En reportage à l’hôpital de la faune sauvage

L’hôpital de la Faune sauvage à Laroque dans l’Hérault recueille et soigne des animaux sauvages en détresse -une majorité d’oiseaux- pour les relâcher ensuite dans le milieu naturel. Il propose des stages de formation gratuite aux premiers soins. 
Une porte en fer, presque cachée au milieu de l’avenue de l’Europe de Laroque, dans l’Hérault. L’entrée de l’Hôpital de la Faune Sauvage ne paye pas de mine, mais renferme un monde incroyable. Elle me fait penser au monde de Narnia.
En l’ouvrant, on découvre un terrain sauvage abritant la caravane de l’association, les volières construites par les bénévoles, et le bâtiment du centre de soin. Il sera le lieu de la formation aux premiers soins de la faune sauvage. Ouvertes à tous et gratuites, organisées tout au long de l’hiver, un petit mail à l’association permet de connaître la prochaine date.

2682 animaux en 2018

En attendant, je me retrouve, avec mon amoureux, au milieu d’un groupe très hétérogène de personnes : vieux, jeunes, femmes, hommes, … Non. Très peu d’hommes en fait. Seulement 3 sur la quinzaine de participants présents. La formation commence par une présentation de l’association. Classique mais surprenant. J’apprends que ce petit centre de soins, mis en place par Goupil Connexion s’est occupé de 2 682 animaux en 2018, qu’il peut recevoir jusqu’à 25 nouveaux animaux rescapés par jour en plein cœur de l’été. Mais où les mettent-ils ? Ça semble si … petit. Un concentré d’énergie.

J’apprends aussi que la formation va être particulièrement dédiée aux oiseaux. Ils ont beau accueillir toutes les espèces sans discrimination, le centre recueille 84% d’oiseaux, donc seulement 16% de mammifères. Des renards, des blaireaux, des hérissons, qui sont apparemment très fragiles. « Il va bien, et 2 heures après il est mort » commente sans pincettes notre formatrice. Les ramassages de juvéniles représentent la moitié des arrivées d’animaux. « On nous amène des oisillons parce qu’ils sont tombés du nid, mais chez certaines espèces c’est normal, les parents continuent de les nourrir au sol » explique notre formatrice. Elle conseille, si l’on trouve un oisillon hors du nid, d’attendre non loin du petit animal pour vérifier que les parents le nourrissent, ou d’appeler directement l’association.

Service téléphonique de 7h30 à 22h

A Laroque, on ne chôme pas ! La formation s’accompagne d’une visite. Direction l’infirmerie. Quelques animaux en cage attendent leurs soins quotidiens, voire d’être « gavés ». Certains animaux ne se nourrissent pas tout seul. J’observe la soigneuse emballer un oiseau blessé dans un tissu pour qu’il ne se débatte pas, le caler entre son ventre et la table, prendre un petit tube de graines dans une main, et essayer … essayer … essayer … de lui ouvrir le bec, sans lui abîmer. Il ne se laisse pas trop faire, mais finit par céder. La soigneuse prend alors grand soin de mettre les graines dans le bon « tuyau », le trou de respiration de l’oiseau étant à côté de celui des graines, il s’agit de ne pas le faire avaler de travers !

Du poussin congelé pour une chouette

Maintenant, direction la nurserie. Il est temps d’aller nourrir une petite chouette, qui, elle ne se satisfait pas de graines. Je vois alors la soigneuse sortir un poussin entier du réfrigérateur, le poser sur la table, prendre une petite boîte, des ciseaux, oh non … Le végétarisme m’a rendue sensible, on dirait. Comment peut-elle lui couper la tête et puis tout le reste du corps tout en continuant à nous parler, l’air de rien ? Bon, c’est normal, c’est même plutôt bon signe pour la chouette qui attend dans la nurserie, mais quand même … Le poussin ayant été congelé, il ne saigne pas…
A l’intérieur, la chouette a tout avalé avec délectation. A côté d’elle, bien au chaud dans des couvertures, j’aperçois un lapereau. Il fait la taille d’une balle de golf ! Mais tellement adorable.

44% des oiseaux remis en liberté

Comment tous ces animaux atterrissent-ils ici ? Ils sont soit apportés par les personnes qui les trouvent, ou alors ce sont des bénévoles qui vont les chercher après signalement. Certains sont donnés dans un des centres de dépôt de l’association (un à Nîmes, et un à Montpellier) en attendant qu’un membre de l’équipe puisse aller les chercher. Une fois l’animal parvenu à l’HFS, il est enregistré, et bénéficie d’un nourrissage et de soins quotidiens. Rapidement, il est diagnostiqué et vit ce qui est souvent sa première radio. Cela détermine si d’autres examens sont nécessaires, si une opération est nécessaire, ou dans le pire des cas … l’euthanasie. La voix de notre formatrice laisse exprimer la frustration de devoir euthanasier 7% des animaux récupérés. C’est peu, mais on ressent que c’est 7% de trop. Certaines blessures ne sont malheureusement pas soignables. L’équipe réussit tout de même à remettre en liberté 44% des animaux qui lui sont confiés, et en bonne santé !Contrairement à la plupart des centres de soins, celui-ci a la chance de disposer d’une vétérinaire bénévole habitant juste à côté. Celle-ci est allée se former directement aux Etats-Unis pour certaines techniques particulières de soins, comme la pose de broches en métal. Saviez-vous que la plupart des os des oiseaux sont creux ? Ils ont des « alvéoles » pour optimiser leur légèreté et faciliter le vol, ce qui les rend aussi plus fragiles. Peut-être une des raisons de la surreprésentation des oiseaux au sein de cet hôpital ?

Après la nurserie, c’est la visite des volières. Le centre dispose de plusieurs petites volières, pour les oiseaux en cours de guérison, et de deux grandes volières où ils peuvent déployer un peu leurs ailes avant la liberté ! A côté des volières se cachent 3 petits espaces dédiés aux mammifères. Un renard s’est terré dans un coin sombre, m’observant de son regard luisant. Plus loin, j’ai essayé en vain d’apercevoir les hérissons. Ils dorment dans un coin inaccessible pour mes yeux, impossible de voir leur petite bouille.

Un « oiseau pilote »

Dans une des volières se trouve un « oiseau pilote ». Ayant eu une blessure trop grave, il a dû être amputé d’une partie de son aile, et ne pourra plus voler, sentir le vent entre ses plumes. Adieu liberté chérie ! Cela ne doit pas être d’une grande consolation pour lui, mais son handicap a permis à l’association de le garder en son sein. Il est utilisé pour montrer aux stagiaires comment attraper un oiseau sans lui faire mal. Concrètement, on prend une couverture pour le recouvrir, et l’instinct de l’oiseau va alors lui ordonner de rester immobile. Une forme de self-défense étrange. Il faut tout de même rester attentif à ses serres. Une fois sous la couverture, on l’attrape soit par les pattes, soit par le ventre en restant attentif aux pattes, avec son dos orienté contre notre ventre.

Apprendre les becs d’oiseau

Au cours de la formation, il a également été enseigné à reconnaître les différents types de bec d’oiseau, permettant de savoir quel type d’alimentation leur fournir : plutôt des croquettes humidifiées si l’oiseau se nourrit de protéines animales, sinon des graines. Les mammifères préféreront les croquettes sèches. Dans tous les cas, peu importe l’animal, jamais de pain ni de lait ! Ce geste, malgré ses bonnes intentions, peut causer la mort de l’animal.

Pour l’attraper et le transporter, on essaye de couvrir la tête de l’animal, cela diminue son stress. Si c’est un oiseau, on peut lui accoler une bouillotte pour éviter qu’il entre en hypothermie, mais elle doit être entourée d’un linge afin de ne pas le brûler, tout en faisant attention à ce qu’elle ne l’écrase pas. Le corps d’un oiseau étant en moyenne à 41°C, même l’été à Montpellier, ils ont froid !

La trousse d’urgence

Pour finir, voici la composition de la trousse d’urgence spéciale animaux, à toujours avoir dans sa voiture : un carton plié pour le transport, une couverture polaire, une petite seringue pour l’abreuver, un peu d’eau, un échantillon de croquettes pour chats, un échantillon de graines, de la bétadine, une compresse, et une bande.

A l’issue de la formation, chaque apprenant repart avec sa petite seringue, un échantillon de croquettes, et une pince pour faciliter la nutrition ! La banquette arrière de ma voiture porte déjà un plaid. Il ne me reste plus qu’à constituer une petite trousse de pharmacie, à trouver un carton, et je serais préparée à trouver un petit animal blessé !

http://goupilconnexion.org/
Tél : 04 67 42 63 16
contact@goupilconnexion.org
Adresse : 720 Avenue de l'Europe, 34190 Laroque (à côté du Lidl)
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