LOKKO : Emmanuel de Roquetaillade, vous avez organisé une série de « Sessions à la maison » durant le confinement. Quelque chose de parfaitement inédit pour vous et pour France Bleu ! Un concert par soir sur plusieurs semaines !
Emmanuel de Roquetaillade : Ah, oui, complètement nouveau ! C’est vrai que migrer sur Facebook tous les soirs, comme nous l’avons fait, était totalement inédit. Le concept était de mettre en lumière le maximum d’artistes régionaux. Et donc cette cadence infernale s’est imposée, si nous voulions y arriver.
Comment s’est fait le choix des artistes ?
J’ai d’abord fait appel à des artistes que je connaissais bien comme Emmanuel Pi Djob, Eli sur la Lune ou Pascal Corriu. Ils ont vraiment joué le jeu. Je n’ai pas eu besoin d’aller chercher tout le monde sauf quelques exceptions comme Florian Brinker que je tenais à avoir pour la cinquantième session à la maison. Au début, il n’était pas convaincu mais il s’est mis au boulot et nous a livré quelque chose d’extraordinaire. Dès le départ, ça s’est su rapidement dans le milieu musical et à partir de là, j’ai reçu beaucoup de propositions et tenté de proposer une programmation cohérente, mêlant styles et sensibilités différentes. Il y a eu deux sortes d’artistes : ceux qui ont profité du confinement pour créer, quasiment au quotidien. Et ceux qui l’ont plus mal vécu, qui sont un peu restés dans leur caverne, et que notre initiative a réveillés !
Comment ont-ils vécu la privation du public ?
Ils n’avaient pas trop le choix ! Même si, pendant ces Live Stream, les auditeurs se manifestaient par des réactions, des commentaires, des Like, on sent, évidemment, que la plupart des artistes ont envie de rejouer devant du vrai public ! C’est clair !
Certains ont livré des productions très léchées, d’autres étaient plus roots ! Pas mal ont du vivre des casse-têtes techniques ?
Quelques-uns avaient une maîtrise totale de l’ensemble des outils, y compris la vidéo. Ils ont produit un travail dédié, sophistiqué, parfois exclusif . D’autres ont filmé avec un simple téléphone et un son de moins bonne qualité mais ceux-là, je n’ai pas eu envie de les exclure car ils ont fait le job ! Et ils ont beaucoup appris ! Cette période a permis à l’ensemble des personnes qui travaillaient sur le projet de s’initier à de nouveaux outils.
Ces sessions ont été aussi une vitrine de la scène musicale locale, de sa diversité, de sa vitalité même.
Nous avons fait plus de 70 sessions en 3 mois, ce qui représente environ une centaine d’artistes dans une diversité étonnante. On a programmé des DJ’s ce qui était un peu nouveau pour nous ! Exceptée la scène hip hop, qui a ses propres réseaux et n’était pas là…, j’ai essayé d’inclure tous les styles musicaux. On peut dire qu’il n’y a jamais eu autant de diversité dans la scène locale. Ce qui manque un peu , c’est un ou deux artistes avec une notoriété nationale pour que la scène montpelliéraine soit reconnue. Mais la diversité et la qualité sont là. Il n’y a plus qu’à ! Et je pense que, dans les mois à venir, des groupes comme Deleo ou The French Touch NZ vont émerger. Ils ont les moyens de percer nationalement.
Ces sessions vous ont-elles appris quelque chose sur cette scène locale ?
Qu’elle avait besoin des médias. Pour beaucoup, cette proposition a été un moment-clé. Tous les artistes n’ont pas accès aux médias. La plupart en étaient enchantés, ça m’a frappé.
Les « Sessions à la maison » est une formule née du confinement. Pourquoi l’avoir pérennisée ?
On ne s’est pas arrêté au 11 mai car les salles de spectacle, elles, ne rouvraient pas ! Il fallait continuer même en diminuant le rythme. Aujourd’hui, on est à 3 concerts par semaine au moins jusqu’à la fin du mois. Après on verra… C’est un concept à retenir.
Vous organisez aussi une Fête de la musique en ligne cette année ?
Ce samedi 20 juin de 20 à 23h, on propose un Facebook Live avec les meilleurs moments de nos Sessions à la maison + un mini-set exclusif de 4 artistes avec The French Touch NZ, Que Tengo (de la cumbia), Giramundo (reggae et wolrd music) et ADG dans un univers plus pop. Ensuite de 22 à 23h, ce sera le DJ Chris Merlyn. Cette fois, les concerts seront retransmis simultanément sur l’antenne de France Bleu Hérault. C’est encore une première !
« Session à la maison » avec Deleo, le 22 mai.
Fête de la musique en Live sur France Bleu Hérault, ce 20 juin.
Soirée Spéciale samedi 20 : #NouvelleScène avec France Bleu Hérault sur l’antenne (100,6 FM) et sur la page Facebook de la radio de 20 à 23h.
Avant un DJ Set de Chris Merlyn à 22h, une quinzaine d’artistes et des sets exclusifs de 4 groupes : ADG, Que Tengo, The French Touch NZ et Giramundo.