Irène Drésel, la fleur de l’électro française

On l’a vue lors de la cérémonie de clôture des Jeux paralympiques au Stade de France avec la crème de l’électro française dont elle est une des figures les plus innovantes avec sa musique florale et hypnotique. Étonnante prêtresse techno, seule femme à avoir reçu un César pour une musique de film, Irène Drésel est à Montpellier ce 28 septembre.

 

My Life is a week-end organise un open air sur le parvis de La Colombière à Montpellier avec Irène Drésel et Acid Arab (djs locaux : Attalin et Lolita), ce samedi à partir de 15h.

Des arts plastiques à l’électro

Enfance tranquille en banlieue parisienne, baignée par Disney, père ingénieur, mère pianiste. Oncle (Francis Drésel), ancien directeur de la programmation musicale sur Radio Classique. Conservatoire de Rueil-Malmaison, Beaux-Arts de Paris et école des Gobelins.

Irène Drésel avait de beaux atouts pour une carrière artistique qui s’est avérée éclatante. Elle se sentait plutôt plasticienne, surtout photographe. Mais la découverte de l’électro a changé la donne. En juillet 2008, elle assiste à un concert de James Holden au Pavillon Chesnaie du Roy : « Le set de James Holden m’a fascinée, je n’avais jamais écouté ce genre de musique avant. Plus tard, je suis retournée le voir toute seule et je me suis dit : ‘Je crois que j’aimerais bien faire ça un jour » a-t-elle raconté à France Culture. Depuis, elle fait « de la musique électronique comme je fais de la peinture ». De pures compositions, pas du genre à mixer les titres des autres.

Elle vit à la campagne. Il y a plusieurs années qu’elle a quitté le centre de Paris pour vivre dans la maison familiale du Drouais, un lieu au calme isolé de tout, pour travailler. En 2019, elle sort son premier album studio, Hyper Cristal, en empruntant le nom de jeune fille de sa mère. Puis, tout va vite. 

En 2023, Jean-Michel Jarre, intéressé par la dimension répétitive et spatiale de sa musique, l’invite pour une version revisitée du morceau Zeitgeist Botanica dans le cadre de son album Oxymoreworks. Traversé par le souffle de Pierre Henry, cet album avec le père juvénile de l’électro française l’installe dans une filiation prestigieuse. « Il est tellement en avance sur son temps, je me trouve presque vieille à côté de lui ». Elle qui se dit encore « dans le passé » avec une techno minimale très années 2000.

Sainte Irène

Son troisième album intitulé Rose Fluo est sorti début 2024. Irène Drésel en fait la promotion lors du Rose Fluo Tour 2024, qui passe par l’Olympia à Paris en mai. 

Sur cet album, où il est beaucoup question de fleurs, lys, violettes, lilas, jasmins, roses, on entend une prière (dans le morceau « Thérèse« ) : « Dans ma véranda, j’ai pas mal de petites effigies, de statuettes, et j’en prends une en photo, je l’envoie à une amie qui me dit que c’est Thérèse. Le prochain morceau sera donc pour Sainte-Thérèse. Je trouve sa vie très belle, et sur son lit de mort, elle a demandé à ce qu’une pluie de pétales de roses tombe du ciel, je trouve l’image magnifique. » Fait rare dans l’électro : on l’entend parler dans sa supplique à la sainte (même si elle se défend d’être intéressée par la pop).

Cet amour des fleurs ? « Le rose, c’est ma couleur préférée. La rose, c’est la fleur qui m’accompagne partout, c’est mon identité scénographique. Je me suis dit : je vais l’appeler Rose fluo. C’est une fulgurance qui m’est venue il y a déjà deux ans, bien avant le phénomène Barbie ! ». Il existe même un rosier Irène Drésel.

Un César pour la musique de « A plein temps »

Le cinéma a été touché aussi par la hype qui l’entoure. Elle a quelques projets. Elle est la seule femme lauréate d’un César de la musique de film pour « A plein temps », un film sur la charge mentale féminine de Eric Gravel avec Laure Calamy qui vit à toute vitesse. « Cela fait 48 ans que les Césars du cinéma existent. Depuis ces longues années, cinq femmes ont été nommées mais jamais aucune d’entre-elles n’a été récompensée. Donc ce César je le dédie surtout à toutes les femmes compositrices de musique à l’image » a-t-elle dit lors de la remise du prix.

Pour ce concert d’électro dionysiaque qui annonce la couleur, Irène Drésel se produit avec un superbe batteur, son compagnon Sizo Del Givry, qui apportera une touche organique à sa prestation cérémonielle très attendue.

Portraits @Valérie Mathilde. Soirée Césars @DR.

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