Quand la culture se réenchante

Du 2 au 21 novembre 2020, la Biennale des arts de la scène en Méditerranée propose une vingtaine de spectacles un peu partout à Montpellier (+ une dizaine de rencontres) avec des artistes liés par ce même espace géopolitique plus tragique que jamais.

 

 

Quelle conférence de presse ! Dans le hall du Centre dramatique national de Montpellier, quasiment tout ce qui compte dans la culture institutionnelle était là, ce 8 septembre (avec masques et micros désinfectés), de Montpellier Danse au Centre chorégraphique national, de la Verrerie d’Alès à la Scène nationale de Sète, élu, membre du cabinet de Michaël Delafosse. Des retrouvailles pour beaucoup, après six mois d’abstinence.

Onze partenaires en tout pour une fête où chacun amène quelque chose. Un préalable : « donner un aperçu de la création contemporaine en Méditerranée, croiser des territoires géographiques et imaginaires, faire se rencontrer des équipes d’ici et d’ailleurs, partager avec tous des questions artistiques et politiques, rendre sensibles les contradictions et les espérances, c’est là l’idée, l’esprit qui animent cette Biennale, sa seule et simple nécessité ». Partant du principe que la Méditerranée était « plus un lieu qu’un thème », les organisateurs ont opté pour une ligne ouverte et (trop ?) souple. Pour le dire autrement, quelques propositions -françaises notamment et régionales en particulier- paraissent n’avoir qu’un lointain rapport avec la Méditerranée.

Ce n’est pas un festival, il n’y a pas de structure juridique dédiée, ce sont « des énergies collaboratives de longue durée » comme le souligne Nathalie Garraud, co-directrice du CDN avec Olivier Saccomano. Ces deux-là cochent toutes les cases depuis leur arrivée.

La Méditerranée est une vieille idée à Montpellier. Montpellier Danse, en particulier, a été un précurseur, en bougeant le bassin, depuis une légendaire édition en 1992. Ce qui est nouveau, c’est cette mutualisation initiée par les nouveaux locataires des 13 Vents, de drôles et tenaces utopistes. Mutualisation rendue nécessaire, aussi, par la baisse lente et sournoise des crédits publics à la culture.

Un confrère a tenté de le faire remarquer : tout se passe comme si tout allait bien. Le programme offre des distributions généreuses et une circulation échevelée des oeuvres que le Covid avait stoppée jusque-là. Cette vitalité affichée confirme que les grands opérateurs subventionnés ont mieux résisté au choc de la pandémie. « Pour l’instant, la Biennale aura lieu » a indiqué laconiquement Nathalie Garraud.

La culture institutionnelle régionale se réenchante vigoureusement. Qui s’en plaindrait ?

 

Notre sélection du 2 au 21 novembre :

-« Necropolis » d’Arkadi Zaides sur ces « No Name » : ces 35 000 migrants sans nom de la Méditerranée. Une chorégraphie documentaire. A l’Agora de la danse. Du 2 au 3 novembre.
-« Une costilla sobre la mesa : madre » de Angélica Liddell. Des funérailles pour sa propre mère de la grande et radicale artiste catalane. Aux 13 Vents. Du 4 au 5 novembre.
« A bras le corps » de Virgile Simon et Antoine Wellens. De nombreux amateurs sur la scène pour cette production de l’excellent Primesautier Théâtre de Montpellier à partir de l’expérience ouvrière de la philosophe Simone Weil. A la Vignette. Du 10 au 13 novembre.
Youssra El Hawary, chanteuse, accordéoniste, figure du Printemps arabe en Egypte, au théâtre Jean Vilar. Le 12 novembre.
-« The Museum » de Bashar Murkus : les derniers jours d’un condamné à mort par le metteur en scène palestinien, initialement programmé au festival d’Avignon. Aux 13 Vents. Les 12 et 13 novembre. Première en France.
Le groupe acrobatique de Tanger, mondialement connu et désormais très féminisé. Au Cratère d’Alès, les 14 et 15 novembre et au théâtre Molière de Sète, les 19 et 20 novembre.
-« En son lieu » de Christian Rizzzo : la dernière création du directeur du CCN de Montpellier, pour un danseur solo venu du break, Nicolas Fayol, vivant au Salagou. Au Studio Bagouet (CCN/Agora de la danse). Du 17 au 20 novembre.
Faraj Suleiman, jazzman venu de Galilée. A l’Agora du crès, le 18 novembre.

Rens : ici

Photo : « Une costilla sobre la mesa : madre » de Angélica Liddell (DR).

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