Les stars mondiales de la breakdance font monter la fièvre à Montpellier

18 crews venus de 18 pays se sont affrontés devant 8000 personnes à l’Arena ce samedi, assistant au sacre des représentants français Last Squad. Hubert Vialatte a rencontré Lil Mamiet, une chilienne de 36 ans, qui a gagné la compétition féminine, la veille au Rockstore. Retour en images signées Little Shao.

« Vous êtes trop calmes pour le hip hop! Je veux voir tout le monde danser », scande l’animateur, en ouverture du 30e Battle of the Year, une des plus importantes compétitions mondiales de break (ou breakdance) organisée samedi soir à Montpellier. Dans la salle, équipée d’écrans géants zoomant sur les prouesses des danseurs venus des quatre coins du globe –Corée du Sud, Etats-Unis, Chili, France…– les spectateurs lèvent les bras et se mettent à bouger en rythme. S’inspirant de leur idoles sur scène, des adolescents, regroupés en cercles, dansent à même le ciment de la fosse, à tour de rôle. « Quand je danse, c’est comme de l’adrénaline qui entre en moi », lâche Ludovic, 13 ans. Des parents sont venus avec leurs enfants pour voir les « crews » (équipes de danseurs) parmi les plus performantes du monde.

Jeux de jambes, écarts de bras, mouvements acrobatiques, fluidité des gestes, efficacité des combinaisons collectives : rien n’échappe aux membres du jury, installés sur la scène, à moins de cinq mètres du théâtre des « battle » (duels), au cours desquelles deux équipes s’affrontent pendant 10 minutes au son tonitruant de la musique breakbeat.

Né aux Etats-Unis dans le quartier du Bronx au début des années 1970, le « breakdancing », adapté en France en « breakdance » et désormais « break » est une des composantes de la culture hip hop. « Chaque battle est une improvisation, où les équipes se répondent », explique Thomas Raymond, 49 ans, directeur de l’association Attitude, organisateur de l’événement. « Ce qui fait la différence, c’est la justesse de la réponse. Il peut y avoir de l’originalité et de la personnalité. Il n’y a pas de figure imposée », ajoute-t-il. En quart de finale, après qu’un breaker américain a multiplié les contorsions sur scène, les danseurs français ont choisi de répondre collectivement, en formant une pyramide, ce qui a suscité l’admiration du public et emporté la décision du jury.

Une maman chilienne primée

« La magie du break, c’est que l’on peut reconnaître un pays à son seul style », ajoute Mounir Biba, 35 ans, neuf fois champion du monde de break, membre du jury et consultant de la discipline pour les Jeux Olympiques de Paris en 2024. Il évoque une « French Touch », qui permis à l’équipe française d’être sacrée, en finale, face à la Corée du Sud. « Les nations qui cartonnent sont historiquement la France, les Etats-Unis, la Corée du Sud, la Russie et puis des nations émergentes comme la Chine, le Brésil, Taiwan », poursuit Mounir Biba. Le Japon a aussi « explosé ces 10 dernières années », souligne-t-il. Pour promouvoir la culture break, l’association Attitude mène des programmes d’accompagnement en Amérique du Sud, où le mouvement émerge.

Une Chilienne, Lil Mami, 36 ans a été sacrée B-Girl (meilleure performance individuelle) vendredi soir (un show féminin précédant la grande soirée du 27 à l’Arena). « La culture hip hop est pour tous. Surtout pour les enfants parce que ça peut les sortir d’un tas de problèmes sociaux, comme les drogues ou les fugues« , insiste cette danseuse au moment où le Chili est secoué par des manifestations de masse contre les inégalités sociales. Partie en Europe juste avant le déclenchement de ce mouvement de contestation, elle plaide pour que la société inclue davantage le hip hop au lieu de le considérer comme marginal.

Mounir Biba acquiesce : « Le breakdance ne coûte rien. Il a commencé dans la rue et aujourd’hui, il se retrouve dans les plus grandes scènes mondiales, jusqu’à atteindre les Jeux Olympiques. Donc c’est un parcours inspirant qui permet à cette jeunesse de vraiment prendre de la force ». Lil Mami encourage aussi les femmes : « Je suis mère de deux enfants, âgés de 18 et 7 ans. Beaucoup de femmes arrêtent de danser quand elles ont des enfants. J’ai été maman très jeune et j’ai continué ».

Par Hubert VIALATTE et Chloé FABRE pour l’AFP.

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