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AIR : grande expérience sonore et visuelle avec les anges de la French Touch

Élégance, rétrofuturisme et grandeur musicale. AIR dans l’amphi d’O : une grande expérience sonore et visuelle. Retour sur le concert d’exception, autour de Moon Safari, l’album-culte du duo pionnier de l’électro française, dans le cadre des passionnants concerts de musiques actuelles du festival de Radio-France.

Quand Nicolas Godin et Jean-Benoît Dunckel, deux copains versaillais sortent leur album Moon Safari en 1998, ils prennent immédiatement la tête de l’électro française dominée par d’autres ressortissants d’une même garde de musiciens nés dans la banlieue chic de Paris, dans les années 70 et 80, entre autres Etienne de Crécy et Daft Punk. La critique s’enthousiasme vite pour ces Français so british en apparence qui ont d’abord été connus à Londres. C’est de la musique vaporeuse et spatiale en rupture avec les canons de l’électro de l’époque, plus dansante, mariant instruments acoustiques et synthétiseurs analogiques. Une drôle de musique d’une coolitude limite réfrigérante qui s’écoute plutôt pour dégriser. Leurs voix vocodées cherchent à reproduire -en anglais- le son des anges. Succès mondial pour les extra-terrestres de la French Touch dont Moon Safari reste un indémodable bijou. Sexy Boy devient un tube.

26 ans plus tard, alors que Nicolas Godin (à droite) et Jean-Benoît Dunckel se sont discrètement séparés, c’est leur grand retour pour fêter les 25 ans du disque-culte. Après l’Olympia, la Philharmonie de Paris et avant quelques capitales européennes et nord-américaines, le concert montpelliérain était sold-out depuis longtemps, avec des places (pour les plus chères) à 65€. Et dans la salle, les fans des années 2000, et leurs enfants, dans un glissement générationnel qui explique aussi la popularité du groupe dont les places s’arrachent en quelques heures.

Dans une interview, Jean-Benoît Dunckel s’en félicitait et c’est ce qui frappe : “on peut aujourd’hui sublimer l’album avec des qualités sonores poussées pour du live grâce aux nouvelles technologies“. Un son pur et beau, rare sur une scène, qui a fait de ce concert une grande expérience sonore. Avec une partie de la partition qui se joue à l’arrière de la paroi du caisson scénique, où se trouvent claviers et ordinateurs, pilotés à l’avant par des synthétiseurs de commande. Ce qu’on voit depuis la salle est la partie immergée d’un ambitieux dispositif technique. De la grande musique devenue classique avec des synthés Moog en guise de Stradivarius.

Ils adorent Françoise Hardy (avec laquelle ils ont collaboré) et ont la même distance émotionnelle, timidité juvénile et classieuse, ils sont très calme et vintage, tout en blanc (même leurs techniciens). Ceux-là n’imagineront jamais envahir l’Ukraine. Jean-Benoît Dunckel aux claviers, Nicolas Godin aux basses et aux guitares et Louis Delorme à la batterie évoluent dans un vaisseau spatial de poche, de forme panoramique, où est projetée une création visuelle pop-psychédélique à écarquiller les yeux, avec de généreuses machines à fumer. Les grands morceaux de légende défilent de Sexy boy (ils le sont toujours, à 55 ans) à Kelly watch the stars.

En deuxième partie, on quitte Moon Safari pour des titres plus récents dans leur discographie avec la pudeur adolescente et fleurie de Cherry blossom girl (“Je ne veux pas être timide / Je ne peux plus le supporter / Je veux juste dire Bonjour / À celle que j’aime“), la bande originale du film Virgin suicides (2000). Fan du groupe dès ses débuts, la réalisatrice Sofia Coppola leur a confié la musique de son film (et de Lost in Translation et Marie-Antoinette). Et enfin Electronic performers, qui prévient de l’inquiétante emprise des robots où Kraftwerk paraît avoir rencontré Pink Floyd. C’est de l’électro de haut vol qui ne donne pas trop envie de danser, c’est très feel good, mais bien plus que ça.

Concert diffusé le 20 juillet sur France Inter, à 20h. En savoir plus sur le festival, ici.

Photos : portrait crédit Mathieu Rainaud, ambiance crédit / Dimitri Scapolan / Marc Ginot.

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