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Le soin beauté : plus jamais ça !

Qu’ont en commun une nuit de camping sauvage au Québec, un hammam à Istanbul, le trajet Montpellier-Toulouse en moto ou une visite chez l’esthéticienne? Ce sont des expériences vécues par l’écrivaine Marie Urdiales. Ou plutôt : subies. Avec beaucoup de mauvaise foi et une bonne dose d’humour noir. Neuf expériences du quotidien réunies sous le titre « Plus jamais ça ! ». Après les sites de rencontre, le shopping un jour de soldes et une virée à l’Espiguette : le soin beauté.

 

C’est un constat comme un autre, mais même si vous n’avez jamais aimé vous faire tripoter par n’importe qui, l’âge et le temps qui passe vous poussent un jour à vous occuper un peu plus de vous. N’ayant pas envie de passer par le dermato et ses piquouses magiques, vous décidez, à presque 50 piges, quand même, de tester l’esthéticienne. Dont acte.

L’esthéticienne classique

Premier essai : l’esthéticienne dite classique. Essai non concluant, car pourquoi payer l’équivalent du budget bouffe d’une semaine pour une famille de quatre personnes, juste pour se faire enlever quelques comédons et martyriser avec un jenesaisplusquoi électrique dernière génération, censé gommer les rides, raviver votre production de collagène qui n’en demandait pas tant, et remodeler votre ovale qui, lui, en a effectivement bien besoin, mais qui se montre malheureusement réfractaire à toute tentative, fût-elle électrique. Et donc, exit la dame en blanc de la grande marque de cosmétique, malgré son offre généreuse de carte de fidélité, grâce à laquelle, quand vous aurez dépensé ici l’équivalent du PIB de l’ensemble du continent africain, vous obtiendrez une réduction incroyable de 5 % sur votre prochain achat.

L’esthéticienne bio

Deuxième tentative, l’esthéticienne bio. Le bio, c’est bien, l’esthéticienne bio est bien aussi, et tout pourrait être parfait si la perfection était de ce monde. Les tarifs sont abordables, le soin se fait sur la base de produits qui sentent bon et de massages manuels, et personne ne vous fait croire que vous perdrez dix ans grâce aux huiles essentielles. Le hic, c’est que l’esthéticienne bio a installé sa cabine de soins bio au-dessus d’un magasin bio, ce qui témoigne certes d’une certaine cohérence dans la démarche, mais vous oblige à passer devant les caisses et voir des gens que vous n’avez peut-être pas envie de voir, d’autant que l’esthéticienne, c’est quand même un truc un peu intime, non ? En plus, comme il n’y a pas de place prévue pour aménager une salle d’attente, si attente il y a, vous la passez assise sur un vieux canapé déglingué, les pieds sur des cartons de céréales complètes, à côté des toilettes des employés, une affiche franchement ayurvédique à moitié décollée du mur au-dessus de votre tête. Dommage. Très dommage même, parce que sinon, c’est plutôt bien, l’esthéticienne bio.

La grande marque verte

À la recherche du compromis parfait, celui dont vous savez pertinemment qu’il n’existe pas, vous décidez de tester le salon de beauté d’une grande marque dont la réputation s’est faite parce que celui qui l’a créée a été le premier à utiliser des plantes dans ses crèmes, et même si vous savez qu’il y a rajouté pas mal de paraben et autres dérivés de l’industrie pétro-chimique, vous vous dites que vous pouvez peut-être tenter le coup. Sur le site Internet de la marque en question, vous choisissez le magasin-salon de beauté le plus proche de chez vous (dans un centre commercial, moyennement glamour, mais on ne peut pas tout avoir) Vous laissez vos coordonnés, et quelques secondes plus tard à peine, une gentille dame vous appelle pour fixer un rendez-vous. Vous optez pour le soin hydratant d’une heure (celui qui existe aussi en version 45 minutes, souvenez-vous en, c’est important pour la suite) et le jour J, à l’heure H, vous débarquez donc au lieu dit.

Parce que c’est chez vous une seconde nature, vous êtes ponctuelle. C’est bête. Parce que vous êtes la seule à l’être, ponctuelle. Allez comprendre. Bref, vous passez un bon quart d’heure à attendre. Pendant ce temps, vous vous baladez dans les rayons, constatez avec joie que cette eau de toilettes aux jolies fleurs dont vous raffoliez, ado, existe toujours et n’a pratiquement pas changé d’odeur (ce qui, en presque 30 ans, est tout de même un peu suspect) faites un peu le tour des soldes et finissez, parce que ça occupe, par acheter un truc dont vous ne vous servez JAMAIS, à savoir : du démêlant. À la crème d’avoine. La prochaine fois que vous irez vous promener à la campagne avec les cheveux propres, faudra éviter les chevaux. Comme il ne se passe toujours rien, vous payez votre démêlant, et, à y être, le soin que vous attendez encore (souvenez-vous en, c’est important pour la suite). Le tarif est quelque part entre le classique et le bio. Au bout de 15 minutes d’attente, une toute jeune femme sans problème d’ovale vous conduit enfin vers « la cabine ».

Sous les pieds, les poils d’une autre

La première chose que vous apercevez de cette cabine, c’est une poubelle qui déborde. Et quand je dis qu’elle déborde… Elle vomit toutes sortes de choses que vous n’auriez pas forcément associé à la beauté, mais alors vraiment pas. La deuxième chose que vous remarquez, c’est que cette « cabine » est plus petite que la niche de votre chien. Et qu’elle n’a pas de fenêtre. Avec la place qu’occupent la couchette et les différents appareils, Océane (son nom est inscrit sur sa blouse) a à peine la place pour poser ses fesses sur le minuscule tabouret qui lui est destiné. Trois kilos de plus, et elle perd son boulot parce qu’elle ne rentrera plus dans la cabine, du moins pas en même temps qu’une cliente. Ce qui est quand même un peu le but. Enfin, la troisième chose qui vous interpelle (et qui devrait finir de vous convaincre que vous devriez prendre la fuite. Là ! Tout de suite !) la troisième chose, donc, c’est que tandis que votre chaussure droite produit des bruits de sucion alors que vous franchissez les 15 cm qui séparent la porte de la couchette, la gauche reste collée en chemin. Surprise, vous baissez les yeux, et constatez la présence de plein, mais vraiment de beaucoup de drôles de taches noires et collantes sur le sol de la cabine.

Ah oui, on vient de faire une épilation à la cire ! Ça colle encore un peu ! vous explique Océane.

Ce qui implique que vous rentrerez chez vous avec les poils d’une inconnue collés aux semelles. Pourvu que ce ne fut pas un maillot…

Le temps de vous déshabiller et d’accrocher vos habits au seul et unique crochet de la minuscule pièce, et vous voici enroulée dans une chose pompeusement baptisée « paréo ». En fait, du moins c’est ce que vous soupçonnez, en fait des essuie-mains en papier recyclés en une sorte de… d’essuie-tout gigantesque dans lequel vous vous entortillez tant bien que mal. Une somptueuse charlotte en papier, vissée non sans une certaine brusquerie sur votre crâne, complète l’élégance de la tenue.

Petit détail comparatif : dans la version classique et dans la version bio, on a droit à des paréos en coton, des serviettes douces qui sentent la lavande, et un grand bandeau bien blanc en éponge pour protéger les cheveux. Là, non.

Vous vous allongez donc sur la couchette, un travail au millimètre pour qui mesure plus d’un mètre cinquante, Océane baisse la lumière, se coince tant bien que mal derrière vous sur son petit tabouret, et c’est parti.

Pauvre petite Océane

Ce n’est ni le lieu ni le moment d’en analyser la raison, toujours est-il que vous, ces musiques dites « de relaxation » ont le don de vous mettre les nerfs en pelote. Or malheureusement, ce sont généralement celles-là qu’on vous impose chez l’esthéticienne. La classique, la bio, et chez cette pauvre jeune travailleuse. Clapotis de rivière, bruits de vent dans les arbres, chants pseudo-spirituels d’origine indou-gastro-bouddhico-rhino, piaillements d’oiseaux, le tout souligné de flûtes, de harpes, on en passe et des meilleurs … Tout ceci fait que, à peine allongée, non seulement vous ne vous détendez mais alors, pas du tout mais qu’en plus, vous commencez à réfléchir aux conditions de travail de cette pauvre Océane. Local exiguë, aucune lumière du jour, ni dans la cabine, ni au-delà, puisque nous sommes dans un centre commercial, et visiblement, travail à la chaîne, puisqu’il est 18 h et que, entre la cliente précédente et vous-même, cette jeune femme d’environ une vingtaine d’années n’a eu aucune pause. Vous êtes à deux doigts de lui demander combien elle gagne, mais vous avez comme l’impression que ce n’est peut-être pas tout à fait le bon moment pour la convertir au syndicalisme…

«C’est pas trop chaud ? »

Heureusement, un bruit métallique, rapidement suivi d’un sifflement de cocotte minute géante, vient couvrir la musique de détente. Sauf que si ce n’est pas une cocotte minute, c’est quand même vous, la volaille, puisque un gros nuage de vapeur s’abat à l’instant sur votre visage. Ce qui est bizarre, c’est que, ici, la vapeur ne vient pas doucement humidifier votre visage d’en haut, délicatement, non, ici, vous prenez tout ça en pleine tête sous un angle qui fait que ce sont essentiellement vos narines qui semblent visées. L’étroitesse de la cabine, sûrement… L’angle d’attaque de la cocotte minute doit être calibré sur la taille de la Française moyenne, taille que vous dépassez d’une bonne quinzaine de centimètres. Océane vous annonce qu’elle vous laisse « vous détendre » quelques minutes, vous demande si « ça va bien comme ça ? C’est pas trop chaud ? » mais quelque chose dans sa voix vous dissuade de lui dire que, non, ça ne va pas si bien que ça.

Dire que vous êtes censée vous détendre… Des Indiens qui sont peut-être les mêmes Incas que ceux qui chantaient au supermarché, la semaine dernière, lancent des fulgurances entre deux jets de vapeur, et quand vous vous déplacez précautionneusement pour sauver vos sinus, vous vous cognez les orteils contre le mur. Vous n’osez plus bouger.

Heureusement, les conditions de travail de cette pauvre Océane sont telles qu’elle n’a même pas le temps de fumer une cigarette, de sorte que votre calvaire reste plus court que ne dure une blonde avec filtre.

-« Attention, je vais allumer la lumière ! »

Sauf qu’elle n’allume pas la lumière, Océane. D’après ce que vous percevez, même avec les disques de coton collés sur vos paupières, elle vient de mettre en route l’ensemble du parc nucléaire français. On peut difficilement lui en vouloir : il faut bien qu’elle arrive à éteindre la machine infernale, mais à moins de vous enjamber (ce que vous ne souhaitez pas vraiment) ou de passer sous la couchette en rampant (ce que vous ne lui souhaitez pas à elle), elle est obligée d’allumer un minimum pour parvenir au vapo-cuiseur sans se blesser. À ce rythme-là, elle sera parfaite pour Fort Boyard dans très peu de temps.

Ce qu’il va rester de votre peau

À peine a-t-elle récupéré son petit tabouret qu’elle annonce « le gommage ». D’après vos souvenirs classiques et bios, c’est un moment plutôt pas trop désagréable, qui consiste en un massage avec une crème un peu rugueuse qui fait la peau douce. Là, vous ne savez pas trop, mais visiblement, Océane n’a pas trouvé de tube de gommage et a pris la crème pour récurer les lavabos à la place. Sauf que vous n’êtes pas un lavabo. Par contre, c’est clair que si elle frotte chez elle comme elle frotte sur vous, ça doit briller, chez elle ! Vous éprouvez le besoin de détendre un peu l’atmosphère, à défaut de parvenir à vous détendre, vous, mais c’est difficile dans la mesure où toute votre énergie est requise pour respirer, mais pas trop, puisque Océane s’évertue en ce moment à vous colmater les narines et la bouche avec les grains de gommage qui ont la douceur du béton armé sur votre peau… votre peau, ou ce qu’il en reste, et on peut peut raisonnablement craindre que ce ne soit plus grand chose après ce « gommage ». Prise entre votre conscience de gauche qui vous supplie de ne pas rajouter encore une cliente grincheuse à la longue liste que cette pauvre fille doit certainement supporter chaque jour, et votre exigence de cliente qui vous indique clairement que vous avez le droit de respirer normalement, vous vous taisez et priez le dieu du chèvrefeuille pour que le gommage ne soit pas la partie la plus longue de cette interminable heure de soin.

Opération comédon

Le temps d’enlever ce qu’il reste de la crème récurrente avec des éponges, et nous passons maintenant à l’opération comédons, qui, comme chacun le sait, est non seulement la moins appétissante mais surtout la plus douloureuse d’un soin. Mais bon : comme vous vous accordez un minimum d’attention, vous savez qu’avec vous, ça va être vite vu. Autant votre ovale commence à céder à l’appel de la gravité terrestre, autant les comédons ont déserté votre appendice depuis belle lurette. Et avec ce qu’il vient de se prendre en vapeur, votre appendice, aucun point noir n’y aurait résisté, de toute façon. Mais las ! Visiblement, il y en a UN qui a réussi à échapper à votre attention, mais qui a été repéré par Océane, Océane qui maintenant s’acharne sur THE comédon, avec un petit quelque chose de sadique qui vous laisse croire que vous payez pour toutes les clientes plus ou moins sympathiques qu’elle a dû voir défiler aujourd’hui.

-« Et oui ! Je sais ! C’est pas agréable, hein ? » vous susurre-t-elle à l’oreille, tandis qu’elle s’acharne sur votre pauvre nez. Un brin sadique, tout de même, l’Océane ! Et dire que vous étiez prête à vous solidariser avec elle. Vous n’osez pas répondre, il ne faudrait pas qu’elle en trouve un deuxième, de comédon. Vous avez survécu à plusieurs crises d’acné juvénile, vous mourrez au prochain point noir.

Personne ne sait ce qu’il se passe après le Massacre du Comédon (vous avez dû vous évanouir) mais quand vous vous réveillez, Océane est penchée au-dessus de vous, armée d’un flacon dont elle verse le contenu sur votre doux visage.

« Et maintenant, le drainage ! » annonce-t-elle avec un drôle de rictus (enfin, ça, c’est vous qui l’imaginez, puisqu’en vrai, vous n’osez pas ouvrir les yeux). Sachant que le drainage justifie normalement à lui seul l’investissement dans une séance chez l’esthéticienne (le drainage, c’est un massage tout doux du visage, un truc démentiel qui a la particularité à la fois de vous détendre au point que vous pourriez vous endormir, sauf que vous ne voulez surtout pas vous endormir pour en profiter un maximum) sachant donc que le drainage est censé être votre récompense pour avoir enduré toute la séance avec un stoïcisme socialiste et solidaire exemplaire, vous commencez -enfin !- à vous détendre un peu. C’était sous-estimer la capacité de nuisance de cette petite jeune femme.

Tandis qu’elle retrouve son tabouret juste derrière votre tête, vous sentez le produit qui dégouline littéralement dans votre cou, vos cheveux, et jusque dans vos oreilles. « C’est normal que ça coule comme ça ? » osez-vous, mais pas trop. « Oui oui, c’est normal ! » répond-elle avec ce qui s’apparente tout de même à une bonne dose de culot (parce que même vous qui n’avez pas beaucoup d’expérience avec ce genre de chose, vous savez que non, ce n’est PAS normal). Déjà, la consistance de la crème n’est PAS normale. Une crème, c’est crémeux, comme son nom l’indique, alors que ce que Océane vous a versé sur le visage est plutôt liquide. Non, c’est pas plutôt, c’est carrément liquide. En plus, c’est comme pour la vapeur, il y en a beaucoup trop. Mais bon, au point où on en est…

Elle commence le drainage

Vous avez souvent réfléchi à ces mesures politiques qui consistent à vouloir obliger les chômeurs à accepter un emploi, même si celui-ci ne répond ni à leurs envies, ni à leur formation, sous prétexte de vouloir les remettre sur le marché du travail, les réintégrer dans la dynamique de l’emploi, bon, les faire disparaître des statistiques, aussi, mais on nous vend régulièrement ces idées comme étant nécessaires et pour l’économie, et pour le bien-être même de tous ces gens qui ne trouvent pas de boulot dans leur formation. Or on peut craindre que Océane ne soit une victime de ces mesures. Parce que, Océane, on ne sait pas quelle formation professionnelle elle a, mais une chose est certaine : elle n’est pas esthéticienne. Elle est boulangère, coiffeuse pour caniche, docteur en biologie, éventuellement catcheuse professionnelle, mais elle n’est certainement pas esthéticienne. Aucune esthéticienne digne de ce nom n’oserait faire ça. Elle ne masse pas, ne draine pas. Elle malaxe, tire, étire, et tente de faire rentrer vos paupières dans les orbites, jusqu’à ce que vous lui signaliez, d’une toute petite voix que vous avez du mal à reconnaître comme étant la vôtre, que vous portez des lentilles et qu’il faut faire attention s’il vous plaît. Elle glisse on ne sait quel doigt dans vos oreilles, puis ramène le liquide, avec la paume de ses mains, jusque dans vos narines.

Pas de doute, cette jeune fille en veut à vos orifices

Vous passez ce qui est très certainement un des pires moments de votre existence de femme qui prend soin d’elle, d’autant qu’elle vous a prise par surprise puisque vous pensiez au contraire avoir encore une petite chance de vous détendre.

Quand enfin elle s’arrête et vous annonce qu’elle va maintenant appliquer la crème de jour, vous êtes à deux doigts de crier :

« Non ! Pitié ! Pas la crème du jour ! »

Mais vous capitulez et la laissez achever son œuvre. Elle remet les centrales électriques en route.

Ça peut paraître un peu petit, mais depuis qu’une autre Océane vous a entourloupée sur la durée d’un massage (c’était l’Océane du hammam) vous avez tendance à jeter un œil à la montre. C’est vrai, c’est petit et mesquin, et si cette petite tricherie permet à toutes les Océane du monde de gagner 10 minutes de pause dans une journée de soins à la chaîne, votre âme de gauche devrait s’en réjouir. En même temps, autant vous vous considérez comme une consommatrice responsable et solidaire (en tous cas, vous essayez de l’être) autant vous détestez la tromperie. Vous faites donc remarquer très gentiment à Océane que vous avez payé pour une heure, mais que le soin n’a duré que 45 minutes (maintenant qu’elle vous a lâchée et que vous avez retrouvé votre dignité en même temps que vos fringues, vous pouvez vous permettre la contestation).

-« Oh ! vous dit-elle, mais c’est normal ! En fait, c’est parce que vous n’avez pas de comédons, alors c’est moins long ! »

Vous savez elle et vous que c’est du grand n’importe quoi, mais vous n’avez jamais été vindicative, et puis, plus vite vous sortirez de cette minuscule cabine qui pue la cire, mieux vous vous porterez. Après tout, vous, personne ne vous oblige à revenir. Elle, elle devra remettre ça demain, et après-demain, et après-après-demain encore… Voire toute sa vie, et encore, elle sera peut-être même soulagée d’avoir su préserver un emploi pour lequel elle n’a manifestement aucune aptitude…

Elle vous propose un peigne pour vous recoiffer, vous marmonnez un truc stupide, du style « non merci je vais rentrer me faire une couleur » ( !) En réalité, ce n’est pas rentrer qui importe, c’est surtout sortir. Si vous étiez un autre genre de femme, vous protesteriez peut-être à la caisse, vous demanderiez qu’on vous rembourse la différence, vous vous plaindriez de cette esthéticienne qui n’en est pas une…

-« Ça va ? Ça vous a plu ? » Oui mais voilà. Quand la jeune Océane vous pose cette question au moment où vous passez la porte, vous ne pensez pas une seule seconde qu’elle donne dans l’ironie. Elle a tout juste une vingtaine d’année, et vous la croyez déjà trop fatiguée, trop usée, pour en être capable. Alors vous fermez ma grande bouche socialiste, vous quittez ce salon de beauté, et tant pis pour votre ovale…

(En vrai, elle ne s’appelle pas du tout Océane, mais vous l’aurez compris !)

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