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Emma Lamadji : la queen montpelliéraine à la rencontre de son Afrique 

Le 21 janvier avait lieu le concert de sortie du premier album de l’artiste montpelliéraine Emma Lamadji au Rockstore « Afroplugged » après 7 ans de gestation. Un retour à ses racines centrafricaines dans un registre afrobeat, teinté de soul, de pop, de gospel et d’électro (*). 

Samedi, 20h. Je sors d’une projection émotionnellement intense, les yeux embués, de fatigue accumulée, et je cours vers le Rockstore pour ne pas louper le début du concert. Un homme me prévient qu’il n’y a plus de places, et en effet la salle est bondée, l’ambiance tamisée avec une première partie assurée par un chanteur Jules Muzanzo et un guitariste Mathieu Kibodi, dans un style très « lover groover ». Puis la Queen arrive : Emma Lamadji. 

« À la maison »

Et là, je me souviens à quel point les gens l’aiment à Montpellier. Sa famille, de coeur et de sang, attendait ce moment ! C’est « à la maison » qu’elle a décidé de se présenter pour la première fois avec son projet personnel, et emplie de gratitude, remercie le public d’être venu l’accepter pour ce qu’elle est vraiment. On sent qu’on y est : Emma Lamadji, la prodige montpelliéraine, ne veut plus s’excuser d’être. Elle vient s’affirmer dans sa singularité, et nous présenter sa terre, la République centrafricaine.

Depuis sept ans que ce projet est né, elle a enchaîné les collaborations, à croire que son album ne sortirait jamais… Emma Lamadji est partout : cheffe de choeur pour la chorale montpelliéraine Gospelize it Project, fondée par Emmanuel Djob, fameux artiste camerounais reconnu de la scène gospel internationale. Co-lead du groupe AfroRockerz, Ourim Toumim, Free River, entre autres… La reconnaissance s’est faite grandissante, jusqu’à son parrainage par l’immense batteur, auteur-compositeur d’origine nigériane Tony Allen considéré comme le père de l’afro-beat !

La diaspora et le sommet Afrique France

Avec l’Afrique, c’est un long chemin vers les origines, jalonné de rencontres artistiques et humaines qui vont préfigurer son disque personnel, avec le DJ sud-africain connu du milieu underground de la house music, June Jazzin ainsi que le tromboniste français Fidel Fourneyron. Avec eux, elle travaillera sur la notion de diaspora et sur la diversité de cultures et de langues de l’Afrique. En tant que figure de la diaspora montpelliéraine, elle faisait partie de la collection de photos de Cédric Matet – « Ce que nous sommes » – pour le sommet Afrique-France de 2021. 

C’est comme membre du groupe d’afro-beat FANGA qu’elle renouera avec ses origines centrafricaines, en s’interrogeant sur sa légitimité à parler d’une culture qui la traverse du dedans comme du dehors, alors qu’elle n’est pas née dans le pays. 

Dans le cadre du Sommet Afrique France en 2021, elle crée les spectacles « Visions d’Afrique » et « Dis-moi ton Afrique », accompagnée de sa chorale Gospelize It Project, ainsi que de danseurs et conteurs. Le 30 avril 2021, elle participe à la Journée internationale de l’Unesco : JAZZ Women In Africa.

Une rencontre est décisive : celle de la diva Oumou Sangaré qui va la prendre sous son aile dès 2017 et lui confiera l’enregistrement de toutes les voix de son dernier album « Mogoya ». Emma Lamadji parle d’elle comme « une mère douce et patiente ». Elle lui a permis de chanter en bambara, la langue du Mali qu’elle ne connaissait pas, et va lui donner envie de redécouvrir sa langue d’origine : le sango de Centrafrique. Elle apprendra à ne pas mélanger le sango avec du français pour ne pas entraver sa pureté. 

« Cet album, c’est juste moi »

Son père lui avait fait (re)découvrir les chants polyphoniques des pygmées Aka de Centrafrique. Il habite cet album qui assume au grand jour son identité franco-centrafricaine. Elle le dit en ces termes sur scène (photo ci-dessus) : « cet album c’est juste moi, enfin ». « Afroplugged », c’est la rencontre, en anglais et en sango, entre une tradition musicale afro-américaine et les cris d’une génération cosmopolite d’aujourd’hui. Elle y rend hommage à Oumou Sangaré qui l’a soutenue, à ses « sœurs », aux mères et à toutes les femmes africaines, en particulier « ces princesses d’Afrique » volées pour être prostituées et « dégradées ». Mais elle chante aussi pour les flemmard.es, les amoureux.ses en quête d’un amour à la Disney. 

Sur scène, elle est vêtue d’une sublime création en tissu wax africain d’un bleu rappelant le sang de l’Afrique noire qu’elle porte la tête haute, parée d’un ras-de-cou (choker) traditionnel et le visage peint. Les couleur de la fierté, de l’élégance à l’africaine. 

À la fin de ce concert enflammé, c’est une rockstar qui est née, la voix parfaitement maitrisée dans des notes qui n’ont rien à envier aux plus grandes dames de la Soul. Son intensité vocale égale une vraie générosité. Pas loin de s’abandonner totalement, elle nous laissera sur un hymne à la vie et la légèreté : « I need the Sun !« .

(*) Elle était entourée par un groupe de talent composé d’Emilienne Chouadossi, sa choriste, percussionniste et clavieriste, Killian Rebreyend aux claviers et voix, Damien Bianciotto aux guitares,  Benjamin Etur à la basse et Quentin Braine à la batterie.

La page Facebook de Emma Lamadji, ici. Photos @Fovea Prod pour le concert.

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