Virage national pour la jeune Héloïse Buonomo, aka Ekloz, avec une sélection pour l’édition 2022 du Printemps de Bourges, festival printanier des musiques actuelles où elle est programmée ce vendredi.
Celle qui a découvert le rap français de niche “à 15 ans, sur le terrain, à l’occasion d’Open Mic et de concerts” a été sélectionnée grâce au tremplin des iNOUïS du Printemps de Bourges, dispositif national de repérage, de sélection et d’accompagnement de jeunes artistes, qui a eu lieu à la salle de concert Victoire 2. Un accompagnement qui consiste en une résidence scénique, une aide à la communication et du conseil en stratégie. Pas rien.
Au Printemps de Bourges, sa prestation scénique s’accompagne en amont d’une semaine de stage de structuration professionnelle animé par des bookers, managers, éditeurs, programmateurs, et de rendez-vous avec des professionnels. De quoi acérer et étoffer la jeune rappeuse montpelliéraine d’adoption avant le grand bain national dont la «vraie life» est celle d’une jeune Sétoise queer et tatouée de 22 ans. Appréciée dans le milieu LGBT, Ekloz défend la place des femmes dans le milieu du rap dans ses textes, et dénonce la violence dont beaucoup sont victimes. Elle cite volontiers comme référence des figures comme Aretha Franklin.
Pour en arriver là, il aura fallu 5 ans de travail acharné, beaucoup d’investissement personnel et du temps, bien sûr : “ Cela fait longtemps que je bosse dans l’ombre, explique-t-elle à LOKKO. Au départ, ça n’a pris qu’à échelle locale ”. C’est le rappeur sétois Demi Portion qui flaire, au départ, sa plume aiguisée et son phrasé affûté. Un passe-droit pour une invitation à son Demi Festival en 2019, propulseur de talents locaux (photo ci-dessous).
Mais l’ambition d’Ekloz ne se résume pas à écumer les plateaux locaux, ni même régionaux. “ Le rap d’ici est une niche dont je ne veux plus participer, il y a un côté enfermant ”. Si son premier EP Dolce Vita sorti en 2018 offre une première esquisse, et DIMENSION l’année d’après de confirmation, ce sont Resilience (2020) puis Resilience vol.2 (2021) qui intriguent : jusqu’où peut aller la jeune sétoise ?
À l’écoute de ce dernier album, on sent plus de maturité. La direction artistique est étoffée, tout comme la palette vocale de l’artiste. On passe aisément de morceaux sentimentaux et mélancoliques comme Eclipse, à d’autres comme le banger agressif Burn Out, ou à Le pari et sa trap nerveuse. Un album ou la mise à nu semble aussi plus assumée, peut-être davantage que sur ses anciens projets. Son dernier single Waves en est l’apogée, dans lequel des thèmes comme les questionnements amoureux ou l’alcoolisme sont évoqués. “C’est ma vraie life, Waves est le projet le plus personnel que j’ai sorti jusqu’à présent ”.
Le Printemps de Bourges pourrait bien torpiller Ekloz sur la scène nationale, mais c’est aussi le Dour Festival, événement belge à renommée internationale, qui est dans son viseur : « Aujourd’hui, j’ai trouvé ma voix. Je sais davantage ce que j’aime faire. J’ai eu l’habitude de donner, moins de recevoir. Après Bourges, Dour est mon prochain objectif ”.
Ekloz se produit ce 22 avril prochain pour la 46e édition du Printemps de Bourges, et le 7 mai prochain à Victoire 2.
Tom Hgn pour les photos.