Mourad Merzouki, le solaire, générateur de joie

« Une grande claque de plaisir », encore une fois, pour les 4 représentations de « Folia » de « Mourad le nucléaire, fusionneur d’univers, et Merzouki le solaire, générateur de joie de vivre ». Ovationné par 8000 personnes à l’Opéra Berlioz de Montpellier.

« Venu du hip hop »

Pas une présentation, pas une biographie où il n’est pas mentionné que « Merzouki  vient du hip hop », comme si cela relevait à ce point de l’évidence qu’il n’était même plus besoin de se demander ce que ça veut dire, en vrai, « venir du hip hop ». Si on veut dépasser l’image des gamins des quartiers-cités qui canalisent leur violence dans des battles rythmées, on peut aller sur ici et regarder quelques vidéos. Et constater que, dans la hype, le krump, le breaking ou le New Style, ce qui s’impose, chaque fois, c’est cette putain d’énergie. Ce truc presque indescriptible qui propulse les corps au sol, les fait se déhancher, se tordre, convulser presque, mais surtout rebondir, jaillir ; une force, une puissance, cette chose mystérieuse qui fait que, même à terre, les humains parviennent encore à se relever.

Tarentelles sur les pointes

De cette énergie, l’artiste « venu du hip hop » se sert pour fusionner les mondes et tout comme il a su unir danse des rues et danse classique, il continue, dans « Folia », de conjuguer la culture de l’Humanité au pluriel. Souvenons-nous : dans « Boxe Boxe » (2010), le ring servait de scène à un orchestre de chambre ; dans « Pixel » (2014) les nouvelles technologies envahissaient l’espace-temps ; et dans « Vertikal » (2018), les dimensions de l’espace jouaient à l’apesanteur. Dans « Folia », reçu par Montpelllier Danse cet automne, une chanteuse fleurit puis disparaît, des airs de Vivaldi (mais pas que) marient clavecin et musique électronique, les tarentelles se dansent sur les pointes, le derviche tourne au son du théorbe, et il y a comme une ivresse à assister à la nouvelle magie de Merzouki.

Pas la vitalité, LE vital

Dans le public, on notera qu’il y a toujours quelqu’un pour évoquer « la vitalité » du chorégraphe lyonnais. Mais ses chorégraphies ne sont pas de « la vitalité ». Elles sont LE vital. Elles sont le sang dans nos veines, l’oxygène dans nos poumons, un big bang baroque où même la douceur est pulsation, la lenteur toujours un peu popping. Elles sont ces alliances si surprenantes, si osées, parfois, métissages incandescents, que leur évidence finit par s’imposer, toujours. Il n’y a pas de place pour les grincheux et les amateurs de cloisons, cette compagnie appelée Käfig (cage) fait voler en éclat ces barreaux qui nous bouchent la vue, grandiose, sur les richesses de notre monde.

Le fusionneur d’univers

Mourad le nucléaire, fusionneur d’univers, et Merzouki le solaire, générateur de joie de vivre, transition énergétique à chaque fois renouvelée, qui gagne jusqu’aux derniers rangs de spectateurs enthousiastes car oui, à chaque fois, à Montpellier, on se lève tous pour Merzouki, et on les acclame, lui et sa troupe, on les remercie pour cette grande claque de plaisir qu’on vient encore de se prendre.

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