Clip avec Clodettes masculines, album 11 titres « Comme des Mots », superbement écrit, élégant et puissant, réalisé au studio Ma Ferme à Sérignan par le génial Philippe Uminski. En français dans le texte ! Un gros coup de cœur d’Emmanuel de Roquetaillade pour l’auteur-compositeur-interprète montpelliérain Tom Guibal.
On le connaît comme guitariste des tonitruants « Barbiches Tourneurs ». Un combo qui nous livre des reprises survoltées de standards pop et rock. L’un des groupes les plus actifs sur scène dans la région. On sait qu’il écrit pour d’autres. On découvre enfin son véritable univers, personnel, intime, et particulièrement attirant.
Tombé dedans
Tom Guibal a toujours vécu avec la musique. Sa maman étant pianiste concertiste. Son père comédien, également épris de chanson française. De quoi se créer une vocation.
Dès son plus jeune âge, il est bercé par les œuvres de Chopin, de Beethoven, de Rachmaninov. Mais aussi par Brel, Brassens et même Serge Lama. Plus tard, à l’adolescence, c’est le rock américain qui l’emporte : Pearl Jam, Nirvana, les Red Hot Chili Peppers . Les Anglais aussi : Radiohead, U2 et The Cure en tête. Il y a aussi Jean Jacques Goldman, étonnamment, référence revendiquée par l’artiste. Savant mélange des genres…
Tom Guibal est également un fervent amateur des musiques de films. Logique pour celui qui possède un master en cinéma, maîtrisant aussi bien la réalisation que l’aspect montage et scénaristique.
« Cracher mes mots, juste à en crever »
Avec « Comme des mots », son premier album solo, il fait preuve d’une maturité déconcertante. Le garçon maîtrise les instruments, de la guitare au piano en passant par la basse. Mais il y a surtout cette voix, identifiable entre mille, juste, chaude, lumineuse. Et de vrais et beaux textes, volontairement écrits en français, ce qui n’est pas anodin.
Il y a à la fois de la pudeur et une douce désinvolture dans cette écriture. Une plume qui respire la sincérité. Car ce type-là ne triche pas. Il ne se veut pas revendicatif. Il observe le monde qui l’entoure, à commencer par le sien. Il constate mais ne se veut pas véhément, moraliste. Même s’il emploie, toujours avec une certaine pudeur, le « je », cet album parle aussi de « l’autre ». Une vraie preuve d’empathie. Tom Guibal sait nous parler mais il sait aussi écouter. Une forme d’intelligence rare par les temps qui courent !
C’est avec le titre « Comme des mots » que s’ouvre cet album onze titres. Des ondes radios qui s’entremêlent, et puis l’arrivée progressive d’un mur du son de guitares saturées. Des couplets écrits avec une vraie personnalité, celle d’un artiste entier, qui sait se livrer avec sincérité. Et puis débarque ce refrain qui va longtemps rester ancré dans nos cerveau, et ce fameux « toujours voulu jouer, et cracher mes mots, sentir les sons, les notes comme les mots, jouer à en crever et cracher mes mots« . Imparable ! Un titre qui annonce d’entrée de jeu que cet album va nous procurer des sensations intenses, véritables, et humaines.
C’est sur ce titre, single dévoilé au printemps en avant première de l’album dont la sortie est prévue en fin d’année, que l’artiste a réalisé le premier clip d’une longue série. Des images fun, en noir et blanc dans lesquelles l’auto-dérision est de mise. Sans gâcher nullement la tension du titre. Les attitudes rock’n’roll largement caricaturées laissent ensuite la place à des chorégraphies totalement décalées. Et ça nous fait marrer. Un final où une sorte de Claude François accompagné de ses « Clodettes » -masculines- en ligne de mire : l’imagination est encore au rendez-vous. Et surtout, conseil d’ami, regardez bien jusqu’au bout, une surprise vous attend. Une réalisation là aussi très personnelle. Tout simplement un petit bijou d’inventivité.
Que dire du reste de l’album ? Il n’y a rien à jeter. Sur chaque titre, on retrouve bien sûr quelques influences. Noir Désir et Eiffel sur « Nous fuyons », Muse sur « Mieux comme ça », un zeste de Bashung sur « Tes ailes », et j’en passe. Mais Tom Guibal a trouvé sa voie en même temps qu’une voix à laquelle on s’attache dès la première écoute. Et puis il y a ce titre « De Nouveau », que Goldman n’a pas écrit. Tant mieux pour Tom, c’est un tube en puissance ! Espérons que les programmateurs radios auront les oreilles débouchées, pour une fois, afin de diffuser abondamment ce titre imparable. Un album qui se conclu par un titre très personnel, « Je suis vous », hommage à son père, à sa mère. On écoute, on se tait, on ferme les yeux.
Pour ce projet, Tom Guibal a su s’entourer. Il y a bien sûr Yvan Paul Houët, sacré, batteur. Mais, surtout, il a pu convaincre le génial Philippe Uminski. Non seulement ce dernier maîtrise à merveille une bonne partie des instruments (guitare, piano, programmations) mais il est surtout un réalisateur de génie. Pour preuve, celui-ci a notamment collaboré avec Johnny Hallyday, Calogero, Julien Clerc, La Grande Sophie, Cyril Mokaiesh et même le célèbre groupe Britannique Archive. Excusez du peu ! Uminski est un orfèvre des consoles, il apporte une touche qui n’appartient qu’à lui. Et ça s’entend, ça se ressent à travers cette production à la fois dynamique et léchée, foudroyante et tendre. Selon les instants. Un Maître, tout simplement, qui apporte à cet album, enregistré au studio Ma Ferme à Sérignan, ce plus qui manque tellement à la plupart des productions réalisées en France. Il sait aisément, à titre d’exemple, faire rentrer un quatuor à cordes et le mêler à des guitares que ne renierait pas un Jack White ou un Iggy Pop. Incollable sur l’histoire du rock’n’roll, Uminski a su aussi laisser le son s’ouvrir sur des titres plus intimistes.
On l’a compris, « Comme des mots » est un album coup de cœur. J’aurais eu énormément de scrupules à ne pas en parler ici. J’espère que d’autres, nombreux, vont l’évoquer, le diffuser, s’en abreuver.