Pour la Saint-Valentin, l’Orchestre national de Montpellier proposait un concert en ligne. Hélène Bertrand-Féline a poussé la table du salon, sorti les flûtes de champagne pour un excellent concert qui l’a toutefois rendu terriblement nostalgique ! .
Cherchant quelque avantage à écouter un concert au coin du feu le soir de la St Valentin, nous voilà donc, mon amoureux et moi, une flûte de champagne à la main, les tables basses dégagées en prévision de valses endiablées, heureux d’accueillir chez nous l’orchestre montpelliérain au grand complet : l’Opéra Orchestre de Montpellier diffusait sur la toile ce 14 février un concert de gala enregistré, fin décembre 2020 autour des Strauss (père et fils) mais aussi Sibelius, Ravel ou Stravinsky .
Magnusmania ?
Je l’écrivis dès l’arrivée de Magnus Fryklund à Montpellier : je suis fan de ce jeune chef et de sa direction élégante et subtile. Le répertoire viennois lui va comme un gant, lui qui eut l’honneur de travailler avec le violon solo des Wiener Philarmoniker. Dès les premières mesures de la Künstlerleben, mythique valse de Johann Strauss, on ne boude pas son plaisir face à la maîtrise du chef et la musicalité de l’orchestre. Magnus est dans son élément : c’est léger comme la crème fouettée d’un café viennois, riche et profond comme une Sachertorte.
Pas un salut, pas un applaudissement
L’émotion est forte à l’écoute de la valse triste de Sibélius. Elle sied bien à la période, cette tristesse et l’on ne peut que s’incliner devant la tenue et la prestance de l’orchestre seul devant le désert d’un Opéra Berlioz empêché de ses spectateurs habitués. Pas un salut, pas un applaudissement, le silence assourdissant du monde de la culture privé de ses spectateurs.
Alors oui, j’ai apprécié de retrouver l’orchestre ce soir, j’ai dégusté une magnifique interprétation du « Chevalier à la rose » de Richard Strauss, siroté Ravel et Stravinsky, esquissé quelques pas de danse pieds nus, osé quelques battues de mesures et cajolé mon chat … Oui, j’ai branché ma super enceinte et mis l’image sur grand écran pour n’en rien perdre… mais quel ennui, quelle nostalgie !
Même les quintes de toux me manquent !
Malgré tout le talent des musiciens et un désir de partage musical palpable au delà de l’écran , tout me manque : j’ai envie du bruissement des conversations dans les halls, des rires des amis qui se retrouvent, des arrivées intempestives et répétées qui obligent le rang entier à se lever, des coups de genoux dans le siège et les raclements de gorge ..Oui, même les quintes de toux me manquent ! Je suis nostalgique de tous ces agacements car ils précèdent des moments attendus avec avidité : l’entrée des musiciens, celle du premier violon, les instruments qui s’accordent, l’arrivée du chef et ce silence soudain qui annonce un départ imminent, un nouveau voyage, un souffle soudain retenu quand l’émotion se fait charnelle. Le temps est suspendu, que viennent les retrouvailles… Vite !
Excellente analyse et toujours autant de finesse dans les commentaires, comme d’habitude !