Dans son essai, l’écrivain tente de redéfinir la masculinité qui compile depuis des siècles, virilité et domination entérinant une injustice de genre dans toutes les sphères sociales, de la famille à la sexualité en passant par l’entreprise, la religion, la politique, le langage…
Aux combats féministes menés depuis les dernières décennies, toujours à poursuivre, pour une égalité juridique, mais aussi politique, économique, sociale, s’est ainsi ajoutée une lutte pour une égalité des désirs et de leurs expressions. Pendant ce temps, que font donc les hommes, que disent-ils, que pensent-ils ? Car c’est bien à l’émancipation des femmes et au féminisme que l’on attribue le malaise identitaire au masculin…
S’interroger sur les inégalités de genre est une tendance actuelle. Le parti pris d’Ivan Jablonka n’est pas de retracer ce qui a déjà eu lieu, mais de redéfinir une morale du masculin. L’auteur va jusqu’à introduire une forme de normativité, de jugement pour mettre en place une éthique masculine : « Qu’est-ce qu’un mec bien aujourd’hui ? Qu’est-ce qu’un bon conjoint ? un bon père ? un bon manager ? un bon médecin ? Ce sont des questions qu’il ne faut pas hésiter à poser, publiquement, même si elles sont parfois douloureuses… Nous avons besoin d’inventer de nouvelles masculinités, annonce Ivan Jablonka : des hommes égalitaires, en rupture avec le patriarcat, épris de respect plus que de pouvoir. »
L’historien, qui se définit lui-même comme féministe, prend part au débat sur l’égalité mais reconnaît aussi ne pas toujours faire juste. « Lutter contre le patriarcat en tant qu’homme, c’est souvent lutter contre soi-même » dit-il.
À rebours des lamentations sur le déclin du mâle, une réflexion optimiste qui montre que l’ébranlement du pouvoir viriliste est une bonne nouvelle pour la démocratie.
Êtes-vous prêts à devenir un mec bien, un vrai ? Ancien élève de l’École normale supérieure et professeur d’histoire à l’université Paris 13 (Sorbonne Paris Cité). Yvon Jablonka est rédacteur en chef de laviedesidees.fr et codirecteur de la collection « La République des Idées » au Seuil. Et auteur d’essais et de romans. Parmi ses dernières publications : « Camping-car », « Lætitia ou la fin des hommes » (Prix Médicis 2016) et « Le corps des autres » aux éditions du Seuil. Cet essai de 448 pages est publié au Seuil également (22.00 €).
L’avis de Marianne, lectrice
Lors de la rencontre à la librairie Ombres blanches, nous avons rencontré Marianne. Elle nous a envoyé ensuite ce mot :
« Les stéréotypes de genre ont la dent dure. Les gouvernements ont une responsabilité importante, la société toute entière perpétue toujours les inégalités entre les hommes et les femmes. Encore aujourd’hui, les inégalités touchent majoritairement les femmes : chômage, précarité, bas salaires, différence de traitement dans la santé, violence … Je trouve qu’il y a toujours une euphémisation des souffrances féminines.
Les hommes se demandent ce qu’ils voudraient devenir maintenant que les femmes sont autonomes et de plus en plus responsables de leur propre vie voire survie. Ne pensez-vous pas que chacun doit trouver sa place en fonction des attentes de l’autre ?«