Agnès Varda est morte, le mois dernier. L’hommage de Françoise Wilder qui a revu « Les plages d’Agnès », son auto-documentaire sur les plages qui ont marqué son existence (2008), notamment Sète. Elle s’y met en scène au milieu d’extraits de films, d’images et de reportages.
J’y vais accompagnée d’un proche qui n’a pas choisi d’y aller mais qui « veut bien. » À la sortie, je m’inquiète de son sentiment sachant qu’il a souvent l’impression d’avoir « perdu son temps. »
-« Ah, non ! C’était bien. C’était spirituel. Et sensible. »
Ça me suffit. C’était spirituel et sensible. J’ai quelques balais de moins que Mme Varda et me range volontiers dans le placard -ou la cour- de son autorité en la matière. Madame Varda 80 dit : « On s’est bien amusés pendant la guerre. » Elle est à Sète avec frères et sœurs et maman qui ne sait pas nager et que les temps effraient.
Madame Varda 80 laisse entendre sur fond de Bobigny années 60 : « On a bien ri. » Elle dit aussi qu’à la fin des années 80 : « on s’est retrouvés » -elle et Jacques Demy, son mari homosexuel, mort du sida en 1990. Agnès laisse entendre qu’elle a envié d’autres couples, que le bonheur serait un sans faute, sinon, sans sentiment de culpabilité. Je me souviens comment nous voulions l’éradiquer, ce sentiment ; lui tordre le cou.
Agnès ne se force pas : elle filme ce qui passe. Et ce qui passe dure pas mal de temps. Comment cette femme a-t-elle vécu le temps d’avant les retrouvailles avec Jacques mourant, alors qu’elle aborde la soixantaine ? Comment s’étaient-ils perdus ?
Le « perdu », on le sait, était connu dans les back rooms. La « perdue » j’imagine, était comme Jonas dans la Baleine, ou bien naviguait-elle fièrement à voile latine.
À la mort de Jacques Demy sa petite radio, dans la cour de la rue Daguerre, nous murmure à l’oreille et nous jette à la figure : « Jésus, que ma joie demeure. ».
Elle paraît suivre le mouvement, Agnès, mouvement de l’exode, des vagues, du couple, des femmes, de la demande, de la famille, des 80 balais.
« À reculons », dit-elle.
Là nous sentons son ascèse. Elle va, « à reculons », et saute du train des héroïnes féministes. Que sa joie demeure ! Je ne lui demande aucun compte. Quitus !
-« Ah, non ! C’était bien. C’était spirituel. Et sensible. »
Ça me suffit. C’était spirituel et sensible. J’ai quelques balais de moins que Mme Varda et me range volontiers dans le placard -ou la cour- de son autorité en la matière. Madame Varda 80 dit : « On s’est bien amusés pendant la guerre. » Elle est à Sète avec frères et sœurs et maman qui ne sait pas nager et que les temps effraient.
Madame Varda 80 laisse entendre sur fond de Bobigny années 60 : « On a bien ri. » Elle dit aussi qu’à la fin des années 80 : « on s’est retrouvés » -elle et Jacques Demy, son mari homosexuel, mort du sida en 1990. Agnès laisse entendre qu’elle a envié d’autres couples, que le bonheur serait un sans faute, sinon, sans sentiment de culpabilité. Je me souviens comment nous voulions l’éradiquer, ce sentiment ; lui tordre le cou.
Agnès ne se force pas : elle filme ce qui passe. Et ce qui passe dure pas mal de temps. Comment cette femme a-t-elle vécu le temps d’avant les retrouvailles avec Jacques mourant, alors qu’elle aborde la soixantaine ? Comment s’étaient-ils perdus ?
Le « perdu », on le sait, était connu dans les back rooms. La « perdue » j’imagine, était comme Jonas dans la Baleine, ou bien naviguait-elle fièrement à voile latine.
À la mort de Jacques Demy sa petite radio, dans la cour de la rue Daguerre, nous murmure à l’oreille et nous jette à la figure : « Jésus, que ma joie demeure. ».
Elle paraît suivre le mouvement, Agnès, mouvement de l’exode, des vagues, du couple, des femmes, de la demande, de la famille, des 80 balais.
« À reculons », dit-elle.
Là nous sentons son ascèse. Elle va, « à reculons », et saute du train des héroïnes féministes. Que sa joie demeure ! Je ne lui demande aucun compte. Quitus !