine (même s’il en fait trente…) et un grand sourire aux lèvres : je ne peux m’empêcher de penser que le petit smile tant recherché dans le jeu est une caricature de son créateur…

“Meilleur jeu 2020”

Alexandre Seba a l’idée de Smile Life alors qu’il est arrêté à un feu rouge. En 2017, il est entre deux contrats de journalisme (il travaille aujourd’hui au “Parisien’) et, comme tout un chacun à un moment de sa vie, est en pleine remise en question. “J’avais différentes cartes en mains, se rappelle-t-il. Des bonnes cartes, certainement quelques atouts, d’autres que j’avais déjà utilisées, d’autres que j’allais pouvoir tenter… J’avais un peu de temps à cette époque, et je me suis dit, pourquoi ne pas traduire ça dans un jeu ? J’ai fait quelques recherches, et j’ai constaté avec surprise qu’il n’existait pas vraiment de jeu sur la vie ordinaire. Alors, je me suis lancé.”

Aidé de sa compagne, Margot, Alexandre met au point une première version du jeu. Il crée ensuite lui-même les cartes en étudiant le design grâce à des tutos sur internet. Les cartes sont réalisées avec l’imprimante de la maison et la boîte est celle d’une boîte de sachets de thé (ci-dessous, c’est l’extension “Trash”).

En février 2018, Alexandre et Margot se rendent au Festival International des Jeux de Cannes où ils présentent leur prototype qui rencontre un franc succès auprès des festivaliers sans pour autant  intéresser les investisseurs. De retour chez lui, à Juvignac, Alexandre décide de lancer une cagnotte participative sur Ulule. Il récolte 6000 euros, ce qui lui permet de faire un premier tirage de son jeu à 500 exemplaires. Le 5 décembre 2018, il tient dans ses mains pour la toute première fois, la version finale de son jeu. Il commence à le proposer dans les magasins montpelliérains qui lui prennent quelques exemplaires, peu sûrs de les écouler. Surprise, à l’échelle locale, le jeu bénéficie d’un excellent bouche à oreille. Les 500 exemplaires se vendent.

Smile Life est élu “meilleur jeu de l’année 2020” sur la chaîne youtube de l’humoriste-influenceur Pierre Croce (Pierre Croce Volume 2). Un succès d’autant plus étonnant que Alexandre n’était pas “branché jeu”. “Je crois que le fait que je n’étais pas un gros joueur a servi Smile Life. Si j’avais été plus expérimenté, le jeu aurait sans doute était plus complexe. Je suis ravi quand Smile Life plaît aux novices et que le jeu devient la porte d’entrée à cet univers. Mais je suis aussi aux anges lorsque mon jeu plaît aux connaisseurs.”

Tout s’accélère lorsqu’Alexandre se rend pour la seconde fois à Cannes. Il y rencontre celui qui deviendra son distributeur : MAD. En juillet 2019, le jeu est disponible dans de nombreux magasins, partout en France. S’il compte sur MAD pour organiser la distribution, Alexandre tient à garder la main sur l’édition de son jeu : “Je ne peux et ne sait pas gérer les réseaux commerciaux, la logistique et le stock. En revanche, je tiens à rester maître de mon jeu et à m’occuper moi-même des visuels.”

Accidents, mariage, attentats

Les joueurs ne tarissent pas d’éloges sur le jeu, bientôt relayés par les youtubeurs et influenceurs, et la vente décolle. Les aficionados aiment l’humour noir du jeu, son conformisme décalé : pas de bébé sans mariage, mais un accident peut avoir lieu lors d’un flirt au camping ou à l’hôtel par exemple… On ne saisit pas toujours quelles sont les valeurs qu’il porte ? Quelle est la morale de ce bonheur par les cartes ?

“À première vue le jeu peut paraître un peu simpliste. Certains joueurs le pensent moralisateur alors que c’est tout le contraire. L’idée est de déjouer le conventionnel. Il y a plusieurs manières de gagner le jeu. Il n’y a aucun jugement de valeur. Tous les métiers ont le même nombre de smiles. Un plombier peut être aussi heureux qu’un astronaute ou un stripteaser.” Concernant la carte attentat un peu problématique (où des enfants sont tués) Alexandre reconnaît que “c’était un peu un test pour voir comment réagirait le public. Il y a pu avoir quelques réactions outrées, mais au final, c’est le rire qui l’emporte”.

“Une vie parallèle moins chiante”

Clin d’oeil à ses études cinématographiques à Paul Valéry (avant qu’il ne s’oriente vers la communication), Alexandre cumule les références cinématographiques et les touches d’humour. “Ça c’est fait petit à petit, explique-t-il. Au delà des références, je pense que j’ai essayé de mettre de la fantaisie dans le jeu. Il doit être à la fois fidèle à la réalité pour que l’on puisse se projeter, et en même temps, il faut qu’on y trouve assez de décalage et de fantaisie pour que ce soit légèrement différent de la vraie vie. Smile Life c’est une vie parallèle, moins chiante que la vraie vie.”

Après la première extension, “Trash” (ci-dessus) qui développe insolence cet humour noir, ce sera la très féministe “Girl power”. Mais la plus grosse extension, est sans doute la toute dernière, sortie fin septembre : “Apocalypse”. “Avec les extensions, il faut toujours essayer de faire mieux que la précédente. C’est stressant parce que je dois savoir me renouveler tout en restant assez proche des trois jeux précédents sinon les joueurs risquent d’être déçus.”

“Apocalypse” (ci-dessous) regorge de nouveautés : pour se débarrasser des martiens, des timers qui entraînent une toute nouvelle dynamique de jeu, de nouveaux métiers (le hacker et son QR code qui foisonne de surprises numériques…), de nouveaux enjeux (crise alimentaire, épidémie…). “Pour ‘Apocalypse’, j’ai vraiment essayé de pousser au maximum les possibilités du jeu, explique Alexandre. Attention, ici, on est dans un contexte apocalyptique et le jeu peut être rude. On va galérer, on peut perdre tous ensemble, mais c’est volontaire. Si on ne parvient pas à tuer les martiens : Fin de l’humanité.”

Une prochaine extension ? “Je pense qu’il y a encore à faire avec Smile Life. Le thème est extensible à l’infini. Il faut trouver une idée pertinente qui me permette d’imaginer tout un univers autour… mais Apocalypse vient de sortir et j’y ai mis beaucoup de nouvelles idées, donc on va attendre un peu pour la suite.”

(*) Les règles du jeu, ici.

Le site web d’Alexandre Seba : www.smilelife.fr/

Son Instagram : www.instagram.com/smilelife.jeu/

Sa chaîne Youtube .

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