Rencontre avec Prosper Smith, chanteur et showman du groupe.
Confinement oblige, la sortie de Mutation a été virtuelle !Nous avons enregistré l’album l’an passé et nous devions faire la sortie à la Dynamo durant le festival Banlieue Bleue, le 19 mai. Mais, comme pour tous les groupes, partout dans le monde, les concerts ont été annulés. Nous devions être au Canada début juillet et une grosse tournée en France et en Europe était programmée pour la sortie de l’album. Les seules dates qui ne sont pas annulées sont au mois de septembre.
Vous avez organisé des live at home ?
Oui, pendant le confinement, on a été sollicités pour participer à Don’t go viral, un concours lancé par l’Unesco. On a choisi de réaliser un clip sur No waiting, un morceau où le chanteur et saxophoniste Seun Kuti, le plus jeune fils de Fela, était notre invité. Chacun a joué sa partie chez lui puis on a envoyé le montage et gagné le prix du meilleur audio. Dans cette période difficile, ça a été un bon lancement pour notre album.
Les frères Smith, un collectif de frères ou d’amis ?
Le collectif existe depuis une vingtaine d’années. C’est parti d’un groupe d’amis puis d’autres musiciens ont rejoint le projet en cours de route. Je suis venu comme chanteur pour faire le show, il y a dix ans, après le départ de Christofolly. Aujourd’hui, nous sommes deux chanteurs depuis que Swala Emati s’est jointe à nous.
Tony Allen, ce merveilleux musicien, mort le 30 avril, était l’invité de votre 1er album.
Oui, c’était un régal de jouer avec lui. Et une chance incroyable pour nous que ce batteur mythique, l’un des créateurs de l’afrobeat, ait été à Paris quand on a fait notre disque. Notre dernier concert avec lui était en novembre 2019 pour la « Felabration ». Un événement qui a lieu chaque année pour célébrer le grand Fela Kuti.
Mutation, un voyage aux confins de l’afrobeat !
Les styles de ce nouvel album sont très variés mais on reste toujours dans le côté afro avec une présence très marquée des cuivres et des cocottes de guitare. Friands de mélanges, on navigue à la frontière de plusieurs genres comme dans « Siting in the dark » où Swala Emati, dans sa manière de chanter, surfe sur le hip hop, un mouvement culturel passionnant.
Dans le morceau « Ecolo Assiko », on a mélangé un rythme assiko, un rythme du Cameroun, avec du Seben, une tournerie d’Afrique centrale, plus exactement du Congo. On y parle de nous et de l’écologie, de tous les problèmes autour du non respect de la planète en Afrique comme en France. « Ecolo assiko touchez pas à mon magot ! La corruption à gogo, on est mené en bateau. Réveillez-vous, on va marcher toujours plus loin, toujours plus fort ! »
Comme pour la musique, les textes sont collectifs ?
Non, Swala Emati et moi, on écrit chacun nos textes. La musique, elle, est une création du collectif. La plupart du temps, on travaille nos textes sur la musique une fois qu’elle est composée. Il arrive aussi qu’on avance au fur et à mesure que la musique s’élabore. Dans cet album, pour la première fois, on chante en français.
Swala et moi, on a une approche différente des textes. Elle écrit plus autour de la vie quotidienne alors que moi, je suis très en phase avec l’engagement politique d’un meneur comme Fela. Dans cet album, je suis allé encore plus dans cette direction, comme dans No talk talk, un hommage à Thomas Sankara, icône anticolonialiste africain (photo ci-dessous : Swala et Prosper au chant)
Vous êtes un collectif multiethnique ?
Sur les onze membres, il y a un melting pot impressionnant. Moi je suis camerounais. Je suis né dans le littoral pas très loin de Douala; j’en suis parti il y a une vingtaine d’années. Swala est originaire du Congo mais elle est née ici. Dans le collectif, il y a des Guadeloupéens, Martiniquais, Malgaches, Français d’origine etc. Chez les Frères Smith, c’est l’esprit de la fête, l’esprit de famille aussi… Une famille sans frontière !
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