Le 11 octobre dernier, Jazz On Top co-produisait avec le Jam le concert d’Àbáse, un groupe berlinois fusionnant brillamment un spiritual jazz électrique teinté de rythmes africains, brésiliens, et d’un soupçon d’électronique. Retour sur ce concert vibrant et sur l’activisme de cette association montpelliéraine fondée par Simon Morin et Hadrien Caupenne qui n’en finit pas de vouloir nous faire danser.
Le Jam, qui fête cette année ses 45 ans, n’a jamais autant compté d’adeptes du miki, symbole des générations Y et Z cools ne loupant aucun Worldwide Festival, depuis que l’association montpellieraine Jazz On Top propose d’y promouvoir la nouvelle vague du jazz français et européen : des musiciens pour la plupart formés en conservatoire et biberonnés autant aux disques du RH Factor qu’à ceux de J Dilla et de Theo Parrish.
Si la scène londonienne est souvent citée à plus d’un titre lorsque l’on parle de ce jazz fusion groovesque 2.0, les français n’ont rien à envier à leurs homologues d’Outre-Manche, et Jazz On Top, experte dans la catégorie dénicheur de talents, a su nous le prouver plus d’une fois depuis ses débuts en janvier 2023 en faisant venir jouer à la Salle Michel Petrucciani des groupes comme Leon Phal Quintet, Ishkero, Angles Morts ou encore Jasual Cazz.
Pour démarrer cette nouvelle saison, l’association fondée par Simon Morin et Hadrien Caupenne (deux adorateurs de Gilles Peterson et pousseurs de disques pour la webradio Piñata) a fait cette fois appel à un groupe basé à Berlin, Àbáse, « collaboration » en yoruba, qui a sorti il y a quelques mois son deuxième album « Awakening » sur le label Analogue Fondation fondé par Russel Elevado (ingénieur du son reconnu pour son travail auprès de The Roots, Erykah Badu et D’Angelo) et invitant des musiciens aussi prestigieux que Knoel Scott et Cecil Brooks du Sun Ra Arkestra.
Un gage de qualité sur le papier qui ne s’est pas démenti en live. Porté par leur meneur, le prolifique producteur et claviériste hongrois Szabolcs Bognár hypnotisant au Fender Rhodes et utilisant avec parcimonie un séquenceur (seul rappel à la musique électronique), le quintet du soir était composé de ses compatriotes Lukas Akintaya au swing impeccable à la batterie et la mélodieuse Fanni Zahar aux flûtes, de l’imperturbable sicilien Giacomo Tagliavia à la basse et au sourire contagieux, et du très talentueux ghanéen Eric Owusu aux percussions pulsatoires et au chant transcendant. Ce dernier donna au set, qui avait parfois des allures d’une session du label Black Jazz des années 70, sa touche highlife, ce qui n’est pas un hasard puisqu’il fit ses armes auprès d’une des légendes du genre, Ebo Taylor.
Une démonstration de 1h40 qui conquit un public de plus en plus fidèle à Jazz On Top et qui rappela, pour les plus anciens présents, la venue organisée par Cosmic Groove de Oneness Of Juju il y a près de vingt ans sur cette même scène.
Comme à l’accoutumé lors de ces soirées, un DJ ouvre et ferme le bal, pour prolonger l’instant et le partage en dansant autour d’une sélection musicale collant à la programmation. Qui de mieux pour cet exercice ce 11 octobre que le digger-globe-trotteur Dj MansaMat, fervent diffuseur de la sono mondiale.
Les prochains rendez-vous du JAM sous le sceau de Jazz On Top
-Le 1er novembre à 20h30, Jazz On Top s’associe au bouillonnant festival Dernier Cri et invitent ECHT !, un quartet bruxellois croisant son jazz à de la trap et de la bass music (si vous ne voulez plus être taxé de « boomer », c’est là qu’il faut être).
-Le 12 décembre à 20h30, Fellas, des toulousains comparés à BabBadNotGood seront les ambianceurs à l’honneur avec leur nu-jazz cinématique et hip-hop prêt à casser les nuques.
Crédit photo Yolan Lemaire / MrYoppick