La première pièce de théâtre sur ZOOM

A l’initiative de ses acteurs, le metteur en scène Arthur Nauzyciel, directeur du Théâtre national de Bretagne, recrée sa pièce « Splendid’s » d’après Jean Genet sur ZOOM, les 17, 18 et 19 novembre. Trois représentations gratuites, accessibles à tous.

 

 

Le Splendid’s, c’est cet hôtel de luxe où se sont réfugiés sept gangsters rejoints par un policier en rupture de légalité. Ils ont enlevé la fille d’un millionnaire américain et réclament une rançon. Mais l’otage, malmenée, a succombé « par erreur ». Pour sauver la situation et retarder l’assaut des forces de police, le chef de gang décide de faire lui-même une apparition, revêtu de la robe de bal de la jeune fille sur les balcons du palace…

Telle est la trame de cette « fausse pièce policière de Jean Genet qui vire avec le plus grand naturel du roman noir au numéro de travesti », explique le Théâtre national de Bretagne sur son site, oscillant « entre le drame métaphysique et le gag et, plus ouvertement que les autres œuvres de Genet, et de part en part traversée par un rire ».

C’est cette pièce américaine de Jean Genet -huis clos d’un polar digne du cinéma noir hollywoodien- que Sartre jugeait supérieure aux « Bonnes » et où l’on entend la voix de Jeanne Moreau en speakerine de radio, que Arthur Nauzyciel a mise en scène dans une distribution américaine.

Créée au Centre dramatique national d’Orléans, qu’il dirigeait alors, en janvier 2015, la pièce a tourné dans le monde entier. Ce sont les acteurs américains de la pièce, plus durement frappés par la pandémie qui ont soufflé l’idée de la reconstituer sur ZOOM au metteur en scène, lequel a trouvé inspirant de détourner cet outil de visio-conférence destiné aux entreprises.

« Au départ, c’est une initiative des acteurs, précise Arthur Nauzyciel au journal « Le Monde ». « Pour les six comédiens américains de Splendid’s, comme pour tous leurs camarades, la crise due au Covid-19 est beaucoup plus violente que pour leurs collègues français. Ils ont perdu leur travail du jour au lendemain, et ne bénéficient pas des aides qui existent en France, à l’image du système des intermittents du spectacle. La plupart n’ont pas accès, non plus, à la gratuité des soins médicaux. Ils se sont retrouvés dans une situation d’extrême solitude, de précarité, de menace, qui les a ramenés à la situation de leurs personnages dans la pièce, où ces six gangsters sont enfermés chacun dans une chambre d’hôtel en attendant l’assaut de la police et leur mort certaine ».

Prenant l’habitude de ce rendez-vous sur ZOOM autour du texte de Genet, cette pratique, qui avait pour but de remonter le moral de chacun, est devenue « la métaphore de leur propre réclusion », et ce fond d’écran qui les réunissait dans de petites cases « l’opportunité de renouer avec le plaisir de jouer ». « C’était vertigineux de voir le spectacle se reconstruire sous mes yeux en temps réel depuis Rennes alors qu’il réunissait des participants se trouvant à New York, Boston ou Paris ».

Cette création en live, qui joue de la case de chacun sur ZOOM comme d’une cellule, est une première en France.

 

Spectacle en anglais, surtitré en français, interdit aux moins de 16 ans.
Les 17, 18 et 19 novembre à 21h. S’inscrire gratuitement sur le site du Théâtre national de Bretagne, ici.

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