Impro, écriture automatique et nouvelles technologies, ce samedi 1er avril au JAM, un trio unique composé du grand guitariste français Louis Winsberg et de deux rythmiciens doués, le montpelliérain Patrice Héral, et Jean-Luc Difraya.
C’est en 2007 à l’occasion d’un concert de L’ONJ* à New-York, où le grand orchestre de 15 musiciens dirigé alors par le vibraphoniste Franck Tortiller avait invité Louis Winsberg, le guitariste de Sixun (**), que la première rencontre avec le montpelliérain Patrice Héral s’est faite. Winsberg lui fait part de son désir de monter un trio où il serait soutenu par deux percussionnistes.
Winsberg est une pointure. Attaché à Marseille, sa ville natale, pour laquelle il a composé « Marseille, Marseille » et « Le bal du sud », beaucoup ont retenu son nom avec un disque de revisite de grands classiques de la chanson, en compagnie d’Ira Coleman à la basse et de Stéphane Huchard à la batterie. Hommages libres allant de Brassens (« Les amoureux des bancs publics ») à Laurent Voulzy (« Belle île en mer ») en passant par Claude Nougaro, Gainsbourg ou encore Charles Trenet. Un superbe album s’intitulant du reste « Douce France ».
Quant à Heral, il porte un nom connu dans la région. Né à Montpellier en 1965, il est le petit dernier de trois frères. Franck l’ainé percussionniste, le second Christophe, natif de Montpellier lui aussi, est bien connu en tant que compositeur et designer sonore français pour le cinéma, notamment d’animation, la télévision et le jeu vidéo (Ubisoft). Les frères Heral avaient monté ensemble un trio qu’on avait pu entendre dans la région en première partie des « Lounge Lizards », le groupe emmené par le saxophoniste (puis acteur chez Jim Jarmusch) John Lurie. Sous le vocable d’un nom qui ne s’oublie pas « Les indéfrisables ».
Patrice a joué un temps au sein du prestigieux Vienna Art Orchestra basé comme son nom l’indique dans la capitale autrichienne. Cette partie de l’Europe fait souvent appel à lui puisqu’il enregistre régulièrement sur le label « ACT », l’autre label jazz de Munich, tout comme la marque de renom ECM. C’est sur cette étiquette et sous l’impulsion du contrebassiste Dieter Ilg, et en compagnie du pianiste Rainer Böhm également de nationalité allemande, qu’ils ont ainsi revisité Ravel, Beethoven, Parsifal, ou encore Bach. Toujours côté Allemagne, il a joué régulièrement avec le trompettiste Markus Stockhausen (fils du célébrissime compositeur de musique contemporaine). Localement, il a apporté ses baguettes aux montpelliérains Gérard Pansanel, Doudou Gouirand ou Michel Marre. Et lorsqu’il n’est pas à couvrir une partie de la planète, il arrive encore à se dégager 16 heures semaine pour enseigner au Conservatoire de Montpellier.
Avec le percussionniste Jean-Luc Difraya, le troisième larron, ce trio est né plus de 10 ans après la rencontre new-yorkaise. Une formation exploratoire et hardie, capable d’écriture automatique, de composition instantanée, avec des voix, des rythmes, et des sons inédits. Inventant ce que les musiciens appellent un « free jazz 2.0 », alliant maîtrise instrumentale, vocale, rythmique, et nouvelles technologies.
* ONJ : Abréviation pour Orchestre National de Jazz, émanation et volonté de Jack Lang qui a vu le jour en 1986. 5 musiciens montpelliérains en ont fait partie : les guitaristes Gérard Pansanel, Serge Lazarevitch, le bassiste Frédéric Monino, le batteur et percussionniste Patrice Héral et Michel Marre (tuba).
** Ce combo de 6 musiciens, très dans la lignée de Weather Report à ses débuts, a vu le jour au moment même où les Américains arrêtaient de tourner. En 1984. Ils fêteront l’an prochain les 40 ans de leur création. Le 10 juin prochain, on pourra les voir au festival du Pic St Loup.
Un concert proposé par l’association Continuum (fondée par Fred Monino) en collaboration avec Le JAM, le samedi 1er avril à 21h au JAM. En savoir +.
