Copenhague : la dolce vita nordique

Un étonnant laboratoire urbain au Danemark, un des pays les plus heureux du monde : Copenhague impressionne par les beautés de son architecture et de son design, et la sérénité de ses habitants. Une ville bluffante accessible en deux heures de vol de Montpellier (*) à visiter entre mars et octobre.

En 2023, Copenhague aura vu affluer 10 000 architectes à l’occasion de son année de « Capitale européenne de l’architecture ». Une ville-reine que l’on vient visiter du monde entier, modèle d’écologie appliquée, pionnière dans de nombreux domaines notamment la décarbonation des bâtiments. La piétonnisation du centre ancien remonte à 1962… Deuxième pays le plus heureux du monde, selon le classement Forbes, ou le World Happiness Report publié chaque année par les Nations unies et l’Université d’Oxford, derrière la Finlande. On vient aussi du monde entier pour goûter aux yaourts aux insectes vivants du NOMA (photo), plusieurs fois classé meilleur restaurant du monde, à l’intérieur très Ikea. 

Et championne incontestable du vélo. Copenhague est une ville surdouée qui ne se la pète pas. Quand vous croisez dans la rue des Danois qui, vous voyant hésiter entre telle ou telle rue, s’invitent d’eux-mêmes pour vous aider, on ne sait pas ce que l’on doit admirer le plus : leur physique de mannequin nordique ou leur naturelle courtoisie. La beauté des Danois ! Hommes solides, femmes naturelles avec une mine parfaite dans une ville où personne n’a l’air de fumer.

Capitale du design

Lignes claires et gris perlé dans l’aéroport donnent le ton. Carré, propre, simple. Blanc et orange, le métro ressemble à une salle de bains des années 70. Pas un mégot, pas un papier par terre. On achète un ticket à 30 couronnes (bien qu’Européens, les Danois ont refusé l’euro), mais aucune machine de contrôle durant les 20 minutes qui amènent à la gare centrale. C’est vrai ailleurs : que ce soit dans le métro ou dans les musées, aucun barrage, aucun contrôle. On fait payer mais on mise sur l’autodiscipline. A Nuuks Plads, le métro fait plus penser à un musée d’art contemporain qu’à une station de métro (photo). C’est ainsi que de surprises en surprises, cette ville vous fait enchaîner des « wouah » admiratifs dans une séduction incessante.

On est forcé de douter un peu en déambulant dans ce paradis urbain majoritairement blanc. Se souvenir notamment des images des Coran qui ont brûlé à Copenhague, ville d’où est partie l’affaire des caricatures de Mahomet. Le cosmopolitisme à Copenhague est discret dans une social-démocratie ferme qui hypothèque les biens des candidats à l’immigration pour financer leur accueil et a drastiquement réduit les entrées sur son sol. Et à ce prix, contenu l’extrême droite.

Même la précarité que l’on voit aux abords de la gare centrale dont le toit est une impressionnante coque en bois de navire inversée, est discrète. De rares corps abîmés par l’excès de Carlsberg, la grande marque nationale dont on peut visiter une brasserie historique…

Il faut attendre la visite du BLOX, le centre d’architecture danois pour que soit mentionné, dans une exposition sur l’excellence de l’architecture et du design danois, le nom de « ghetto » pour parler d’autres quartiers de la ville. Une population invisibilisée dans ce qui est donné à voir aux touristes, comme dans de nombreuses métropoles. Sauf pour les emplois subalternes : les chauffeurs des taxis ont la peau foncée.

On peut tout faire à vélo

Il faut une journée pour bien se repérer dans le centre de cette ville de 600 000 habitants. Pas plus. De la gare, on est vite rendu à la place de l’hôtel de ville. Puis c’est Storget, le grand axe qui traverse la vieille ville avec ses pavés d’époque. Un centre historique totalement lissé par la mondialisation -qu’on entend comme bande son dans les magasins- avec les immanquables enseignes H&M, Mango, Levi’s, Dior, Hermès, ayant accaparé les plus beaux édifices.

Et tout seul dans son jus, l’ancien hospice Royal Copenhague, le seul bâtiment du Moyen Age à être conservé en l’état, abritant aujourd’hui des objets l’art de la table en porcelaine. Les églises luthériennes jalonnent les promenades dans ce centre, aux dimensions imposantes. Tiens, le musée Guiness des records où tout le monde se prend en photo devant la statue du plus grand homme du monde, Robert Wadlow, 2,72m.

Spot touristique par excellence : Nyhavn, un canal pénétrant dans la ville et ancien port aux maisons colorées et aux voiliers de bois, l’un des sites les plus instagrammés. Il est conseillé d’éviter les restaurants et les cafés de cet endroit qui attirent des foules de touristes et qui servent de la nourriture d’une qualité relative… 

Et à sa suite, on chemine vers le grand large : fleuve immense, traversé de ponts audacieux dont certains sont réservés aux cyclistes, où les danois se baignent à partir de pontons avec bars à cocktails. Les corps des baigneurs sont minuscules à côté de la monumentalité des bâtiments au bord de l’eau, notamment cet incroyable opéra (ci-dessous) appelé le « grille-pain ».

Le vélo est roi. Les cyclistes souriants. Cette ville plate aux larges avenues est faite pour lui. La voiture, bien présente, est à sa juste place sans que l’on sente de rivalité d’espace comme en France. Une journée de repérage suffit pour s’autoriser à rejoindre le flux rapide des vélos en se sentant fière d’être parmi ces cyclistes épanouis, et sans casque, mais attention, ils roulent vite, et oubliez votre éventuelle manie de rétropédaler comme sur votre vélo français. Ici, ça bloque net le bike. Mais c’est la meilleure manière de visiter la ville. Beaucoup de vélos et beaucoup de jeunesse, surtout dans les quartier bobos à la mode comme Nørrebro, ancien quartier craignos aujourd’hui gentrifié mais où l’on peut trouver à se loger (la ville est assez chère).

Toujours à Nørrebro, on trouve ce parc étonnant, joyau d’urbanisme culturel, conçu par la star de l’archi danoise, Bjarke Ingels avec des artistes : Superkilen. Les habitants ont été associés à l’aménagement. Certains ont fait le voyage pour ramener du mobilier urbain du monde entier :  bancs du Brésil, des balançoires venues d’Irak…

Le château de Borgen

En flânant, on tombe forcément sur Christianborg où a été tournée cette merveilleuse série danoise Borgen, avec son inoubliable première Ministre Birgitte Nyborg. Une des pépites nationales tout près de la réalité : le gouvernement est actuellement dirigé par une femme, Mette Frederiksen. Borgen (« le château ») est le surnom que les Danois donnent au siège du Parlement et aux bureaux de la Première Ministre. 

La relève de la garde est sur le modèle britannique mais deux fois plus cool, les gardes relax prenant la liberté de tourner la tête pour mater les jolies touristes. A quelques rues, les appartements lourdement décorés de la résidence royale Amalienborg se visitent (la famille y réside seulement l’hiver) et ce qui surprend, c’est la modestie du lieu. Et la passion des images dans une dynastie qui a grandi avec la photographie. Non loin, un des incontournables de Copenhague : le musée du design largement dédie aux chaises, le joyau indiscutable du savoir-faire danois.

Selon que vous êtes ou pas avec des enfants en bas âge, vous échappez ou pas à la visite en pleine ville des Jardins de Tivoli, un parc d’attractions antique dans le centre de Copenhague, qui aurait inspiré Walt Disney pour Disneyland. Une usine à touristes qui ne désemplit pas. 

Arpenter Copenhague revient à faire une balade en plein air d’exception d’où on ressort le teint hâlé. Il y a tant d’eau et de ciel ! Il faut dix minutes à peine en vélo pour rejoindre à l’embouchure de la ville la mythique Sirène de Andersen qui a l’air de passionner les familles. Il y a la foule pour faire des selfies les doigts en V devant elle !

Des températures bienfaisantes

Dans ce contexte menaçant de réchauffement climatique, Copenhague est un bonheur de température : quand l’Europe grille, il y fait, l’été, entre 16 et 22 degrés. Une ville idéale à faire du printemps à l’automne. Le soir, en plein été, les terrasses du « Quartier Latin », magnifique place de restaurants au noms français, sont chauffées. Chose frappante : la ville est plongée dans l’obscurité : de rares éclairages en LED assurent le service minimum. Ambiance Moyen-Âge. D’ailleurs Copenhague la nuit n’est pas Barcelone. Stroget, les Ramblas de Copenhague, sont déserts à partir de 23h. Sauf certaines rues adjacentes bondées où la bière coule à flots.

Pour se restaurer, une bonne adresse : Israels Plads. Une grande place publique dans le centre de Copenhague, avec un espace urbain pour skate et un autre pour les plus jeunes enfants, au sol composé de caoutchouc recyclé à partir de chaussures Nike. Et un grand marché alimentaire couvert avec des tables autour pour déguster sur le pouce les spécialités locales pas chères, mais pas vraiment légères (avec pas mal de viande de porc). Exemple, le célèbre smørrebrød : du pain de seigle garni de divers ingrédients comme du hareng mariné, des œufs, des crevettes selon ses goûts. Et des huîtres de classe internationale.

Une visite s’impose : Christiana. « Ville libre » autoproclamée, ce camp militaire abandonné de 41 hectares a été fondé en 1971 par des squatteurs et des hippies, avec ses propres lois. Une expérience d’auto gestion en pleine métropole high-tech, qui impose un autre rêve, loin des exploits architecturaux de la prestigieuse marque Danemark. Au cœur de ce territoire interlope, très mal vu des autorités : un marché de la drogue en plein jour, surveillé par des hommes de la pègre locale. Des sortes de buvettes vendent une variété de substances aux jeunes. S’aventurer à prendre discrètement une photo vous expose à une remarque polie mais ferme d’un tatoué costaud à chien. Une autre ambiance…

Pédaler au cœur d’une verdure luxuriante au bord des canaux, c’est, après Christiana, une séquence santé qui semble facile tant tout est plat. On traverse des canaux et des habitats sur l’eau et des baigneurs qui sortent de l’eau pour s’engouffrer dans des saunas en forme de fûts de bière.

Tout au nord de la ville : Reffen. La halle Tropisme puissance 10. Temple de la street-food, cuisines du monde, salles de concerts, terrain de pétanque, skate park, musique en continu, espaces de co-working, odeur de barbecue. Impressionnant.

Là, un autre public que les impeccables Vikings du centre-ville. Un bon plan pour rêvasser sur un transat devant le canal qui mène à la mer Baltique en lisant Le Volume du temps  de Solvej Balle, le best-seller mondial de cette romancière danoise qui s’est retirée du monde pendant vingt ans pour écrire l’histoire d’une femme Tara Selter piégée dans un même jour, le 18 novembre, qu’elle est condamnée à revivre éternellement…

Montpellier/Copenhague, une destination directe depuis l’aéroport de Montpellier : 4 vols par semaine de mars à octobre, en savoir +, ici

Plan de Copenhague, interactif, ici + guide complet, ici. Se loger, ici

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