« Le silence des confettis » mis en scène par Caroline Cano : la fête retrouvée, après ce mauvais rêve éveillé de la pandémie. Épatante proposition, dans le cadre du Printemps des Comédiens, de L’Autre Théâtre et la Compagnie La Hurlante.
Voilà deux ans déjà que nous n’étions plus allé.e.s au Chai de la Bulle Bleue, cet incroyable lieu de fabrique artistique et culturel animé par des comédien.ne.s, technicien.ne.s, jardinièr.e.s et cuisinièr.e.s en situation de handicap. Depuis le Bal de Brigitte Négro qui nous invitait à danser sur des musiques gravées dans notre mémoire collective ou encore l’intense pièce de Maguelone Vidal, « L’amour des commencements », une expérience polysensorielle à laquelle le public avait participé en tant que corps (collectif) placé au cœur de cette cérémonie païenne.
Dans « Le silence des confettis », c’est la fête et à travers elle la solitude, que viennent interroger les comédien.ne.s de L’Autre Théâtre et la Compagnie La Hurlante. Présentée dans le cadre du Printemps des Comédiens, cette pièce mise en scène par Caroline Cano nous invite à un mariage, un anniversaire, une fête de fin d’année ou une célébration du Bac, bref une occasion de faire la fête, de se rassembler pour danser, rire, parler et même chanter !
Au rythme de l’accordéon et de la guitare du musicien et compositeur François Boutibou, les scènes s’enchaînent et se superposent, entrecoupées de témoignages sonores, de souvenirs racontés, de confidences et de non-dits que l’on exprime à haute voix. Car la fête est aussi éprise de solitude des un.e.s inadapté.e.s aux codes d’une société, ou des autres se cachant derrière les excès, et tou.te.s se retrouvent entrainé.e.s par la foule, dans le silence de leurs pensées au milieu du bruit des autres tâchant d’exister. Et qui mieux que ces comédien.ne.s pour représenter la sensibilité de la marge et nous rassembler au-delà de nos différences, dans des solos qui nous rappellent que la solitude peut-être faite de lumière et de gloire. Puis de la solitude dans la multitude à la solitude du confinement vécu derrière son écran à célébrer en visio les passages de vie importants. Et cette scène incroyable du récit d’un rêve inconcevable avec des « checks de pieds, des bisous de coudes, des gens qui se frottent les mains » au cœur d’une vie post-apocalyptique, plongée dans un silence « où l’on entendait même pas un confetti tomber ». Mais en ce jour de levée des masques, et de retour sur la scène de ces comédien.ne.s pour qui le théâtre est bien plus qu’essentiel, la pièce ne pouvait que nous porter vers la fête retrouvée, après ce mauvais rêve éveillé. De celle du collectif choisi, loin des interactions sociales non désirées, de celle du petit comité, de la famille et des être-aimé.e.s, de celle qui libère les êtres sans en exclure aucun.e, de celle qui donne de l’énergie au coeur de nos vies. La fête est finie, vive la fête !
« Le silence des confettis » est à découvrir à la Bulle Bleue jusqu’au samedi 19 juin (réservations auprès du Printemps des Comédiens).
Photos : Fafa Serres.
NB : Clara Mure a souhaité utiliser l’écriture inclusive pour ses articles dans LOKKO mais des divergences de points de vue s’étant exprimées dans le collectif LOKKO à ce sujet, ce n’est pas la règle commune…