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Le banquet 2024 du Printemps des Comédiens

Des grandes signatures dont le polonais Krystian Lupa, Jean-François Sivadier, Jean Bellorini, Joël Pommerat, Emma Dante, de grosses productions, beaucoup de monde sur la scène, des formes plus expérimentales. Un festival pour assouvir les gros appétits de théâtre avec 2 spectacles de 4 heures, du 30 mai au 21 juin 2024. 

On ne les a plus beaucoup entendues les féministes qui avaient appelé à un Printemps des Comédiennes, initié par LOKKO. Mais, vu les réactions sur les réseaux, elles pourraient redonner de la voix. Il est frappant de voir que la plupart des grandes productions de cette édition ajoutent des noms d’hommes à d’autres noms d’hommes. Il faut aller du côté du théâtre plus expérimental et moins subventionné pour voir des femmes. Ce n’est évidemment pas le seul prisme par lequel aborder cette 38ème édition qui porte les harmonieux mélanges d’esthétiques qui vont nourrir nos riches navigations et s’apparentent à une signature gastronomique. Les gros plats de résistance, avec encore ces très longues représentations qui nous avaient un peu éprouvé (Lupa et Sivadier), côtoient des propositions plus légères en bouche. Du répertoire, des classiques (très présent) et des audaces. Des fidélités, un air de déjà vu, un équilibre.

Les représentations de la pièce de Krystian Lupa, « Les Emigrants » au festival d’Avignon avaient été annulées l’an dernier, suite au bras de fer entre le metteur en scène et l’équipe technique de la Comédie de Genève. L’image de la star polonaise, révélé en patron brutal, en avait été un peu abîmée. Là, on verra « Pieśni Miłosne (Balcons – Chants d’amour)« , adaptation de deux textes, « D’un côté L’été de la vie », autobiographie (fictive) de John Maxwell Coetzee, développant une « ironie autodestructrice dans une Afrique du Sud encore marquée au fer rouge de l’apartheid » et « La Maison de Bernarda », l’Andalousie de Lorca, « ses midis de plomb sur une société figée ». Une correspondance entre deux œuvres pour montrer « des femmes que deux sociétés patriarcales emmurent« . Avec 12 acteurs sur scène. 4 heures de spectacle. Les 14 et 15 juin (photo de UNE Natalia Kabanow). 

Jean-François Sivadier est un habitué du festival. On se souvient de son Dom Juan en 2016 et du morceau de bravoure dans ce rôle de Nicolas Bouchaud. Cette fois, on verra la grande famille dysfonctionnelle des Atrides dans une fresque théâtrale inspirée des textes d’Euripide, d’Eschyle, de Sophocle, de Sénèque. Un « Portrait de famille, une histoire des Atrides » est interprété par quatorze jeunes actrices et acteurs du Conservatoire National Supérieur de Paris. Près de 4 heures de spectacle. Une création du festival. Les 31 mai, 1 et 2 juin.

La palermitaine Emma Dante, proche aussi du Centre dramatique national des 13 Vents, propose un théâtre populaire enchanteur. Cette fois, « Re Chicchinella » est l’adaptation d’un conte où il est question d’un combat entre coq et poule pour le pouvoir. Sur la scène, « toute la (basse) cour du roi de Naples qui défile en fulgurances à la fois poétiques et grotesques, scatologiques et raffinées« . 18,19 juin. (Photo ci-dessous Masiar Pasquali) 

« Tous des oiseaux » (sous la pluie) en 2019 avait laissé un grand souvenir ainsi que « Mère » au théâtre Jean-Claude Carrière (avec Christine Ockrent comme égérie de la mémoire familiale). Le metteur en scène libanais Wajdi Mouawad revient avec la première en France de « Journée de noces chez les Cromagnons » : « un peu En attendant Godot au pays des cèdres ou Kafka en Méditerranée. Dehors, on entend tomber des obus. Le tonnerre s’en mêle. Mais dans cet appartement où cohabitent les générations, on s’obstine à préparer les noces de la fille aînée ». Un texte écrit à 23 ans par Wajdi Mouawad sur la guerre civile libanaise. 7,8,9 juin.

Georges Lavaudant, autre vieux fidèle du festival, adapte le roman de Peter Handke, « Le malheur indifférent« , publié en 1972, où l’auteur raconte la vie de sa mère, qui vient de se suicider à l’âge de 51 ans, pour les étudiants de l’Ecole national d’art dramatique de Montpellier. 31 mai, 5,8,12,15 juin.

Isabelle Adjani mise en scène dans « Opening Night » d’après le scénario de John Cassavetes, c’était lui : Cyril Teste, un de ceux qui ont le mieux porté l’art de la vidéo au théâtre. « Sur l’autre rive », est inspiré de « Platonov » d’Anton Tchekhov, cet éternel séducteur sombre et indécis, avec caméra embarquée et concert live sur scène. 30,31 mai, 1er juin.

Encore du classique avec Jean Bellorini, qui s’est fait une spécialité de revisiter le grand répertoire. Ici, « Les Messagères » d’après Antigone de Sophocle qui réunit 9 actrices de l’Afghan Girls Theater Group avec de beaux décors et costumes venus des ateliers du TNP de Villeurbanne. 18,19 juin.

« Ça ira (1) Fin de Louis », inspirée de la Révolution française, a été l’une des plus belles séquences de théâtre politique données dans l’amphi d’O : Joël Pommerat (son légendaire « Chaperon rouge » a énormément tourné) présente sa version du « Marius » de Pagnol avec son excellente troupe. « En extirpant la narration de son époque, il s’agit ici d’envisager Marius à la manière d’un conte, qui oriente le regard vers des interrogations essentielles et intemporelles à travers des situations simples : que signifie réussir sa vie ? L’amour existe-t-il ? Faut-il écouter l’appel de la mer ? » 13,14,15 juin.

Marina Otero avait marqué les esprits en 2022. La revoilà avec « Kill Me » où la metteuse en scène argentine associe un sosie de Nijinsky et des danseuses atteintes de troubles mentaux. Un « magnifique et dérangeant tableau vivant de la folie amoureuse« . 4,5 juin (Photo ci-dessous Sofia Alazraki). 

Elle a coécrit et mis en scène « Thomas joue ses perruques » avec Thomas Poitevin, dont les capsules sur les réseaux sociaux ont égayé notre confinement : Hélène François présente au Printemps des Comédiens « Parler pointu« . L’histoire de Benjamin qui, rentrant au pays, se rend compte qu’il a complètement perdu son accent. 11,12,13 juin.

Un grand nom du théâtre argentin, son enfant terrible : Guillermo Cacace est à Montpellier pour « Gaviota », la mouette en français, adaptation de la pièce de Tchekhov, jouée exclusivement par des actrices et autour d’une table avec des coups à boire. Du 30 mai au 2 juin.

Le chilien Guillermo Calderon est au générique, comme scénariste, de grands films internationaux, souvent primés, comme « Le Comte » sur Netflix (le retour de Pinochet dans un film d’horreur), mais il est surtout un auteur majeur du théâtre sud-américain, assez méconnu en France. « Villa » se passe dans une maison où ont été torturés des opposants à Pinochet. Trois femmes y discutent : faut-il la reconstruire pour en faire un lieu de mémoire ? 31 mai, 1er juin (photo ci-dessous Pola Gonzalez). 

On se réjouit de voir le travail de la montpelliéraine Roxane Borgna dans ce festival. Dans « Une assemblée des femmes, aujourd’hui », elle revisite « L’Assemblée des femmes » d’Aristophane pour évoquer la réalité des femmes palestiniennes qu’elle connaît bien. Elle est aussi la productrice d’un documentaire sur le sujet dont nous avions parlé dans LOKKO. Un spectacle produit en 2022 par l’Institut français de Jérusalem avec le Théâtre National Palestinien, avec la complicité de Jean-Claude Fall et Laurent Rojol. Les 8 et 9 juin

Ouverture de la billetterie : jeudi 11 avril. Pour les détenteurs de la Carte Duo : jeudi 4 avril. Soit ici www.printempsdescomediens.com, soit au 04 67 63 66 67.

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