Cheffe de projet spécialisée dans la création de contenus numériques, Catherine Feunteun a présenté le 22 janvier à la Halle Tropisme SLED®, son nouveau format numérique de série littéraire enrichie sur smartphone, encore en phase d’essai, avec l’ambition de rassembler le potentiel créatif des 15-45 ans autour d’un média commun. Vous pouvez rejoindre l’aventure en devenant un « Bêta-testeur ».
« Je veux réconcilier les Millenials avec le texte »
Dressons le portrait. Catherine Feunteun vient du milieu de la production audiovisuelle. Auteure, scénariste et storyteller parisienne, depuis peu installée à Montpellier, elle a “pas mal bossé dans le milieu du cinéma”. Productrice, cheffe de projet et entrepreneuse spécialisée dans la création de contenus numériques depuis les années 90, elle a appris à disséquer l’évolution des pratiques culturelles et numériques. Cela l’a amenée à ce constat : les Millenials manquent de temps, troquent le texte au profit de l’image, et passent près de quatre heures par jour sur leur smartphone. Une aubaine pour l’entrepreneuse : “Je pense que l’avènement de la 5G va encore accentuer ce phénomène d’hyper concentration sur terminal unique, et j’ai donc décidé de m’en servir. Aujourd’hui, chez les Millenials, on se rend compte qu’il y a un éloignement de l’information textuelle à tous les niveaux, et cela est dû à une abondance d’offres d’images et de musiques sur des services comme Youtube, Netflix ou TikTok ».
« Je ne fais pas de l’e-édition, ou de l’e-littérature »
Sa réponse intervient en 2019 avec le lancement d’un projet avec la start-up montpelliéraine Les Storyvores, un nouveau format dit SLED®, acronyme pour Série Littéraire Enrichie de Données. Des histoires qui se lisent en épisodes sur smartphones à partir d’une application : EPISOD’IN®. « Nous avons mis en place un système qui va permettre aux gens, au public, de créer et de lire des histoires sur des smartphones, à partir d’une application IOS ou Android ». Car oui, ces histoires ne se lisent pas seulement, elles se créent, par le public. L’espace de création s’appelle VIA EPISOD’IN®, une plateforme d’auto-édition développée en 2020. En version Bêta à l’heure actuelle, VIA EPISOD’IN® est encore en développement, et ses fonctionnalités restent encore très limitées. Lorsqu’on lui parle d’e-littérature, de Kindle ou de Wattpad, Catherine Feuteun répond : “Je ne fais pas de l’e-édition, ou de l’e-littérature. Je ne parle pas de chapitres, mais d’épisodes. Disons que je me situe entre le texte et l’image”. Car oui, l’utilisateur d’une SLED®, scrolle vers le bas pour avancer dans des histoires qui traitent de problèmes sociétaux certes, mais il profite d’une lecture non-linéaire, alimentée par des visuels rendant l’expérience utilisateur plus attractive : Catherine et son équipe mixent texte, image, vidéo, photo, dessin et sound design en un format de lecture adapté pour smartphone. Et pour ces productions, elle fait appel à des artistes (dessinateurs, musiciens, photographes, etc.).
Aujourd’hui, la communauté TikTok et son idéologie du fun tire vers les 10-19 ans. Sur Instagram, les plus actifs sont les 25-34 ans. Un streamer reconnu sur Twitch (Ndlr : lancé en 2011, Twitch est un service de diffusion en ligne, essentiellement dédié aux jeux vidéo) affirme que l’âge moyen de sa communauté (ses viewers Twitch) tourne autour de 21 ans. Avec de tels moteurs, autant dire que les pratiques sont en constante évolution, et quasi sans limites.
Tout ceci, Catherine Feunteun s’en sert, mais là où elle veut s’affranchir de ces géants du divertissement, c’est par la création d’une communauté -entendons les 15-45 ans- où chacun y trouve sa place, fan de littérature comme professionnel, publicitaire comme enseignant.
“ J’aimerais vendre le projet pour les JO 2024, à Paris ”
Si elle évoque sans sourciller le terme de publicité, c’est bien vers l’advertising, ou plus précisément l’advertainment -l’art de concevoir des publicités à travers un format narratif et divertissant- qu’elle veut aussi se diriger : “ Avec cette plateforme, on tend également vers un modèle de business to business, c’est à dire s’adresser à des professionnels, en particulier ceux de l’advertainment ”. À travers ses pubs gorgées de pathos, elle veut toucher ses Millenials, et donc séduire de nouveaux profils créatifs. La boucle est bouclée. Son objectif à court terme ? « Vous voyez les communautés de podcasters ? Et bien nous, nous serons celle des sledeurs, avec un modèle freemium pour certains -contraction anglophone du mot free (gratuit) et premium-, selon leurs besoins, puis la mise en place d’un système d’abonnement à bas coût. Bien sûr, l’objectif est aussi de rémunérer nos artistes ».
Rejoignez la phase de test !
Et à plus long terme ? “ J’aimerais vendre le projet pour les JO 2024, à Paris”. Pour l’heure, elle vient de lancer l’opération « DO IT YOUR SLED» (de janvier à juin), destinée aux « Bêta-testeurs », ces créatifs désireux de contribuer à cette phase d’expérimentation. Pour y participer, c’est à cette adresse : hello@episodin.com