Romain Tarrusson est le fondateur du festival “What A Trip” à Montpellier, qui a lieu jusqu’au 26 septembre 2022. Pour LOKKO, cette figure du grand voyage évoque une question brûlante : le bilan carbone des trajets en avion, le futur label environnemental de son festival. Et prône le voyage de proximité.
LOKKO : Comment avez-vous eu l’idée du festival ?
Romain Tarrusson : J’ai imaginé “What A Trip” il y a un peu plus de 7 ans. J’ai voyagé un peu partout notamment en Asie du Sud-Est. Lors d’un retour d’un long voyage en Birmanie, je suis allé travailler dans une association qui traitait des sports de pleine nature (une de mes passions). J’y ai découvert un festival de films documentaires de voyages, “Le Grand Bivouac“, et quand j’ai vu cet événement je me suis dit : “c’est ça qu’il faut à Montpellier !”. L’idée est entrée dans ma tête et elle n’en est plus sortie. J’ai commencé à travailler sur un business model et ai contacté les services de la métropole. J’ai rassemblé une équipe, neuf personnes dont les membres d’un collectif qui s’appelle Solidream, (des jeunes d’Aigues-Mortes qui ont fait le tour du monde en vélo pendant trois ans et qui avaient une connaissance du milieu des festivals de films documentaires) et c’est là que tout est parti.
“Les 147 items, on va y arriver petit à petit”
LOKKO : Lors de la conférence de presse, vous avez évoqué l’obtention en cours d’un label environnemental, pouvez-vous nous en dire plus ?
Romain Tarrusson : On travaille avec une association, qui s’appelle Elémen’terre basée à Toulouse, et qui a mis en place ce nouveau label. L’association s’est rapprochée de 17 événements en Occitanie, devenus des “événements pilotes”, dans le but de tester la “faisabilité” de ce label. Pour obtenir ce label, 147 items doivent être respectés. 17 événements dans la Région Occitanie tour à tour, se sont auto-évalués. Nous serons nous-même évalués par un autre festival et par Elément’erre afin de prouver que les critères sont réalisables et que les niveaux de labellisation sont aussi possibles sur le terrain. Nous avons pris part à ce projet car nous n’avons pas les moyens d’adhérer à la norme ISO 20121 qui concerne plutôt les grandes structures. Obtenir les items est un travail de longue haleine. On en a déjà beaucoup qui sont validés, certains même depuis la création du festival. L’objectif, c’est d’arriver à cocher chacun de ces critères (*) en trois ans.
“On a un rôle important de sensibilisation”
LOKKO : Sur le site web du festival, on peut trouver votre charte RSE (la contribution des entreprises aux enjeux du développement durable). Quand a-t-elle était conçue ?
Romain Tarrusson : Dès la première année de What A Trip, il y avait un accord moral entre les membres du festival. Nous sommes une association (l’AFIVAM), et si les personnes qui s’engagent sont toujours là, c’est parce que derrière tout ça, il y a des valeurs qui sont fortes. Parmi celles-ci : le respect de la planète, de l’environnement, le respect des personnes et le soutien aux causes qui nous tiennent à coeur. Depuis un an, nous avons mis en place (et sur papier), cette charte RSE pour pouvoir également la faire appliquer à toutes les parties prenantes du festival : les partenaires, les exposants, les prestataires, les bénévoles etc. En tant que gros événement, on a un rôle important de sensibilisation.
“On met en avant les façons alternatives de voyager”
LOKKO : Peut-on encore promouvoir le voyage longue distance en pleine crise climatique ?
Romain Tarrusson : Dans les films présentés au festival, il y a vraiment de tout. Pour certaines destinations, il a fallu prendre l’avion. Si les voyageurs ou documentaristes décident de prendre l’avion, c’est en ayant conscience de leur impact carbone. Ces voyageurs s’imposent d’ailleurs une limite carbone à l’année et vont ensuite mettre en place des systèmes de compensation. D’autres ne prennent carrément pas l’avion, et voyagent en vélo, à pieds… À travers le festival, on met en avant les façons alternatives de voyager. La micro-aventure, par exemple, c’est une véritable forme d’aventure : on peut prendre le train, voyager à proximité de chez soi, par exemple prendre la direction des Pyrénées, et vivre toute une aventure sans avoir à prendre l’avion !
LOKKO : Y aura-t-il de la sensibilisation à la crise écologique durant le festival ? La Blue Zone sera-t-elle là encore cette année ?
Romain Tarrusson : Oui, la Blue Zone est là depuis le tout début du festival. C’est l’une des premières actions mises en place. C’est une zone liée à la sensibilisation à la préservation de la planète, notamment des mers et des océans. On fait intervenir 10 associations partenaires (Surfrider Foundation, le CESTMed, Greenpeace…) qui sont là pour venir sensibiliser le public à travers des ateliers, des conférences, des expos, et cela pendant toute la durée du festival, et le tout, gratuitement.
What A Trip, du 20 au 26 septembre, à la salle Rabelais, sur l’esplanade du Peyrou, et dans tout Montpellier Centre.
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(*) Les incontournables : la réduction des déchets, leur recyclage, et notamment le choix de la vaisselle à utiliser. Sans oublier les moyens de déplacements sollicités par les organisateurs ou encore l’accessibilité.