Impossibilité de répéter, manque de communication mais pas trop de dégâts financiers. L’OONM renoue avec le public avec une saison 2020/2021 alléchante, avec la montpelliéraine Adèle Charvet, notamment, et des places pour tous les spectacles à 10 euros !
Des répétitions impossibles
La crise sanitaire et l’indigence du ministère de la culture ont tétanisé plus d’une maison d’Opéra mais la traversée de la tempête Covid s’est avérée plus ou moins longue et difficile. A Montpellier, la reprise s’est faite attendre : à la mi juin, le décor de Falstaff était toujours sur la scène de l’Opéra-Comédie et les instruments dans la fosse. Impossible d’y répéter. Même chose au Corum (sur lequel l’OONM n’a aucun pouvoir) qui tarde à annoncer un protocole de déconfinement. Par ailleurs, comme le souligne une déléguée CGT : « les préconisations spécifiques aux familles d’instruments promises par le ministère pour le début du mois de juin, ne sont toujours pas parues à ce jour malgré les relances des syndicats nationaux de musiciens. » Par petits groupes d’instruments, les répétitions en présentiel (attendues impatiemment par les différents pupitres) n’ont repris que le 30 juin.
« On ne sait pas grand chose ou à la dernière minute ! »
Face à une incertitude qui saisit le monde culturel dans son ensemble, certains musiciens expriment leur inquiétude voire leur agacement : « la communication est insuffisante. On ne sait pas grand chose ou alors à la dernière minute ! Apprendre sur LOKKO notre participation au Festival Radio France , c’est un comble ! » Sont également pointées les difficultés d’organisation de projets sociaux et le manque d’enthousiasme pour assurer une mission de service public. « Des projets de concerts en extérieur, en Ehpad ou au CHU ont été transmis à la direction » confie un musicien de l’Orchestre, « mais ils n’ont pas été acceptés; en revanche, certains musiciens -par ailleurs enseignants- ont pu les effectuer mais chapotés par le Conservatoire. » Mais l’orchestre s’est judicieusement incarné sur les réseaux sociaux, durant la pandémie, avec des pièces de format court proposées par les musiciens, détaille en substance une déléguée syndicale CGT spectacle, qui tempère l’amertume du constat et souligne « l’envie et la nécessité pour tous de reprendre le travail collectif, tout en respectant le protocole sanitaire voté par le CSE de l’Opéra ».
Des finances préservées
Masques obligatoires mais aussi viennoiseries et café chaud étaient au menu de la conférence de presse de reprise, vendredi 3 juillet. Le président Jean-François Carenco, que l’on a connu plus rugueux et cassant, y a multiplié les sourires et les manifestations de soutien à la directrice Valérie Chevalier. Si ce Saurélien convaincu évoque puis évacue d’une boutade l’idée de son éventuel départ, il se projette ostensiblement en 2022, prenant appui sur un bilan 2020 (avant la crise sanitaire) satisfaisant.
Forte du succès des podcasts et vidéos diffusés pendant plus de deux mois (un million et demi de vues), Valérie Chevalier semble sereine dans son rôle de capitaine. Le navire a tangué mais les soutiens financiers et artistiques semblent avoir fonctionné et l’offre de la prochaine saison est alléchante. Chômage partiel pour tous les salariés et reports des productions engagées (sans frais de dédits exorbitants) ont permis de sauvegarder l’élan de redressement des finances. « Nous avons beaucoup travaillé mais nous devons aussi beaucoup à la solidarité des artistes et des agents très attachés à l’Opéra de Montpellier » souligne-t-elle.
Adèle Charvet, Jaroussky et des compositrices
En tandem avec le maestro Schønwandt, encore confiné à Copenhague (et présent via internet), elle s’est montrée ravie des nouveautés en gestation : en remplacement de « Aïda » impossible à reprogrammer, voilà un « Barbier de Séville » prometteur dans une mise en scène du sévillan Rafaël Villalobos avec Adèle Charvet dans le rôle de Rosine. A noter aussi, le retour de « Falstaff », programmé au début de l’épidémie (puis annulé), en janvier 2021. La saison offre de nombreuses productions originales et appétissantes : Jaroussky à la direction de son ensemble baroque, Offenbach, Massenet , le « Boléro de Ravel », le « Sacre du printemps » de Stravinsky. On aime l’originalité de certaines propositions comme ce concert « Transatlantique » avec des œuvres de compositeurs américains contemporains et la place faite aux compositrices et cheffes d’orchestre.
Davantage d’éducatif avec Michaël Delafosse ?
Interrogée sur les perspectives d’avenir, Valérie Chevalier confie à LOKKO : « J’espère des changements vers plus d’ouverture et d’accessibilité dans les projets liés à l’éducation, par exemple des partenariats et des postes ouverts pour les dumistes (musiciens intervenants dans les écoles). L’idée d’un grand concert en plein air évoquée par Michaël Delafosse, pourquoi pas ? Cependant, le coût est énorme et la logistique difficile à mettre en place. J’ai des propositions, des projets et j’ai adressé un message dans ce sens à la nouvelle municipalité ».
Des places à 10 euros
Des places pour tous les spectacles à 10 €, jusqu’en décembre, un doublement de certains concerts (du Nouvel An, par exemple), une offre de tarifs pour les jeunes : autant d’incitations pour un retour du public que tous espèrent… sans nouvelle vague de contamination.