Le tri obligatoire des biodéchets chez vous, c’est bientôt !

Déjà en partie en vigueur, la loi AGEC rend obligatoire le tri des biodéchets pour tous à partir du 1er janvier 2024. Elle représente le premier pas vers le (presque !) Zéro Déchet collectif, avec pour prochaine étape  : le bioseau pour chaque foyer. Un débat organisé le 24 mai par l’association de quartier VPM, Vivre Port-Marianne, en partenariat avec LOKKO, a montré que les alternatives existent. La métropole mise sur les composteurs partagés.

Il y a des lois qui accompagnent et encadrent les évolutions de notre société -Coucou les mariés pour tous !- et d’autres, plus discrètes, qui tendent plutôt à la faire évoluer, cette société. La loi AGEC, par exemple, vous connaissez ? En vérité, cette loi Anti-Gaspillage pour une Économie Circulaire du 10 février 2020 est déjà en vigueur, mais pour l’instant, son influence reste discrète : moins de plastique jetable, plus de vrac, moins d’obsolescence et de tickets de caisse… À moins d’être concernés à titre professionnel, tels ces restaurateurs tenus de changer leurs contenants de vente à emporter, au quotidien le commun des mortels est encore peu impacté par la loi AGEC. Mais ça va changer. Bientôt. Plus précisément à partir du 1er janvier 2024, date à partir de laquelle nous allons tous et toutes devoir trier nos biodéchets. À vous, à nous, les bioseaux et autres contenants à caser dans notre cuisine, et hop ! Par ici peaux de patates, marc de café et autres coquilles d’œufs.

À Montpellier Métropole, par exemple, ceux et celles qui vivent en pavillonnaire ont testé il y a bien longtemps les prémisses de cette évolution. Qui ne se souvient pas des petits seaux oranges, qu’on sortait une fois par semaine pour qu’ils soient collectés ? Qui n’a pas pesté contre les sacs bio-dégradables gracieusement fournis par les Mairies, bien trop petits pour les seaux ? Qui n’a pas abandonné le tri parce que l’été, une collecte par semaine, c’était loin d’être assez ? Du coup la décomposition commençait déjà dans la cuisine, ce qui n’est pas franchement le meilleur endroit pour ça. Généralement, les mêmes cobayes du tri des biodéchets se sont aussi équipés d’un bac de compostage à mettre dans le jardin, et ont pu constater que finalement, la transformation des biodéchets en compost n’allait pas forcément de soi. Mais bon : disons que ces pionniers ont permis de tester les méthodes qui ne marchent pas, contribuant ainsi au développement d’alternatives plus fiables. Tels que les sites de compostage collectifs, pour ne citer qu’eux.

Maître composteur : un nouveau métier

« Extraire les biodéchets de nos poubelles, et les valoriser en les transformant en compost est une des étapes vers le zéro déchet », se réjouit Anaïs Sécail, maître composteur formée par la Métropole (photo, ci-dessus), invitée au débat. Son job ? Accompagner la création et la gestion des sites de compostage collectifs. Les Maîtres Composteurs font partie des nouveaux métiers centrés sur l’environnement, dont la formation est généralement prise en charge par les collectivités. Car qui dit « obligation de trier » demande : que faire des épluchures une fois extraites du reste de la poubelle ? Parce que trier ses biodéchets à la source, c’est à dire dans sa cuisine, c’est une chose. Mais après, on en fait quoi ? C’est précisément à cette question que les collectivités doivent apporter une réponse dans les mois à venir. Distribuer des bioseaux, certes, et ensuite ? Différentes options sont possibles, et déjà appliquées dans plusieurs villes.

Soit un bioseau à domicile, et une collecte hebdomadaire sur le même modèle que la poubelle grise, soit des points d’apport volontaires, des PAV, comme pour le verre, soit des site de compostage collectifs, gérés par des structures associatives. Les solutions existent, mais encore faut-il choisir les plus adaptées, en fonction de l’urbanisme, du type d’habitat, des moyens, aussi. 

75 kilos de biodéchets par habitant et par an

-« On sait bien qu’on arrivera pas au Zéro Déchet, mais au moins, on lance un signal fort et on s’engage dans la bonne direction ! » a expliqué Célia Serrano, conseillère métropolitaine déléguée à la Sensibilisation à la réduction des déchets. L’équipe en place à la Métropole a été élue la même année que la loi AGEC (loi anti-gaspillage et pour l’économie circulaire) avec un programme à forte tendance écolo : distribution de protections mensuelles durables aux étudiantes boursières, couches lavables en crèches (« pas toutes mais on y travaille« ). Et pour les biodéchets : des composteurs collectifs et des points d’apport volontaire, les PAV comme ceux que nous connaissons déjà pour le verre et les emballages, notamment. Un vrai défi écologique : chaque habitant produit 75 kg de biodéchets par an.

200 composteurs en 2024

La Métropole place beaucoup d’espoir dans les sites de compostage partagés, gérés par des associations, et des bénévoles qu’elle forme : « il y avait 6 sites de compostage collectif lorsque nous sommes arrivés en 2020, il y en a 47 aujourd’hui, nous visons 200 en 2024« , poursuit Célia Serrano. Des sites qui produisent un compost issu de biodéchets permettant par exemple d’économiser l’engrais pour les espaces verts municipaux, sans parler de l’effet capteur de CO2 de l’amendement par le compost.

Du bon sens et de l’engagement citoyen, à l’image de Sophie Graziani-Roth présente au débat pour parler de Oc’Consigne. Ou l’histoire de trois femmes qui se sont donnés pour mission de lutter contre une des aberrations -et non des moindres- de nos sociétés de consommation et composante essentielle du Zéro déchet : « le recyclage du verre est une bonne chose, mais chaque jour, on détruit des milliers de bouteilles de verre pour en refabriquer ensuite, ce qui demande de l’eau et du sable, et énormément d’argent. Alors qu’il suffit de laver les bouteilles existantes pour pouvoir les réutiliser ensuite« .Sans même parler des six millions d’euros que coûtent chaque année le verre non trié, qui finit dans les poubelles grises. Récit passionnant de pionnières qui travaillent d’arrache-pied pour réintégrer dans notre quotidien ce qui, pendant longtemps, fonctionnait bien et fonctionne encore dans d’autres pays : la consigne.

Port Marianne, quartier pionnier

A Port Marianne se trouve un des sites de compostage collectif les plus actifs de la Métropole (en photo, Cécile et Célia, deux bénévoles). Situé sous les lauriers roses, près du bassin Jacques Cœur, il est géré depuis deux ans par Vivre Port Marianne, une association de quartier très impliquée notamment dans les sujets environnementaux. Deux « bacs d’apport » sont à disposition des quelques 200 « bioseauteurs » officiels, c’est à dire les habitant(e)s membres de l’association ayant reçu leur seau pour le tri.

« Mais il y a aussi beaucoup de gens qui viennent apporter leur biodéchets sans être inscrits à VPM », explique Anaïs Secail, qui est aussi bénévole de l’association de quartier de Port-Marianne. En ce moment, poursuit-elle, on remplit les deux bacs d’apport en deux semaines, ce qui veut dire qu’on doit faire un transfert tous les 15 jours. Sachant qu’un transfert, ce sont 1700 litres de biodéchets à transférer du bac d’apport dans l’un des six bacs de maturation, où ils auront entre six et neuf mois pour devenir compost. Un compost mis à disposition des habitants du quartier, et utilisé également pour le bosquet fruitier du quartier, géré par les Semeurs de jardins et des bénévoles.

« Si nous voulons vraiment réduire nos déchets, l’implication citoyenne est essentielle« . Et pour ça, il faut déjà une prise de conscience collective. Exemple à suivre ! 

 

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