Générosité et métissage des générations à l’Opéra Berlioz pour le très euphorisant Safari symphonique de Manu Dibango avec l’Orchestre national de Montpellier.
La mixité est à l’ordre du jour à l’Opéra Berlioz de Montpellier : un public très rajeuni, venu d’horizons divers bruisse d’impatience dans un Corum plein à craquer. Le maître de cérémonie, le célèbre saxophoniste et chanteur Manu Dibango, se déplace en grande pompe pour un mariage d’amour entre les musiciens de sa formation le Soul Makossa Gang et les musiciens de l’orchestre de Montpellier dirigés par Gwennolé Rufet (« révélation chef d’orchestre » de l’Adami en 2010).
Six décennies de musique et toujours l’envie d’innover
Le projet de ce Safari symphonique ambitionne une alliance entre toutes les inspirations habituelles du musicien : musique africaine, jazz et gospel avec des accents plus classiques et des sonorités d’instruments d’orchestre symphonique.
La sauce prend très vite : un peu de salsa, de biguine et de maloya, les sons graves et chauds de jazz bien soutenus par une basse et un batteur d’exception, voilà que rester assis devient un supplice : le corps a ses raisons que le rythme n’ignore pas. Tantôt tapis sonore, tantôt en premier plan, l’équilibre est plus délicat à trouver pour l’orchestre : les cuivres plus habitués aux formations de jazzband sont d’emblée dans le tempo des syncopes et des contretemps, les cordes plus réservées finissent par trouver un esprit swing, très Glenn Miller.
Trop court !
Emporté par les rythmes et les voix de Valérie Belinga et Isabel Gonzalez, les deux chanteuses du groupe, le public en redemande mais sans doute en raison des années au compteur de papa Dibango, le concert s’arrête après une heure et demie d’un rythme haletant : un minuscule rappel qui ne comble pas un public assoiffé de sons,qui scande dans les coursives des refrains espérant (en vain ) le retour des musiciens.