Bernard Lavilliers en mode symphonique, bof…

Mais qu’est-ce qu’ils ont tous à vouloir faire du symphonique :  Florent Pagny, Miossec, Alain Chamfort, Birkin. Pour la légende Bernard Lavilliers, en concert le 11 octobre au Corum de Montpellier, avec l’orchestre de Montpellier, notre impression est très mitigée…

Depuis ses débuts dans la chanson, Bernard Lavilliers se joue des codes, se forge un personnage et une légende. Né à St Etienne d’un père ouvrier et peu enclin à rester sur les bancs d’une école, il entre très jeune à l’usine comme tourneur de métaux et adhère au parti communiste à 17 ans . A 19 ans, il tombe amoureux d’une hôtesse de l’air et s’envole pour le Brésil, premier voyage d’une longue série de périples et début  de nombreuses explorations musicales de musiques qu’il sera un des premiers artistes français à populariser. Dès les années 80, il intègre le reggae, les rythmes afro-cubains et sud-américains à son univers musical. 

Pour parfaire la légende, il aime à raconter ses débuts dans la boxe, dès 13 ans, et sa fréquentation involontaire de quelques lieux pénitentiaires. 

Muscles et samba  

Qui a vu Lavilliers sur scène dans les années 90 à l’époque de Voleur de feu se souvient d’un mélange épicé de capoeira, de muscles, de samba et de testostérone. S’étant forgé au fil des années et des albums, un personnage de baroudeur un peu gangster, séducteur de jolies créoles et militant anarchiste, il arborait par ailleurs un physique qui rendait crédibles tous les personnages : le boxeur comme le danseur de samba, le voyageur interlope et le rocker. 

La mode symphonique

Mais qu’est-ce qu’ils ont tous à vouloir faire une album symphonique, un concert symphonique voire une tournée symphonique ? Florent Pagny, Miossec, Alain Chamfort, Birkin, même Johnny à titre posthume s’y sont essayé. L’idée peut sembler alléchante voire prometteuse mais se heurte quand même à la difficulté de greffer sur des mélodies simples autre chose que des harmonisations assez basiques. Orchestre symphonique certes, mais sur des lignes harmoniques dont l’intérêt musical reste assez limité. 

Un bémol à cet agacement : en 2017, l’orchestre montpelliérain de Montpellier avait accompagné Jane Birkin pour un très émouvant « Gainsbourg symphonique ».

Tant d’approximations

Il entre seul sur une scène à peine éclairée, à petits pas et un peu vouté et ses 78 balais sautent à la figure ! Un assistant lui apporte sa guitare, il débute quelques accords et attaque Fortaleza

« Elle avait des tarots tatoués sur l’épaule droite encadrés par deux cicatrices au couteau, elle était née à Buenos Aires métis d’indienne et de SS ».

Un vrai moment musical dans un silence absolu et une magie artistique un instant retrouvée. Après quelques chansons accompagnées seulement par ses musiciens habituels dans un univers latino assez réussi, c’est l’arrivée de l’orchestre de Montpellier sous la direction impeccable de Gwennolé Rufet.

Il y aura quelques moments vraiment réussis : la belle dédicace à Betty qui veille derrière les barreaux d’acier ou la chanson dédiée aux ouvriers métallos dans Les mains d’o . Une découverte aussi : la chanson résistante Bandiera rossa composée en son temps pour Serge Reggiani. 

Pour le reste, force est de constater que les exigences rythmiques et musicales d’un orchestre ne se plient pas aux approximations et on ne peut que louer le talent du chef et des musiciens. Talent qui ne peut gommer les décalages et les faux départs, les hésitations et les approximations. Le chanteur fatigue et ça s’entend : la voix n’est pas toujours là et la diction non plus. 

Si je chante c’est pour ne pas mourir un jour

Il tiendra les deux heures, s’aventurera à esquisser quelques pas de samba mais l’énergie vitale a bien du mal à refaire surface. 

Une dernière chanson prophétique ? Il termine ce concert avec La malédiction du voyageur, des paroles qui résonnent plus fort et plus loin ce soir :

« Ce piano qui sait lorsque c’est l’heure  

qui disait que quand on s’aime il faut partir  

ne pas s’installer, ne pas dormir … 

ce que tu penses de moi m’est bien égal  

si je chante c’est pour ne pas mourir un jour »

La lumière s’éteint, le chanteur sort de la scène et ne reviendra pas saluer. 

 

Photos @DR Bernard Lavilliers

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