Artiste associée au Centre chorégraphique national de Montpellier, Vania Vaneau y a présenté “Nebula” qui envisage le corps aux prises avec un ancien monde qui finit et un nouveau qui advient.
Née à Sao Paulo en Brésil, formée à l’école P.A.R.T.S à Bruxelles, licenciée en psychologie à l’Université Paris 8, puis interprète chez Wim Vandekeybus, Maguy Marin, Yoann Bourgeois et Christian Rizzo, Vania Vaneau “s’intéresse aux multiples strates physiques et psychiques qui composent le corps humain dans un rapport de continuité avec l’environnement naturel et culturel dans lequel il évolue et qui l’entoure”.
Au beau milieu d’une scénographique animée de formes concentriques ; au sol, du charbon pillé, en l’air, des disques métalliques, Vania Vaneau donne le ton de “Nebula”, solo dystopique, où le chaos et l’harmonie ne tardent pas à se rencontrer.
Ici, l’esthétique rétro-futuriste, tout droit héritée de la science-fiction des années 50, présente autant de combustible que d’éléments d’aluminium et prend l’ascendant sur le corps de la soliste. En effet, si Vania Vaneau se sert tout d’abord du décorum en place, porte un à un les éléments scéniques comme véritables objets de découverte et curiosité, elle tend à se fondre progressivement dans ce dernier. Pendant sa progression au plateau, elle danse évidemment, mais organise aussi la disparition du corps initial.
Recouvert de charbon, ses mouvements deviennent plus percutants alors que sa chevelure s’agite, avec une ampleur qui donne à ses spirales, une dimension tribale. Tellurique, la danse de Vania Vaneau raconte à la fois la fin d’un cycle et annonce ce qu’il va advenir. En cela, une telle métamorphose va chercher du côté des codes narratifs du merveilleux, auxquels participent les feuilles dorées dont la chorégraphe-interprète se recouvre le visage et les pieds, avant d’entamer la conquête totale du plateau. On se souvient qu’en littérature, le personnage de Peau d’Âne se recouvrait également autrefois, disparaissait, afin de gravir, tout aussi seule, des chemins de traverse.
Trajectoire fantastique et caractéristiques anthropomorphiques dialoguent avec ces histoires aux revers psychanalytiques. Par ce prisme, le langage chorégraphique de Vania Vaneau structure bel et bien l’évolution de “Nebula” en conte où se mêlent mise à l’épreuve et propriétés magiques. Ramifiée à l’engagement de la compagnie Arrangement provisoire, auprès des associations de protection de l’Amazonie et de défense des peuples autochtones, l’oeuvre prend une résonnance irréversible, où son basculement prépare sur le fond, comme sur le plan formel, l’avènement d’un monde différent, conquis et non soumis. Sans discours, ni morale, mais entre songe et folklore, l’artiste offre un tableau flamboyant de mise en route vers la liberté.
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