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Simon Boccanegra : le grand retour du kitsch

Conçu dans l’urgence puis remanié dans une deuxième version donnée ici , cet opéra sombre et intimiste proposé à l’Opéra-Comédie, offre une intrigue complexe, relookée par David Hermann qui choisit ici une mise en scène kitsch aux interprétations capillotractées.

Retour vers le futur

Utilisant des décor somptueux et ingénieusement mobiles, le metteur en scène nous propulse dans des époques très datées : veut-il rendre ainsi l’idée de l’Italie éternelle chère à Verdi ? Le voyage dans le temps est parfois déroutant : le jeune Adorno peut ainsi troquer son habit Renaissance pour les cothurnes d’un légionnaire romain avant de revêtir un blouson de cuir. La révolte de Gênes se règle en Sainte Cène , version Léonard de Vinci, d’un ridicule consommé, le tout surmonté d’une vierge Marie niaise à souhaits, digne d’un ex voto de Pierre et Gilles. Inutile de s’arrêter sur le pistolet pointé sur l’héroïne qui chante « lâche ce poignard » et les cabines téléphoniques apparues dans un quatorzième siècle d’opérette ……pas loin d’un extincteur.

Des spectres et des voix

Au milieu de ce parti pris un peu foutraque qui déclenche ça et là des rires, un spectre passe … mais d’excellents acteurs aussi ! Dans le rôle titre, Giovanni Meoni traverse sans encombres les incongruités de la mise en scène et brosse le portrait d’un doge plein de puissance mais aussi de subtilité . Par son jeu scénique, Myrto Papatanasiu provoque l’émotion et donne beaucoup de fougue et de crédibilité à son personnage sauf sans doute déguisé en vierge Marie pour bluettes … Son interprétation est musicale malgré un timbre parfois étriqué et un vibrato très présent qui s’estompe au fil des actes.

Deux jeunes talents

Révélation de la soirée le baryton Léon Kim incarne de son timbre profond et éclatant un traître Paolo à la présence incontournable. La voix du ténor Vincenzo Costanzo n’est pas toujours homogène, certaines fois puissant et large, son timbre devient parfois métallique et le serrage se profile ponctuellement. Son incarnation d’Adorno est cependant très crédible et nuancée. Ovation pour Jean Teitgen dont la tessiture impressionnante sert un Jacopo Fiesco dense et bouleversant.

Un applaudimètre au maximum

Il l’a bien mérité, ce tonnerre d’applaudissements ! Le chef Michael Schønwandt conduit, une fois de plus, l’orchestre national Montpellier Occitanie avec la finesse et l’énergie nécessaire pour un résultat bluffant : c’est éclatant, brillant, lumineux mais avec la volupté de la noirceur ; on glisse même sur les moments d’écriture moins soignés pour replonger dans une grande unité musicale. Succès partagé avec les chœurs de Noëlle Gény, des pupitres rajeunis et bien équilibrés offrant à l’œuvre une cohésion pleine d’allant.

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