Partie faire un trek d’une semaine au Maroc avec le Club alpin français de Béziers, elle vivait une décompression totale dans un univers de rêve jusqu’à ce qu’elle se retrouve coincée, depuis samedi, à Marrakech dans un Maroc qui se ferme.
« Nous étions dans le désert un peu coupés du monde. Il fallait monter sur des dunes pour avoir du réseau, bien loin de la réalité qu’on allait se prendre en pleine figure vendredi soir, après dix heures de jeep. Arrivés à Marrakech pour reprendre notre avion samedi matin, nous avons appris que plus aucun avion ne décollerait. Nous sommes quand même allés samedi à cinq heures du mat’ à l’aéroport. Tous les vols pour la France étaient annulés et nous étions des milliers à vouloir partir. Avec le groupe du CAF, on a pensé prendre un avion pour un autre pays parce qu’il restait des départs pour Londres, Madrid ! Mais à mesure tout était annulé. De toute manière une fois arrivé à Madrid on n’aurait pas pu aller plus loin.»
Un consulat fermé
« Nous sommes allés deux fois au consulat : personne. Fermé. Nous y sommes retournés lundi matin. Nous étions très nombreux devant les portes. Ils nous ont demandé de remplir un papier. Il y a des gens qui ont voulu avoir plus d’infos. Les personnes du consulat se sont énervées, ont déchiré les papiers qu’on avait remplis, fermé le rideau de fer et basta. Il ne nous restait plus qu’à lire la seule affiche collée sur le mur ».
Après discussions entre la France et le Maroc, l’aéroport a réouvert dimanche. Depuis, les vols programmés ont recommencé à décoller. La France a promis de rapatrier les français coincés au Maroc, Emmanuel Macron a même évoqué la situation dans son allocution de jeudi ainsi que sur Tweeter samedi et dimanche. Le ministre des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, a twitté qu’une quarantaine de vols devaient opérer entre dimanche et lundi. Mais hier, Véronique et son groupe cherchaient toujours et sans aucun succès des billets pour rentrer.
Abandonnés malgré la promesse de Macron
« Le gouvernement nous dit qu’il nous enverra des « rapatriements commerciaux » ce qui veut dire qu’ils nous demandent de trouver nous mêmes des places sur les vols qui étaient déjà programmés. Il y a peut-être dix ou vingt places qui restent pour des milliers de personnes qui attendent, c’est impressionnant. De temps en temps, l’un de nous trouve un billet sur internet mais, au moment de payer, il n’y en a plus. Amis et familles essayent de nous en acheter depuis la France mais ils n’ont pas plus de chance que nous. Lundi, la police marocaine ne laissait entrer dans l’aéroport que les gens qui avaient des billets pour éviter cohues et bagarres. Hier matin, l’entrée était libre mais il y avait des queues impressionnantes et on sent que la pression monte. La police nous a interdit de faire des photos. Ce qui est terrible, c’est que le gouvernement parle de rapatriements commerciaux mais il n’y a rien. A force de patience, une amie a eu l’ambassade au téléphone et la réponse est toujours la même « il vous faut trouver des vols sur internet, pas de rapatriement prévu. C’est complètement contraire à ce qu’on vous dit en France. C’est terrible. On espère qu’au dernier moment ils vont nous envoyer des avions mais on n’y croit plus…»
Les Marocains nous appellent « les Corona »
« Jeudi à minuit, si rien n’est fait, nous resterons bloqué à Marrakech jusqu’à nouvel ordre. Dans la ville, tout est en train de fermer : restos, boutiques etc. Le Maroc annonce 37 cas de contamination au Covid-19 dans le pays mais s’ils bouclent tout, c’est qu’il doit y en avoir beaucoup plus. A Marrakech, les gens pensent que le virus a est arrivé de France. Dans la rue, ils nous appellent « les Corona ». Heureusement, on a la chance d’avoir notre guide du désert : un marocain sensationnel qui s’occupe merveilleusement bien de nous et nous a installés dans un hôtel où nous sommes les seuls clients… Aujourd’hui, oubliée la décompression totale du désert, on nage dans un stress, total lui aussi».
« Macron un avion ! » Un reportage de France Bleu Hérault sur ces Français bloqués au Maroc avec une vidéo clandestine, la police marocaine ayant interdit de filmer et de prendre des photos.
MOn tons un comité de soutien
Sylvie, on a appris ce soir qu’elle avait trouvé un billet d’avion !