Mémonum : trip numérique dans la mémoire locale

La nouvelle version de la bibliothèque numérique de la médiathèque centrale Émile Zola est l’album en haute définition de la mémoire locale. Un peu pour happy few (plutôt réservée aux chercheurs), elle s’est enrichie du fonds Gallica de la Bibliothèque nationale. 1 million de pages en tout ! Passionnante et ardue, cette e-bibiothèque mériterait une version expurgée pour le grand public.

Depuis plusieurs années, le Réseau des Médiathèques de la Métropole de Montpellier s’est engagé dans la numérisation de l’ensemble des archives de la médiathèque centrale avec quelques nouvelles acquisitions, notamment les manuscrits des mémoires de Cambacérès, le père montpelliérain du Code civil. Signé en 2019, un nouveau partenariat a permis à Mémonum de reprendre à son compte l’infrastructure de Gallica, la bibliothèque patrimoniale numérique de la Bibliothèque nationale.

On y va !

Trois grands pans des archives de la médiathèque centrale sont mis en valeur sur la page d’accueil. D’abord, les livres précieux et des titres de presse régionale, également “Montpellier et sa région”. Cette collection au nom assez simple et littéral est en quelque sorte le point de départ du projet de bibliothèque patrimoniale numérique. La collection regroupe sous ce thème des documents de formats et supports assez divers comme des affiches touristiques, des cartes et des plans, mais aussi des gravures et dessins représentant Montpellier et l’Hérault.

Le texte précise, dans la sous-collection “Monuments et sites d’Occitanie”, que ce projet s’est conçu dans un premier temps comme “une base iconographique” à feuilleter “comme un album d’images”. Un album d’images d’une diversité et d’une richesse scientifiques remarquables, puisqu’on y trouve des livres précieux imprimés qui datent des débuts de l’imprimerie à ceux de la médecine moderne. Le fond médailler montre lui des monnaies royales françaises aux monnaies antiques en passant par les matrices de ces pièces.

Un moteur de recherche en mode Petit Poucet

On peut utiliser Mémonum à partir de l’onglet “Nos collections”, ce qui rend la navigation plus aisée et plus guidée. Dans l’onglet “Focus”, qu’on vous recommande, on trouvera des perles comme des manuscrits de Cambacérès, mais aussi des cantiques populaires catalans ou castillans, des représentations de “la Nature à l’époque moderne” et des ouvrages d’anatomie de la Renaissance.

Dans le rédactionnel de présentation, des hyperliens de couleur bleue dirigent vers des thématiques plus restreintes et plus ciblées : par exemple, uniquement des documents qui ont à voir avec le canal du Lez. En bas de page, un bandeau renvoie vers l’ensemble de la collection.

Des documents à partager sur Facebook et Twitter

Ces images d’illustration se colorent d’un filtre jaune quand la souris passe dessus : quand on les ouvre, c’est une page dédiée uniquement à cette image qu’on peut agrandir à l’envi, télécharger ou partager par mail ou sur les réseaux sociaux. Sur la gauche, une colonne qu’on peut rabattre, où figure une fiche d’identité de l’image ainsi que les thèmes auxquels elle se rapporte.

Sinon, on peut se lancer avec l’outil de recherche. Beaucoup de filtres disponibles, à commencer par celui du format : “Manuscrits”, “Cartes”, “Images” ou “Tous” confondus. On pourra aussi affiner sa recherche par auteur, par thème, par année, ou même par institution. À partir du moment où on lance la recherche, attention aux clics malheureux. La “recherche” se présente sous la forme d’une liste plus ou moins longue, tout dépend de ce qu’on a sélectionné. Pour une meilleure utilisation de ces listes, ne pas hésiter à faire des clics droits de la souris et ouvrir les pages dans un nouvel onglet. Cela permettra de pouvoir revenir facilement en arrière, et, comme le Petit Poucet, de garder la trace de son chemin. Pour éviter les clics intempestifs, on peut placer la souris quelques secondes au-dessus d’un résultat intéressant : ainsi, l’image correspondante s’affiche en plus grand sur l’écran.

Gratuit, pas d’heure de fermeture

Pour rappel, les 22 000 titres issus des archives de la médiathèque centrale Émile Zola sont visibles et consultables gratuitement sur place, à la médiathèque, avec les contraintes inhérentes à la bonne conservation des précieux documents physiques, en particulier la prise de rendez-vous avec pas plus de 4 documents sélectionnés pour la visite. Avec la numérisation de ces fonds, les avantages sont clairs : pas d’heure de fermeture, la possibilité de zoomer sur des détails qu’on n’aurait pas relevé à l’œil nu. Pour David Jonathan Benrubi, l’intarissable et inspiré directeur du Réseau des Médiathèques de la Métropole que LOKKO a rencontré, c’est aussi un juste retour des choses que de rendre ces collections patrimoniales accessibles “aux contribuables qui financent les lieux de conservations de ces archives“.

Les manuscrits de Nestor Burma

Évidemment, Mémonum ne s’adresse pas à tous les publics. La structure de la bibliothèque numérique est efficace et fonctionnelle, mais ses nombreuses ramifications sont complexes. David Jonathan Benrubi en convient lui-même : Mémonum est fait en premier lieu pour les chercheurs et les historiens. Viennent ensuite les créateurs, artistes de l’image et auteurs de l’écrit, et enfin le grand public. Une certaine tranche du grand public qui “manifeste déjà un intérêt et une curiosité pour le patrimoine et possède en outre une maîtrise suffisante de ses outils numériques”. Si ces deux conditions sont réunies, l’usager trouvera sur Mémonum des documents qui lui permettront, selon le mot de Benrubi “de réfléchir à son histoire et de rêver”. Si les bulletins de la société archéologiques ne sont pas de nature à passionner les foules, en revanche, on est heureux d’y découvrir les manuscrits de Léo Malet, le père de Nestor Burma (photo ci-dessus) avec des documents donnés par son fils en 2006 qu’on peut télécharger dans leur totalité. Mais rien sur les fonds Frédéric Jacques Temple et Yves Navarre. En tout cas, on n’a rien trouvé.

Une bibliothèque-monde

L’autre innovation de cette bibliothèque numérique, due à un travail colossal de Jean-Marie Feurtet, c’est quand même la possibilité de retrouver, en plus des documents du réseau montpelliérain, des documents de la bibliothèque du Carré d’Art de Nîmes ou encore de la Bibliothèque numérique de la statistique publique créée par l’Insee. Le partenariat signé avec la Bibliothèque nationale fait entrer Mémonum dans la communauté “Gallica marque blanche”. Ainsi, les fonds de Mémonum enrichiront réciproquement les fonds des autres partenaires de Gallica “pour une diffusion toujours plus large du patrimoine”.

Mémonum, c’est ici.

PHOTOS

La page d’accueil avec le nouveau fonds Cambacérès, une belle collection d’affiches de la fin du XIXe aux années 30 (à la UNE également), le récit de la peste à Montpellier en 1629 par François Ranchin, une « Histoire naturelle des grenouilles » de 1758, l’ancienne bibliothèque au musée Fabre, de nombreux manuscrits de Léo Malet, le père de Nestor Burma.

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