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Hélène Soulié, hackeuse théâtrale en vue

Une ovation, un public de professionnels qui comptent, l’adjointe à la parité présente : le théâtre Jean Vilar a été le témoin d’un moment de théâtre particulier, le 8 octobre. La clivante Hélène Soulié paraît en route pour une meilleure reconnaissance.

 

Coupe courte et cheveux blonds, regard bleu dont ose pas dire qu’il est perçant mais sans avoir d’autres mots sous la main : Hélène Soulié a su se rendre incontournable, même si elle fait peur à des tas de messieurs dans le milieu.

Bien que snobée par les médias locaux, sa Gueulante pour un Printemps des comédiennes, relayée par LOKKO et Mediapart est incontestablement une date dans le combat pour la parité dans le secteur culturel.

Sur scène, c’est une compagne de lutte de celle qui refuse qu’on l’appelle metteure en scène car « metteuse en scène » fait entendre plus clairement, plus radicalement, le féminin : Claire Engel. Calme assurance et ironie crâne, l’actrice montpelliéraine excelle à un jeu borderline, taillé sur mesure.

MADAM#4 « Je préfère être une cyborg qu’une déesse » est un OVNI théâtral entre one woman show et meeting, entre tribune et conférence, nourri de « regards anthropologiques », le tout shaké dans une esthétique pop qui abuse d’un rose pas tendre. Le fruit d’une équipe essentiellement féminine à part le brave Maurice Fouilhé aux lumières. Et ça uppercute pas mal !

Cette proposition était la 4ème d’une série appelée « MADAM (Manuel d’Auto Défense À Méditer). Un carnet de voyage en six épisodes nourri de « questionnements sur le genre, la construction de nos identités et leurs liens avec l’écologie, le capitalisme, ou encore l’utopie ».

Même principe, même démarche «entre écriture documentaire, science, philosophie, psychanalyse, théâtre et littérature à la rencontre de femmes identifiées comme pionnières et troubles fêtes ». Sur scène, une actrice puis une chercheuse référente sur le thème.

Cette fois, le titre s’inspire de la dernière phrase du « Manifeste Cyborg » de Donna Haraway : « Je préfère être une cyborg qu’une déesse ». Un essai culte de cette philosophe et scientifique américaine, moins connue que Judith Butler, la papesse des études de genre, qui se bat depuis les années 1970 contre l’hégémonie de la vision masculine sur la science, notamment dans sa discipline, la primatologie, très phallocentrée. Dans son « Manifeste Cyborg », elle expose les possibilités offertes par la technoscience pour sortir du patriarcat et tordre le cou à l’idée de nature. Elle y a recours à la métaphore du cyborg, mi-homme mi-machine, pour critiquer l’essentialisme (qui insiste sur des valeurs et comportements typiquement féminins ou masculins). Elle a inspiré ce qu’on appelle le « cyberféminisme », l’idée que les nouvelles technologies vont dans le bon sens en s’éloignant du soi-disant déterminisme de la « nature ».

« C’est ma deuxième naissance, celle que je me donne à moi-même. J’invente d’autres utopies. Je sors les tentacules, reboot ma vie. Je m’auto-engendre. Appelle-moi Antoine maintenant. Ou Bachir. Reboot ! Appelle-moi Bachir. Appelle-moi monsieur mais laisse-moi garder mes seins, mettre des robes, avoir une moustache et des boucles d’oreilles ! »

Solenn Denis à l’écriture propulse une subversion joyeuse. Et comme dans les précédentes propositions, une chercheuse vient enrichir la scène de guerre : depuis Genève (les Suisses ne peuvent pas voyager), Delphine Garday, historienne, sociologue évoque son livre « Politique du clitoris », un ouvrage dans lequel elle analyse la représentation de cet organe dont on a longtemps tu le nom. Comme on le sait, organe central des partis féministes.

C’est du théâtre à l’estomac qui a gagné en force. Ce soir-là, Fatma Nakib, l’adjointe de Michaël Delafosse a la parité a manifesté son soutien à une artiste, tenue en estime par beaucoup à Montpellier. Une entrevue va être organisée avec la nouvelle adjointe à la culture de la Ville, la juriste Agnès Robin.

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