La Catalogne se prononce pour le droit au topless et au burkini dans les piscines

« Tout le monde doit pouvoir aller se baigner avec le vêtement de bain qu’il ou elle a choisi, qu’il ou elle sent le plus confortable, le mieux approprié pour nager, et qui lui semble convenir le mieux ». La prospère région du nord-est espagnol abrite une forte communauté d’origine maghrébine. Elle est gouvernée par les indépendantistes de gauche qui, fin juin, ont autorisé les seins nus et le burkini dans les piscines de la région. Inimaginable en France, en particulier à Montpellier.

 

Le 27 juin dernier, le gouvernement de Catalogne a édicté une réglementation qui stipule une totale liberté du choix de sa tenue de bain dans les piscines de la région autonome. En annonçant cette décision, sa porte-parole, Patricia Plaja, a argué d’un simple principe de refus de toute discrimation : « Tout le monde doit pouvoir aller se baigner avec le vêtement de bain qu’il ou elle a choisi, qu’il ou elle sent le plus confortable, le mieux approprié pour nager, et qui lui semble convenir le mieux. Aucune discrimination ne saurait s’exercer selon pareil critère ».

Même les piscines privées

Pour lever le moindre doute, Patricia Plaja a bien précisé que cela incluait, pour les femmes, la pratique des seins nus, ou le port du burkini. Seuls deux critères restrictifs sont retenus par le ministère catalan de l’égalité et du féminisme : les tenues de bain ne sauraient être les vêtements portés en ville avant de pénétrer dans la piscine, et elles doivent recouvrir les parties génitales (mais des sections de plage sont accordées au naturisme, même dans des secteurs peuplés de Barcelone). Autre précision : les piscines de copropriétés sont également concernées par les nouvelles dispositions, car même de régime privé, il s’agit d’espaces partagés, où « l’on ne saurait attenter aux droits de quiconque ».

7 à 8% de personnes de confession musulmane

La Catalogne a connu une immigration de travail, d’origine maghrébine, au cours des décennies les plus récentes. Au côté des latino-américains, de nombreux Marocains, notamment, ont relayé l’ancienne immigration de l’époque franquiste, quand au sein même de l’État espagnol, les migrants installés en Catalagne provenaient des régions déshéritées de la Galice, l’Andalousie, l’Extremadure. On estime à 7 à 8% la part de la population de la région de confession musulmane soit 641.000 personnes (une bonne part des 2 millions de Musulmans en Espagne).

Extrême droite faible

L’extrême-droite, comme les partis de droite espagnols anti-indépendantistes sont traditionnellement très faibles en Catalogne, par héritage des contentieux issus du franquisme, notamment le vif désir d’autonomie, et même d’indépendance, à l’égard de Madrid. Toutefois, aux dernières élections municipales, en mai dernier, on a remarqué comment Ripoll, petite ville d’arrière-pays anciennement industrielle, est tombée aux mains d’indépendantistes catalans identitaires anti-migrants. C’est de cette ville que provenaient les jeunes auteurs des terribles attentats djiadhistes d’août 2017 sur les ramblas de Barcelone. Mais ce cas électoral est unique.

La région la plus à gauche d’Espagne

Le gouvernement de Catalogne est aujourd’hui monocolore, tenu par l’Esquerra republicana de Catalunya (ERC), parti indépendantiste de tradition républicaine anti-monarchiste (cela demeure d’actualité en Espagne), de gauche modérée. La société catalane aime à se montrer décomplexée dans ses options culturelles et sociétales, comme pour mieux se présenter « avancée », « européenne »  et affranchie des pesanteurs conservatrices de la vieille Espagne. C’est la région d’Espagne qui vote le plus à gauche. Le groupe parlementaire de l’ERC comporte, en quatrième position sur sa liste, une femme voilée, Najat Drouech, députée de la province de Barcelone.

Le blocage français

La récente décision concernant les tenues de bain, certes relevée par la presse, n’a aucunement soulevé le débat passionnel qu’on imaginerait dans l’Hexagone en pareil cas. Se déchirer à propos de tissus n’y est pas obligatoire. En mai 2022, le conseil municipal de Grenoble avait adopté un règlement intérieur pour les piscines municipales, autorisant le burkini ainsi que le topless. Quelques semaines plus tard, le Conseil d’État a interdit le burkini, à la suite du dépôt par le préfet de l’Isère d’un « déféré laïcité ». Mais maintenu l’autorisation du monokini (slip de bain).

Montpellier sans concession

A lire aussi, l’ITV LOKKO de Michaël Delafosse, le maire de Montpellier : « Je suis en total désaccord avec le maire de Grenoble qui a cédé à la pression religieuse. Personne n’est dupe. Ce n’est pas rendre service aux Musulmans de France, qui se tiennent à mille lieues de ces positions. À Montpellier, tant que je serai maire, le règlement d’hygiène des piscines municipales ne changera pas« .

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Monica
Monica
1 année il y a

Ce qui veut dire: topless ET Burkini en même temps bien sûr! Et piscines Mixtes.
J’attends avec impatience les 1ers retours… 😉

Jean-Pierre
Jean-Pierre
1 année il y a

Curieuse presentation. Accepter le burkini dans les piscines publiques serait « s’affranchir des pesanteurs conservatrices de la vieille Espagne »? Et débattre sur cette question essentielle reviendrait a « se déchirer à propos de tissus »?

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