Vue par 3 à 4 millions de téléspectateurs chaque jour, la série-vedette de France 2 donne une image déplorable du métier de journaliste à travers le personnage de Lucile qui travaille à « Midi-Libre ». Une contre-performance assez insondable…
Dans « Inventing Anna », sur Netflix, ce film captivant sur l’histoire vraie de l’arnaqueuse russo-allemande, Anna Sorokin, connue sous le nom d’Anna Delvey, il y a un superbe portrait de la journaliste qui a sorti l’affaire, Jessica Pressler du New York Magazine.
Dans le fascinant « The Journalist », du japonais Michihito Fujii, une opiniâtre et courageuse journaliste dévoile une énorme affaire de corruption dans son pays. Un thriller inspiré d’un scandale ayant impliqué l’ancien premier ministre Shinzo Abe.
Dans « Sex and love around the world », tout aussi fascinant, et également sur Netflix, la journaliste de CNN, Christiane Amanpour parcourt le monde pour découvrir la multitude des sexualités.
De brillantes réalisations à la gloire du journalisme. Suivre à leur suite les aventures de la journaliste du feuilleton quotidien de 26 minutes sur France 2, vaisseau-amiral de la nouvelle filière télévisuelle en Occitanie (*), provoque un sentiment mitigé entre franche rigolade et consternation.
Le personnage de la journaliste, Lucile, incarnée par deux jeunes femmes qui se sont succédées au casting (Naïma Rodric, à la UNE puis Alicia Dadoun, sur la photo ci-dessus) est du genre sans foi ni loi, sexy et ambitieuse. Dans les derniers épisodes, elle tente de faire un reportage sur un dealer mais c’est compliqué… Il est mignon…
-« Vous êtes plus belle que je ne l’imaginais au téléphone ! »
-« Merci, c’est gentil ».
La Rouletabille montpelliéraine va-t-elle faiblir devant ce magnifique marchand de drogue qui vient d’avoir un arrivage et lui montre des sachets de poudre blanche ? (« Fais toi plaisir ! ») On ne la sent pas complètement droite dans ses bottes malgré sa nouvelle carte de presse. Le souci, c’est que son petit ami est flic. Qu’il sent que quelque chose ne va pas : elle a la tête ailleurs, elle rentre tard. Il fouille dans ses affaires, regarde son smartphone, découvre son lien intime avec ce Dom Juan de la coke qui veut lui piquer sa copine… et le fait arrêter sans hésiter. Mais furieuse, celle-ci va vendre la mèche à l’avocat de son nouvel ami délinquant, qui va heureusement le faire libérer très vite arguant d’une interpellation abusive.
Une héroïne borderline en voleuse de petit vieux
Vite remise de ses émois, elle va vivre sans transition un nouvel épisode de son existence tumultueuse de « localière » en participant au cambriolage d’un homme en fin de vie qui lui vaudra une garde à vue : elle a un ami infirmier qui a des soucis d’argent et c’est bien volontiers qu’elle l’accompagne une nuit chez son ancien patient où il est assez facile de dérober 300 000 euros. D’où le flingue sur sa jolie tempe un peu plus tard d’une brute surgie de nulle part qui veut aussi le pactole du mourant etc…
Il se trouve que cette journaliste de fiction travaille dans un quotidien bien réel : « Midi-Libre ». On en voit les locaux, assez régulièrement, et les équipes. Il est « le journal » comme on disait à l’époque en l’associant, dans l’imaginaire collectif, à la baguette de pain quotidienne. Il est lu par tous, de manière quasi exclusive, donnant l’impression d’un désert de presse autour. Cette vision caricaturale de la presse de territoire relève-t-elle des seules représentations de la production parisienne ? Le journal-partenaire a t-il quelque chose à voir avec la délirante construction de ce récit ?
flamantrose.com
Seule exception à cette hégémonie midilibresque d’un autre temps : un certain flamantrose.com censé incarner ce qui se fait d’autre en matière de presse locale en ligne… Une scène, plus ancienne, est très emblématique : devant la (vraie) Brasserie du théâtre, une journaliste de ce flamantrose.com aborde avec insistance une jeune femme qui vient de perdre sa mère, assassinée chez elle, dans sa baignoire. Endeuillée, la jeune orpheline refuse tout contact mais la journaliste indélicate prend quand même des photos d’elle puis se sauve lâchement pour s’engouffrer dans sa voiture garée non loin.
Entre France Télévision et « Midi-Libre », quel deal de notoriété a pu être passé qui aboutisse à un tel catalogue des dérives et des médiocrités de la profession ? Il faudrait faire l’étude précise des étymologies associées au métier dans « Un si grand soleil » : « charognard », « pute à clics », « torchon » sont des occurrences…
(*) Relire à ce sujet, notre article dans LOKKO
Je pense qu’on ne peut pas mettre sur un même pied d’égalité un personnage développé dans un long-métrage et un personnage, même récurrent, qui apparaît par bribes dans une série. Par ailleurs, il s’agit de « fiction » et là tout est dit. Le but n’est pas d’illustrer une réalité au plus près mais de mettre un personnage au service d’une histoire fictionnelle. On peut faire le même procès pour de nombreux métiers du petit écran mais aussi du grand…en premier lieu des images du policier…
Peut-être aurait-il été plus intéressant d’analyser plutôt que simplement décrire les scènes mais aussi échanger avec la production et/ou Midi Libre pour avoir leur version ?
Bien vrai et le changement de casting en cours de vie du personnage de la journaliste, on en reste pantois. J’ajouterai aussi que contrairement aux débuts de la série où des messages éducativo- sociaux étaient diffusés ( contre les violences faites aux femmes par exemple, cause animale, écologique etc.), depuis quelques temps ils ont disparu et par contre tous les personnages ont un rapport douteux à l’éthique et à la légalité à commencer par le procureur lui même. C’est du grand n’importe quoi cette fiction du service public!
Rien d’étonnant à cela compte tenu de la médiocrité de cette série et de son manque d’ambition.
Faut-il attendre que de tels « dérapages » (contrôlés) atteignent l’exercice du journalisme pour découvrir que c’est l’ensemble de cette série qui discrédite la Région et France2,à coup de faussetés, tant au niveau des pseudos intrigues, que de la nullité des personnages et de leurs interprètes…Ce n’est même pas au niveau des littératures de hall de gare…mais ça veut faire croire que c’est populaire, en faussant (comme les réseaux dits « sociaux) les sens du réel et de la fiction.C’est la mauvaise soupe que nous sert d’office le Service public TV à la suite de son Journal. Pour celles et ceux(déjà contaminé(e)s et peut-être à croc de cette duperie généralisée?),qui penseraient que j’exagère, et qu’il ne s’agit que pure objectivité de ma part, je propose le test suivant: (1) sur n’importe quel épisode coupez le son, et ne regardez attentivement que les images (2) faites de même avec les images,ne gardez que le son sans regarder…Vous serez surpris par les abîmes d’indigences extrêmes des personnages, des situations (et des jeux d’acteurs-actrices, poussé(e)s à de telles médiocrités d’interprétation, s’ils veulent gagner leur vie, et échapper à l’intermittence?..).Vous serez surpris(es) de reconnaître des propos courants, qui vous sont familiers, comme vous serez séduit(e)s et ému(e)s de reconnaître ces vues et coins de la Région…ce sont les moyens et recettes en effet de cette Production pour nous hameçons et nous faire « prendre les vessies pour des lanternes ». Beurkh!!!
A nous de dire que la Région et chacun(e) de nous-mêmes valons mieux que tous ces pseudos de bas étages et pacotille…