Le suédois Magnus Fryklund, jeune chef assistant de l’orchestre de Montpellier a charmé le public lors des 2 concerts de retrouvailles, les 10 et 11 juillet au Corum, faisant oublier l’ambiance surnaturelle liées à de très lourdes conditions sanitaires. Valérie Chevalier, la directrice de l’OONM, émue après 3 mois de confinement est montée sur scène aux côtés de Jean-Pierre Rousseau, le directeur du festival de Radio-France qui avait labellisé la seconde soirée.
Des envies de musique
Selon la théorie psychanalytique, c’est le manque qui crée le désir. Après trois mois et demi d’absence forcée, ce vendredi 10 juillet, voici l’heure des retrouvailles entre le public montpelliérain et son orchestre. Il y a de la proximité dans l’air malgré les masques et les fauteuils de l’Opéra Berlioz, barrés de petits sens interdits, presque une réunion de famille à la fois festive mais solennelle, une envie un brin impatiente et gourmande d’entendre de la musique « en vrai » , comme si on avait envisagé ne jamais revenir là, ne plus éprouver l’excitation d’avant les spectacles. Quelle qualité d’écoute aussi : pas un bruit, pas un bavardage ne viendront gâcher ce moment …
Un début qui swingue
Grande proximité avec le public pour le chœur de l’opéra qui balance et chaloupe sous la direction de Noëlle Geny. Anne Pagès au piano et l’excellent percussionniste Philippe Charneux accompagnent ces mélodies de Gerschwin ou Cole Porter. Mention particulière au contre bassiste Benoît Levesque qui, avec une obstination toute normande, a inondé de musique nos journées de confinement : l’écoute de Bach, à l’issue d’une journée fort covidienne (ou covidiesque ? ) où mon moral chutait autant que ma saturation en oxygène, fut un petit bonheur salvateur !
Un lancement de saison impromptu
Visiblement émue, la directrice Valérie Chevalier a tenu t à remercier les musiciens et toutes les équipes. A son invitation, Jean-Pierre Rousseau a lancé la saison de ce festival Radio France vraiment différent et annoncé de beaux projets pour l’été 2021, dont la présence de la belle Sonya Yoncheva sous la direction de Domingo Hidoyan.
» En stjärna är född » (a star is born)
Le jeune chef suédois en résidence à Montpellier dirige l’orchestre pour une 5ème symphonie de Schubert toute en grâce et en finesse. Il la connaît visiblement par cœur cette œuvre de jeunesse du compositeur viennois. Souple et musicale, sa direction dans l’Allegro souligne le jeu des cordes et des vents avec un dynamisme jubilatoire des cordes graves. Il ne surjoue pas le côté mozartien de la partition mais au contraire illumine le romantisme et la subtilité de l’écriture. On déguste la musicalité de sa direction et la subtile complicité avec l’orchestre. Formidable interprétation des bois et des cuivres avec des piani d’une rare sensibilité.
Finesse et équilibre pour la petite suite de Debussy dans la version du chef et ami du compositeur Henri Büsser, des choix musicaux élégants, une interprétation impeccable de l’orchestre et les magnifiques interventions du flûtiste Michel Reynié. Une découverte pour clôturer le concert : la fanfare de Peri de Paul Dukas ( connu d’avantage pour l’Apprenti Sorcier ). Un ensemble de cuivres et percussions pour un uppercut sonore et vivifiant .
Un avenir montpelliérain ?
Il serait vraiment dommage de laisser partir cette perle rare vers d’autres cieux à la fin de la saison prochaine : apprécié du maestro Schønwandt et des musiciens, aimé du public, il possède à 30 ans toutes les qualités d’un grand chef d’orchestre. Souhaitons profiter encore quelques années de son talent !
Photos : OONM/Festival de Radio-France.