La science au secours de la culture :
comment vont se passer
les concerts-tests de la Secret Place

Les Palavas Surfers, un groupe de garage punk de Montpellier seront à l’affiche des concerts-tests debout qui devraient avoir lieu en avril à la Secret Place en collaboration avec le CHU avec 645 volontaires. Il s’agit d’écarter l’hypothèse d’un sur-risque de contamination au Covid-19 dans les salles de concert. Mais la Ministre, pour l’instant, a mis le frein à main…

 

 

Voici désormais plus d’un an que les Français sont privés de concert. Alors que les pertes sont colossales pour la filière musicale, certains acteurs ont décidé de prendre les choses en main. C’est le cas de François Pinchon, fondateur du club Secret Place à Montpellier. Lui et Stéphane Ricchiero, président de l’Association des producteurs et éditeurs de musiques du Languedoc-Roussillon (APEM) ont pris l’initiative de se tourner vers le CHU de Montpellier afin d’établir un protocole de recherche pour évaluer les risques d’infections liés au Covid-19, lors de deux concerts dans la salle de la Secret Place, en position debout et en salle fermée. Le projet a été accepté par le CHU, puis soutenu par la Région Occitanie, la Métropole de Montpellier, et la ville de Saint-Jean de Védas : « On travaille depuis trois mois sur ce projet et on attend la validation du protocole sanitaire du ministère de la Santé », indique François Pinchon.

Du CHU au comité d’éthique

Préalablement rédigé par les équipes de recherche du CHU de Montpellier, ce protocole de recherche clinique a été transmis à un comité d’éthique en vue d’une validation finale. Médecin responsable de l’Unité de recherche clinique et épidémiologie au CHU de Montpellier, le docteur Marie-Christine Picot détaille ce processus largement accéléré par rapport aux délais usuels. « Sur nos propositions, la Commission ANRS MIE (Agence sur les Maladies infectieuses émergentes),constituée d’experts multidisciplinaires et de diverses institutions a examiné puis transmis notre projet labellisée COVID prioritaire vers un Comité d’éthique, aussi appelé comité de Protection des Personnes (CPP) à l’échelle Nationale. Une procédure qui devrait être aboutie en seulement 3 mois ce qui est exceptionnellement court ».

Montpellier n’est pas la seule ville à se lancer dans l’aventure, citons Marseille, Paris, Rennes, Lyon ou Saint-Etienne. Autant de projets impliquent des financements, des ressources humaines conséquentes. En terme de logistique : « Il y a une coordination au niveau du ministère de la Culture, ensuite, en fonction du contexte épidémique, il nous faudra l’autorisation de la Préfecture. Nous pourrons démarrer, au mieux… fin avril. Il y a beaucoup d’incertitudes », confie le médecin. Cette autorisation préfectorale sera donnée “15 jours avant le jour J” précise François Pinchon.

Tests salivaires, port du masque et gel hydroalcoolique

Comment cette expérimentation va-t-elle se dérouler ? Préalablement testés, des volontaires seront divisés en deux groupes : le premier (215 personnes) assistera au concert, l’autre (430) n’y assistera pas. C’est ce qu’on appelle un « groupe contrôle » qui vivra le concert uniquement en ligne. Tous seront invités à revenir 7 jours plus tard pour un deuxième dépistage salivaire rapide. L’expérience sera répétée pour un second concert avec la même jauge.

40 minutes pour avoir les résultats

Tout se passera dans des conditions sanitaires optimales. En salle, il y aura une distance à respecter de 1.50 m entre le public et le groupe, deux sas, l’un à l’entrée, l’autre à la sortie, avec flux contrôlé, puis un seul bar en extérieur. Les volontaires seront masqués, armés de gels hydroalcoolique. « Il y aura une surveillance pour vérifier le port du masque et la distanciation pendant le concert », assure le docteur Marie-Christine Picot.

Le laboratoire montpelliérain Sys2Diag/CNRS, partenaire du projet, fournira l’ensemble des tests salivaires rapides EasyCOV : « Ce test permet de détecter l’ARN viral de façon plus simple et plus rapide (40 min) que les tests RT-PCR ». Une application numérique par lecture colorimétrique donnera directement accès aux résultats à la personne concernée. On associe à la fois le test et le rendu des résultats dans un temps très court.

Un espoir pour la fin de l’été

« On fait un test sept jours plus tard, et on va comparer entre eux les participants au concert et ceux qui n’ont pas participé. L’idée est de montrer que le risque de contamination au Covid-19 n’augmente pas, du fait d’assister à un concert dans des conditions sanitaires optimales » poursuit la docteure en recherche clinique. Autre intérêt de cette expérimentation : évaluer le temps nécessaire pour le dépistage de participants, son coût et la réaction des publics concernés.

Après avoir échoué à se faire entendre, le monde culturel fonde de grands espoirs dans ce genre d’expérimentation. François Pinchon rêve d’une réouverture « après l’été« . Il s’appuie sur un avis du 11 mars du Conseil scientifique classant les lieux culturels parmi les lieux à « risque peu élevé ». Une réouverture serait dès lors envisageable, en parallèle de l’avancée de la vaccination à grande échelle. Du côté du CHU, on recommande en plus une bonne ventilation des salles, la purification de l’air…

Mais, en visite en Bretagne, il y a quelques jours, Roselyne Bachelot indiquait au journal Ouest France qu’elle envisageait de « reporter » ces concerts-tests en ajoutant qu’elle ne fermait pas la porte aux concerts debout durant les festivals d’été…

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