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L’équipage sétois sous les sunlights des tropiques

L’équipage sétois de Sandrine Locci, Jean-Luc Tolleter, et leur fils, parti pour un périple en mer Sète-Ushuaïa, soutenu par Planète en commun, se trouvent actuellement à Búzios, ancien petit port de pêche de l’État de Rio de Janeiro au Brésil, popularisé par Brigitte Bardot…

 

Décidément tout fout le camp. A Buzios, BB (2) était seule face à l’océan comme une Mafalda les jours de pluie à San Telmo (3). A Vitoria, le monde ne s’était pas arrêté de tourner pour autant (4). Et juste après, ce sont les 20è (5) qui se sont transformées en psychopathes sans crier gare. Un vent à décorner les rostres, des vagues de marseillais et trop de douches à l’eau de pluie dans notre citerne (6). Pour un peu, on regrettait les 40è, plus franches du collier sur ce coup-là. En culotte de maillot de bain, trempés comme des soupes, dans une nuit noire à gueuler dans les manœuvres comme des putois pour espérer s’entendre dans le vent, les caphorniers se sont faits moucher dans les tropiques. Comme dit Isabelle (7), « la mer a le temps ; il faut tenir jusqu’à ce qu’elle change de fantaisie ». Bien vu. On a donc tenu faute de pouvoir faire autre chose. En mode, demain sera un autre jour. La compétition de Uno a été reportée sine die et on a passé les vestes de quart sur nos Marcels.

48h dans un shaker

Au titre des concessions avec les éléments, on a aussi accepté de manger et dormir 48h dans un shaker. Sans alcool. Pas nécessaire pour avoir la tête à l’envers. Une expérience de l’inconfort mais qui a des fois le mérite de donner plus de relief à celles qui suivent. Bingo. Quand l’océan est redevenu aimable, c’était comme un dimanche ensoleillé, jour de douche, de lessive et de marché. Le bleu s’étalait à perte de vue, bien au delà de nos espérances et de notre imaginaire. Et nous étions désormais les otages volontaires d’une mer bienveillante et généreuse. A midi, on a hésité entre coryphène et thon mais comme le big fish (8) nous a fait faux bond, on s’est rabattu sur des shashimis. Après ça, la mer a encore fait sa coquette, en coupant le ventilo. C’était moins cool. Trop chaud, pas assez de vent, trop lent, trop de moteur. Ça nous a donné un sujet de discussion.

La belle insouciance des dauphins

Heureusement, il n’y avait personne pour nous plaindre. Le débat a tourné court et un bain par 3000 mètres de fond (9) nous a rafraîchi les idées. Et avant la nuit, les grands dauphins noirs qui ondulaient dans l’eau au rythme du voilier nous ont communiqué leur belle insouciance. Puis, Jean-Luc et moi avons réglé nos réveils pour ne pas louper le train de nos quarts (10) et sous le plus grand planétarium du monde, je me suis remise à penser. Comme souvent ces derniers temps, j’ai imaginé ma mère penchée sur sa machine à coudre, mon père lisant son journal et toutes celles et ceux, nombreux, que j’ai quitté depuis trop longtemps maintenant. Qu’ils sachent que la nuit sur l’Atlantique, je pense à eux.

Nous sommes vendredi 24 avril 2020 et il est 12h41. Tout va bien à bord du Luna Blu qui arrivera cette nuit à Jacaré, dernière escale en Amérique du Sud avant de retraverser l’Atlantique.

(1) Titre emprunté au chanteur Gilbert Montagné.
(2) A Buzios, où le Luna Blu a fait escale il y a un an et ces dernières semaines, une statue de Brigitte Bardot fait attraction sur la plage. Habituellement un spot touristique très prisé, Buzios était une cité balnéaire désertée lors de cette seconde escale. 
(3) A Buenos Aires, c’est la statue de Mafalda qui fait attraction dans le quartier des antiquaires de San Telmo. 
(4) Au Brésil, le confinement étant à géométrie variable, certaines villes comme Vitoria ont maintenu un grand nombre d’activités. 
(5) Latitudes 20.
(6) Sur cette traversée, nous avons transformé notre annexe en récupérateur d’eau de pluie pour les douches et la vaisselle, nous permettant d’économiser notre précieuse ressource en eau douce tout en faisant de notre toilette un intense moment de plaisir à l’avant du voilier, seuls avec l’océan.
(7) Isabelle Autissier dans « Salut au Grand Sud », co-écrit avec Erik Orsenna.
(8) Presque sortie du film de Tim Burthon, cette coryphène estimée à une vingtaine de kilos a résisté malheureusement à l’endurance de Jean-Luc. Après trois heures d’effort et de patience, la ligne a cassé à 10 mètres seulement du Luna Blu. Heureusement, un thon plus petit est passé par là quelques heures plus tard.
(9) La baignade en haute mer quand le vent est nul et la mer tel un lac est une expérience inoubliable. Toujours reliés au voilier grâce à un bout et un parbatage, les baigneurs sont aussi placés sous la surveillance d’une personne restée à bord.
(10) A deux, nos quarts sont d’une durée de 3 à 4 heures, à partir de 20h et jusqu’à 7h. Au programme, veille extérieure, contrôle du cap, réglages des voiles et manœuvres en fonction de la vitesse du vent et du secteur. Si la nuit est calme, on peut aussi lire, écrire, manger, se gaver d’écran sans réseau… et même fermer un œil quelques minutes !

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