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Denis Fournier : la solitude du batteur de fond

Le cinéma Diagonal présente ce jeudi 16 mars à 20h “Je suis caché sous ma peau”, un documentaire consacré au batteur montpelliérain Denis Fournier qui accompagne la sortie d’un CD. Un beau portrait de ce grand mélodiste de la batterie.

 

L’idée du titre de cet article nous est venue en nous souvenant d’un documentaire signé Chris Marker sorti en 1974. Marker avait filmé Yves Montand en répétition l’année précédente, et avant de donner un unique concert en soutien à la résistance chilienne opposée au général Pinochet, de très sinistre mémoire. Et alors que le comédien-chanteur n’était plus remonté sur scène depuis 10 ans.

Toujours très actif Denis Fournier, multipliant comme il l’a toujours fait les projets et empruntant divers chemins de jazz et de musique improvisée. Sauf qu’il y a eu le confinement de près de deux ans… Et donc arrêt obligatoire. Avec repos forcé et contrainte par corps pour les musiciens. C’est dans ce contexte si particulier qu’est venue l’idée aux deux réalisateurs : Jason Girard et Romain Escuriola de “Black Lions Film”,des producteurs indépendants basés à Montpellier dans le quartier Gambetta, de venir filmer le batteur-percussionniste chez lui, avenue de Las Sorbes.

La rencontre s’est faite par le biais d’Abel Gibert responsable de “Head Records”, label indépendant (pas mal connoté rock mais pas seulement) avec lequel collabore depuis un moment DF. Et qui a élu domicile à la même adresse que la société de films. Les réalisateurs ne connaissaient absolument pas jusque-là le travail du musicien et donc, à fortiori, le parcours de quelques 4 décennies de présence territoriale dans l’hexagone mais aussi outre Atlantique. En particulier aux abords du lac Michigan dans la troisième ville des USA : Chicago. Cœur battant de l’historique structure jazzistique : ACM avec la figure emblématique de L’Art Ensemble (de Chicago). Né de ces collaborations américaines, un disque est sorti en 2017 avec Jeff Parker, Marquis Hill, Joachim Florent et Ari Brown.

Puis ce sera en 2019, les retrouvailles avec les amis de toujours, Doudou Gouirand, Michel Marre, Gérard Pansanel et Jacques Bernard dans le CD “Art Deco” en hommage à Don Cherry avec lequel les vieux complices ont tous joué.

“Je suis caché sous ma peau” : un choix fort judicieux, le titre donnant bien l’idée d’investissement d’un musicien comme Fournier au plan physique et qui irait comme un gant à un Christian Vander par exemple mais conviendrait à l’ensemble des batteurs et aux musiciens d’une façon plus générale.

Dans une réalisation soignée, on voit au travail chez lui cette pointure de la baguette qui a développé une conception mélodique de la batterie, et joué aux côtés de Archie Shepp, Jean-Marc Padovani entre autres. “Denis Fournier fait partie de ceux qui ne laissent pas le rythme de substituer à la batterie. Comme Sonny Murray, Milford Graves, Pierre Favre, Ed Blackwell et quelques autres, il explore inlassablement ce qui se passe au contact des peaux, du bois et du métal, quelles architectures inédites ils peuvent construire lorsqu’un musicien les sert humblement plutôt que les utiliser”, commentent joliment les réalisateurs.

Le doc ne sera visible pour l’heure qu’à l’occasion de cette projection unique. Gageons que ce “one shot” connaîtra d’autres diffusions.

 

Ce jeudi 16 mars à 20h au cinéma Diagonal. Extrait du documentaire “Je Suis Caché Sous Ma Peau”. Coffret CD/DVD, actuellement en précommande, ici. Image et réalisation : Black Lions Film. Son par Philippe Gaillot au Recall Studio.

 

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