Le cinéma Diagonal vendu au producteur et distributeur de films Haut et Court

Antoine Pereniguez, fondateur et actionnaire majoritaire du cinéma art et essai montpelliérain, a vendu ses parts à Haut et Court, une prestigieuse société indépendante de production et de distribution de films, par ailleurs propriétaire de salles. Une petite surprise tant le mythique cinéma montpelliérain, un des leaders du genre en France, paraissait destiné à son fils Charlie.

Le « Film français » l’a officialisé en fin de matinée : businessman de l’art et essai, Martin Bidou a racheté le cinéma de Verdun qui fêtera ses 40 ans en 2023. Le journal spécialisé rapporte qu’Antoine Pereniguez “a vendu le 27 décembre la majorité des actions de la société Transversal Films – via laquelle le cinéma est géré – à Haut et Court Cinémas, filiale d’Haut et Court dédiée à l’exploitation cofondée par Martin Bidou et Carole Scotta. Antoine Pereniguez reste, tout de même, actionnaire minoritaire de ladite société”. Sans donner d’indices sur le montant de la transaction. 

« Fier qu’Antoine ait pensé à moi »

« Le Diagonal, ce n’est pas rien. C’est un cinéma emblématique, l’un des plus performants de France sur l’art et essai, et une institution à Montpellier », a commenté Martin Bidou, président d’Haut et Court Cinémas et nouveau gérant de Transversal Films, dont « la plus grande fierté » est « qu’Antoine ait pensé à moi » au moment de vendre.

En attendant des explications officielles de la salle montpelliéraine, c’est une nouvelle qui surprend un peu. Dans la place depuis des années, propulsé depuis peu à sa tête, Charlie Pereniguez paraissait bien placé pour hériter de l’empire paternel. D’après quelques échos dans le métier, cette vente n’était pas un scénario privilégié pour ce cinéma historique, quasiment patrimonial de la ville, avec ses 6 salles et ses 1 000 places.

On pense évidemment aux difficultés du secteur. Comme beaucoup de salles indépendantes, Diagonal a vu sa fréquentation chuter depuis le Covid : presque 20% de baisse, stabilisée récemment à -15 puis à -18%. Mais l’exploitant se bat bien, maintenant son rang de principal cinéma art et essai en France avec des performances parmi les meilleures de l’hexagone. Au plus fort de son activité, en 2019, affichant jusqu’à 370 000 entrées, le Diagonal s’est hissé jusqu’au 2e rang national des cinémas art et essai en région après le Comoedia de Lyon.

Un air de famille

Pour autant, l’acheteur n’est pas un loup. Haut et Court est de la grande famille des indépendants du cinéma. Dans son catalogue, des films comme « Entre les murs » de Laurent Cantet, plus récemment « La Fille de Brest » de Emmanuelle Bercot ou  “Jusqu’à la garde“ de Xavier Legrand. « La Nuit du 12 » a été un carton du cinéma montpelliérain cet été. À la télévision, Haut et Court a produit l’excellente série « Les Revenants ». Devenu exploitant de salles, la société possède Le Nouvel Odéon et le Louxor à Paris, et a acheté le Sémaphore à Nîmes en 2015. Le Diagonal est son 6e cinéma et lui permet de porter son offre à 22 écrans.

Un des visages de cette société est déjà familier du monde du cinéma régional : la productrice Marion Tharaud, très en pointe dans le combat pour la parité au cinéma, est devenue, au printemps dernier, présidente d’Occitanie Films.

« Ne rien changer »

Le nouveau propriétaire ayant logiquement à cœur de privilégier ses films, ce rachat ne devrait pas être tout à fait sans conséquences sur la programmation. Même si Martin Bidou a assuré « ne rien changer au sein de l’établissement, en laissant, comme au Sémaphore de Nîmes ainsi qu’à l’Astrée et au Forum de Chambéry, une grande autonomie aux équipes actuelles en local« .

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