Plusieurs auteurs d’insultes racistes sur Facebook ont été contraints de suivre des stages de citoyenneté à la suite de la plainte déposée par la start-up montpelliéraine d’apprentissage en ligne du chinois, Les Petits Mandarins.
-« Les chinois, non merci, avec la merde qu’ils ont foutue dans le monde ! »
-« C’est pas le moment, après avoir collé le virus mondialement, restez chez vous ».
-« Je rêve ! C’est une blague ! Il ne faut vraiment pas manquer de culot pour proposer d’apprendre le chinois en cette période de confinement. C’est oublier que si nous en sommes là, c’est bien à cause du Coronavirus chinois ! »
-« J’ai déjà appris gratuitement un mot : Coronavirus »
-« Comment on dit « masque » en Chine ? »
-« Les chinois, non merci, avec la merde qu’ils ont foutue dans le monde, non merci ! »
Mars 2019, en plein confinement, la page Facebook des Petits mandarins, « le site qui réinvente l’apprentissage du chinois » est l’objet d’attaques insensées. LOKKO s’était fait l’écho de cette agressivité envers la marque d’e-learning, inspirée des jeux en ligne et incubée au BIC (Business Innovation Center).
« En lançant une offre exceptionnellement gratuite, Vigdis Herrera, sa co-fondatrice avec Julien Herrera, n’imaginait pas un tel déversement » expliquait-on à l’époque. Les dirigeants ont d’abord supprimé des commentaires, tout en signalant à Facebook les profils des auteurs de ces posts, une quarantaine de personnes dont une dizaine avait écrit des commentaires « graves », « vraisemblablement des personnes âgées ». Mais le réseau social n’avait pas donné suite, pas plus que l’IGPN (Inspection général de la Police nationale) également sollicitée.
Sur les conseils de SOS Racisme, Vigdis Herrera porte plainte à Paris , en avril 2019. « N’étant pas chinoise et n’ayant aucun Chinois dans mon équipe, je ne pouvais pas déposer plainte pour racisme. Nous avons donc opté pour le motif d’entrave à l’exercice d’une activité économique, sans demander de compensations financières. Il y a quelques jours, nous avons reçu un courrier de la police parisienne spécialisée dans les affaires numériques, nous indiquant que notre plainte était classée sans suite après que quelques auteurs de ces insultes ont eu à suivre des stages de citoyenneté, leur rappelant les valeurs de la République ».
Le nombre et l’identité des personnes tracées ne lui ont pas été communiqués mais c’est pour la cheffe d’entreprise une « vraie satisfaction ». « Je suis contente, je n’y croyais pas trop mais les autorités prennent ces situations de plus en plus au sérieux ».
Un triste épisode qui n’a pas empêché la société montpelliéraine de continuer sa progression. Elle totalise 15 000 abonnés depuis son lancement en 2016 : des scolaires , des expatriés du monde entier , des particuliers de tous les profils. Son offre va s’élargir en 2021 au français, à l’anglais et à l’arabe. Toutefois, des attaques persistent mais « plus modérées »…