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« Dune », un blockbuster d’auteur

Après avoir brillamment porté la suite de « Blade Runner » sur grand écran, Denis Villeneuve se paye l’adaptation la plus périlleuse du cinéma : « Dune » de Frank Herbert. Le roman SF culte des années 60 a donné le vertige à plus d’un cinéaste. Qu’en est-il pour le plus hollywoodien des Québécois ? Entre blockbuster et film personnel, entre spectacle épique et grand film politique, Denis Villeneuve réussit une adaptation originale de la saga littéraire.

Une épice aux pouvoirs magiques

« Dune », c’est avant tout Timothée Chalamet dans le rôle de Paul Atreides, un premier de la classe bien préservé par papa et maman et dont le destin s’annonce corsé. Il va devoir sauver son peuple sur une planète faite de sable et de gros verre de terre, la plus dangereuse de l’univers, qui produit la ressource la plus rare au monde : une épice qui décuple la puissance de l’humanité… La galaxie entière cherche à contrôler ce lieu aussi dangereux que précieux. S’ensuivent des combats d’une rare violence pour savoir qui sera le souverain de cet inestimable désert de sable. Les conflits sont brutaux et meurtriers, et d’un plan à l’autre, on peut voir disparaître du générique un personnage important de la saga…

Il s’agit d’un des films les plus chers de ces dernières années : presque 200 millions de dollars au budget. Le casting réunit le tout Hollywood. Mais Denis Villeneuve ne se laisse pas impressionner par l’ampleur de son propre projet. Il propose bel et bien une interprétation personnelle et franchement rafraîchissante de la saga d’Herbert. Chaque plan, chaque costume, chaque jeu de lumière est mis au service d’une réalisation ultra sophistiquée participant à la vision très sombre de cette histoire faite de trahisons, de deuils et de monstres. Une esthétique sombre et inquiétante qui s’allie de manière assez improbable à des décors, des objets et des costumes très géométriques. La puissance des vastes espaces habités par des créatures tout aussi démesurées nourrissent un sentiment de vertige très fort chez le spectateur, renforçant le mythe comme creuset des émotions les plus antiques et tragiques de l’humanité.

Aussi épique que pointu on pourrait se demander comment « Dune » est arrivé à convaincre les producteurs tant l’histoire complexe de ce monde impérialiste aux enjeux ultra politiques ne relève pas franchement des canons des blockbusters de son époque. L’ambition première du film est de raconter rigoureusement la complexité d’un monde, sans faire de compromis avec le roman. C’est un pari réussi donnant de la densité au film. On sent que « Dune » fait partie des films qu’on regardera plusieurs fois pour en saisir les subtilités dans la veine de Peter Jackson et son adaptation des livres de Tolkien. On ressort bluffé de 2h30 de telles prouesses cinématographiques, offrant des images jamais vues, d’un OVNI aussi cérébral que contemplatif, dans une mise en scène travaillée au cordeau.

Timothée Chalamet campe son personnage avec la sensibilité qu’on lui reconnaît. Pour certains, l’expérience sera sans doute asphyxiante : un ou deux moments à vide auraient été salutaires. On regrettera aussi un Hans Zimmer peu inspiré, une bande-son pas toujours pertinente, parfois à la ramasse de la mise en scène de Villeneuve.

On le sait, le cinéaste n’a qu’une seule hâte : porter à l’écran deux suites à ce premier volet. On se le souhaite autant qu’à lui.

 

« Dune » de Denis Villeneuve, Etats-Unis, 2021, 2h36, avec Timothée Chalamet, Rebecca Ferguson, Oscar Isaac, Zendaya, Charlotte Rampling, Javier Bardem, Josh Brolin…

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