Cette femme assise en pleine rue était l’une des 100 œuvres les plus photographiées de la Zat 2019, qui préfigure l’ouverture du MoCo, le centre d’art contemporain, le 29 juin. Sa tête a été littéralement enlevée, laissant un tronc assis sur le sol. Structure en aluminium, réalisée par la prestigieuse artiste grenobloise Lili Reynaud-Dewar, à partir d’un moulage de son corps, elle était l’une des 3 œuvres pérennes de la manifestation : elle a fait l’objet d’une commande municipale pour subsister sur son site, place de Strasbourg.
Directeur des expositions au MoCo, Vincent Honoré s’est dit « ému et attristé ». « On peut parler d’un acte de vandalisme. Je me suis rendu très vite sur le site pour constater les dégâts. La tristesse des habitants du quartier était réelle. Nous avons évidemment prévenu tout de suite l’artiste et envisagé avec elle une restauration puis une ré-installation de l’oeuvre. Nous avons un temps envisagé de la laisser telle quelle mais avons abandonné cette hypothèse… Lili Reynaud-Dewar a eu une réaction mûre et rationnelle. Elle était au courant des risques mais n’imaginait pas à ce point… C’est un acte violent mais pas irrémédiable. Il faut voir avec la fonderie si un éventuel défaut a pu permettre d’enlever la tête d’une sculpture en aluminium. Par ailleurs, il y a une caméra de vidéo-surveillance sur le site et nous en saurons bientôt davantage. Le fait que cela ait eu lieu le soir de la Fête de la musique nous laisse envisager un acte de pure bêtise. La Ville a d’ailleurs porté plainte. Nous avons beaucoup pensé à la Petite Sirène de Copenhague, elle aussi, décapitée. Cette sculpture de la place de Strasbourg est désormais notre Petite Sirène à nous… Faut-il y voir un aspect symbolique ? S’agit-il d’une revendication contre l’art contemporain, ou sexiste, frappant une représentation de femme, qui avait déjà été dépouillée de son collier, de son téléphone et de la anse de son sac ? Ce ne sont pour l’heure que des spéculations…«