A la tête du Centre chorégraphique national de Montpellier où il a entamé son 3ème mandat, Christian Rizzo a présenté sa nouvelle création : « Miramar » au théâtre de Nîmes. Inaugurée à Bonlieu en janvier 2022, elle sera présentée en novembre 2022, dans le cadre de la saison Montpellier Danse.
Baigné de tons émeraudes et de sons saturés, le plateau surnaturel et lovecraftien de Miramar n’a rien du rivage insouciant qu’évoque initialement son nom. Dans cette pièce chorégraphique clôturant le triptyque commencé par l’incantatoire cortège d’Une Maison, prolongé par le discret solo d’En son Lieu, Christian Rizzo dessine la suite d’une cartographie intime, où des jalons imperceptibles s’animent comme des lucioles au crépuscule.
Tout commence par un solo de Vania Vaneau, légère et tourbillonnante telle une petite Fadette au bord d’une rivière animée par le feu follet. En l’air, au sol, les minutes de la danseuse virevoltent, d’un bout à l’autre de la scène, qu’elle occupe aisément tout entière avec une force renouvelée à chaque élan. Les 9 autres danseurs abordent son champ d’action en remontant le plateau d’un même pas et rappellent la fratrie d’ « Une Maison », avec ses rondes de groupe et ses grands déplacements sous des néons assemblés en mobile lumineux.
Sous une nouvelle forme de voûte éclairée, ils dansent ensemble, se détachent en trios, continuent à investir cette rive surnaturelle imaginée par Christian Rizzo. De plus en plus dos au public au fil des minutes qui s’écoulent, « Miramar » convoque particulièrement ses danseurs vers un horizon magnétique, qui attire irrésistiblement le regard vers de « noirs océans d’infinitude ».
Opus le plus spirituel clôturant cette trilogie des lieux, cette création flirtant avec l’au-delà, s’oppose à la dimension tellurique et l’ancrage d’ « Une Maison », traversée par les époques et les générations. Cette fois, la mélancolie n’est plus liée au signifié, mais au signifiant même, de la musicalité du titre « Miramar », au travail sur l’acoustique de l’ensemble du spectacle, qui agit comme un ressac, charriant l’acceptation, l’espérance et la foi.
À la fin, l’apparition d’un mirage qui emprunte au merveilleux parachève ce voyage immobile, où seule la grâce peut ponctuer à ce point l’acceptation et la narration de l’éphémère.
Photos crédits Marc Domage.