Sa passion est une évidence qui commence tout petit petit. A cinq ans déjà, il ressent une fascination enfantine pour les écrivains et annonce à son entourage qu’il fera l’école des écrivains. « Je ne sais pas ce que ça représentait pour moi, mais il paraît que je disais ça. J’avais un grand cahier sur lequel tous les jours j’écrivais des poèmes, des mots… pour me raconter non pas ma vie, mais mes émotions » .
A l’adolescence, il compose des chansons qu’il ne sait ni interpréter ni jouer, mais qu’importe ! Une seule certitude, Lewis Chambard a de la musique dans la tête. Ses phrases chaloupent sur une mer d’émotion, de couleurs, de sensations. La première fois que j’ai entendu Lewis dire un poème lors du festival des Buissonnières en 2018, à Bédarieux, nous sommes tous restés fascinés par sa faculté à nous faire voyager au-delà des mots… dans une musique enivrante.
A 20 ans, ce poète à la tête d’ange et aux boucles châtains, passe de la pulsion de l’écriture à la quête. Ecrire devient une nécessité pour lui, sa santé mentale en dépend. « Si je n’écris pas pendant de longues périodes, parce que je dois gagner ma vie dans des boulots alimentaires, je me sens mal, je déprime, je ne sais plus où j’habite. » Il a besoin d’écrire pour poser les choses, pour savoir ce qu’il pense, ce qu’il ressent « ou pour expulser des émotions positives ou négatives qui sont trop envahissantes ».
Dans ses scénarios, il est toujours entre deux genres. Il joue avec les tons qui se mélangent, « qui sont un peu inclassables et tellement difficiles à imposer ». Il aime porter un regard sur l’invisible, l’ignoré. Dans son dernier scénario, un road movie dans la France profonde, il veut raconter le pays tel qu’il est dans son isolement et sa fragilité. Le politiquement correct le fatigue et le met en colère.
Lewis Chambard, c’est un écrivain engagé qui rêve de construire un monde meilleur, un monde de fraternité et d’égalité. Un monde où les générations se fondent, où les détenteurs d’un savoir aiment le partager. Un monde où le verbe n’est plus détourné au profit des puissants. Avec des Gilets jaunes, rencontrés en assemblée générale au début du mouvement, il vit « une expérience unique ». « Il y a tous les âges et on vient de tous les horizons. On se voit quasi tous les jours, on cultive un terrain ensemble. On part pour des années d’aventure. Parmi nous, il y a des gens qui ont une connaissance infinie de la terre et de la permaculture, des gens qui connaissent la géographie, des tronches en histoire. On a tous des boulots de merde, chômeurs, précaires, mais à nous tous, on sait analyser des problèmes, on sait y répondre. Pas besoin de technocrates ! »
Le 23 mars, à Premian, là où passe la ligne de partage des eaux, en plein cœur du Haut Languedoc, Lewis finira sa performance avec un poème qui débute par un cri de colère et, vers après vers, se dirige vers une émotion plus douce. « J’espère que cela résonnera beaucoup plus qu’un discours. »
Samedi 23 mars à 20h30 dans le cadre de la manifestation « Poésie pour un jour et une nuit » -11 heures de poésie- à Premian. Rens : 0680676551.
Crédit photos : Corinne Hyafil, Sylvia Acero.