Ancien animateur matinalier de Radio France Hérault, Jean-François Fontana est président du JAM depuis 26 ans. Aménagé dans un ancien chai dans le quartier des Prés d’Arènes, le Jazz Action Montpellier est la plus ancienne salle de musiques actuelles de Montpellier. Elle fête cette année ses 45 ans. Et le seul complexe en France qui couple, sur un même site, une école de jazz et de musiques actuelles et une salle de concert. Dans sa play-list, quelques rendez-vous de cette saison d’anniversaire.
GAËL HORELLOU, Dalonaz. Identité, c’est le nom du projet que Gaël Horellou promène de scène en scène, avec un 4ème album en préparation. Les huit musiciens nous servent ce que le jazz a toujours fait, une fusion d’improvisations, une rencontre entre les mélodies et surtout les rythmes européens et africains, en l’occurrence ici la Réunion, avec le maloya et ses percussions, le matalon, le rouler, le cascavel et le kayamb, qui vous fera bouger les hanches avec son son de pluie parfumée au safran. Jeudi 31 Octobre, 21h, entrée gratuite.
ECHT ! Merckx. Le point d’exclamation fait partie du nom de ce groupe belge, que les producteurs de jazz on TOP ont été fouiner avec le festival dernier cri. Deuxième concert du trimestre pour Jazz on top, et la promesse d’un Live musclé, où l’électronique n’est pas que machines, où le jazz se réinvente, où le public amateur de set DJ redécouvre la force de la musique sur scène, où la curiosité des producteurs de jazz on TOP nous offre un beau cadeau. Comme Marcel Pagnol le faisait dire à Raimu (mais c’est une autre histoire !) : « Ça fermente, ça bout, ca bouillonne ! ». Vendredi 1er Novembre, 21h.
SAMUEL PETIT Trio, Je préfère 100 fois avec Sinsemilia. Les jeudis du JAM s’appellent « JAM découvertes », gage de diversité musicale dans la programmation, et de la découverte ou redécouverte de groupes en émergence, comme on dit au ministère de la Culture, de nouveaux projets de scène, de nouveaux albums (ce trimestre, au JAM, dix présentations de sorties d’albums). Là, un trio de jazz à la forme classique (piano, contrebasse, batterie) mais Samuel Petit a participé à d’autres projets : afro cubain, tzigane, et n’en déplaise aux puristes du JAAAAAZZZZ, c’est dans ce métissage que l’on trouve la force musicale, en l’occurrence d’Ibrahim Maalouf à Tigran Hamasyan en passant par Chilly Gonzales. Jeudi 7 Novembre, 21h, entrée gratuite.
KEMMLER, Ça me gêne. Généralement, je ne suis pas très fan de rap français, mais là, on se pose et on écoute. Kemmler a collaboré avec Fianso et Youssoupha, les textes vont droit au cœur, sans agressivité, en toute intimité, avec un flow léger. Un nouvel album « Alain » (le nom du daron) qu’il vient présenter. Ya d’l’inspi, du souffle, et des thèmes qui nous ressemblent : l’amour, l’amitié , les échecs, la vie quoi. Vendredi 8 Novembre, 21 h.
GILAD HEKSELMAN trio,V Blues. Un des partenaires régulier du JAM, c’est le KOA jazz festival, qui promène ses trouvailles du 4 au 11 Novembre dans la métropole montpelliéraine. Et au JAM, Gilad Kekselman, c’est la cerise sur le gâteau new yorkais des guitaristes (allez on va dire, dans le big five). Un jazz qui va chercher loin à l’intérieur de soi, pas frimeur. Dire qu’il a joué avec John Scofield, Aaron Parks Esperanza Spalding ne suffit pas. Avec lui, chaque note compte. Le titre de son dernier album « Life at the Village Vanguard », il y a pire comme référence dans le monde du jazz. Samedi 9 Novembre, 21h (annulé et reporté à une date ultérieure).
TOM OLLENDORF et Fabrice Tarel quartet, London vibes. Autre guitariste, autre univers. On passe de New York à Londres, et dans une confrontation guitare/piano. La virtuosité de Tom Ollendorf n’est pas surjouée, elle est là pour servir les compositions délicates des deux compères, avec une rythmique légère, les questions réponses entre les deux musiciens que l’on guette, en essayant de battre du pied en mesure. On n’est pas bien, là ? Jeudi 14 Novembre, 21h, entrée gratuite.
BAL O’GADJO, Hamajiya. On a poussé les chaises, parce que dès que la musique démarre, on a envie de danser, et même si on ne sait pas danser, on se bouge. Ils sont sur la route depuis des années, avec ces musiques de l’Est qui transportent en même temps une énergie plus qu’entraînante et une nostalgie étourdissante. De la Grèce au Kurdistan, en allant toujours vers la mer, la clarinette, le violoncelle, le saz, le derbouka, le violon, la guitare, et les superbes polyphonies, ces musiques du nouvel album « le poids de la terre » nous parlent d’exil et de résistance, là où la musique peut parler toutes les langues en même temps. Vendredi 15 Novembre, 21h.
LES STEADIES, Le rencard. Devant leur section rythmique, elles sont trois à chanter, à jouer de la basse et de la guitare. C’est frais, c’est drôle, c’est festif. Le rock steady, qui leur donne leur nom de groupe, fleure bon les années 60, mais c’est une plongée dans le temps qui n’est pas nostalgique et nous renvoie à des sonorités qui nous font dire « Bon Dieu, mais c’est bien sûr ! » pour les plus âgés et « Vous ne vous embêtiez pas, à l’époque » pour les plus jeunes. Jeudi 21 Novembre, 21h, entrée gratuite.
RAOUL MIDON, State of mind. Coup de cœur pour ce musicien un peu jazz, un peu folk, un peu blues, un peu musique latine, dans un mélange de musique qu’il appelle lui le « smooth folk » ou « l’alt pop » ou simplement « le jazz ». C’est comme une promenade qui irait de Stevie Wonder à Bobby Mac Ferrin en passant par José Feliciano. Un 13ème album qu’il chante en s’accompagnant à la guitare, qu’il a plantureuse. Samedi 23 Novembre, 21h.
SARAH Mac Coy, Go Blind. Dès qu’elle arrive sur scène, on sent qu’il va s’en passer, des choses musicales et des plus inattendues. C’est ça, le bon mot, elle est complètement et en permanence inattendue. Elle est généreuse, sa voix est forte et nuancée, convoque Nina Simone, Billie Holliday ou Amy Winehouse. C’est direct et ça accroche le cœur, sur fond de soul. Elle dit que si on doit définir sa musique, c’est n’est pas un genre, c’est une attitude. Vocalement et visuellement exubérante. Samedi 30 Novembre, 21h.
MILES DAVIS, Bith of the cool. Et pour finir, ce morceau qui a donné son nom au jazz « cool”, et qui, 75 ans après son enregistrement, craque toujours aussi tendrement aux oreilles comme un vieux vinyle trop écouté. Je suis « tombé » dans le jazz tout petit avec le New Orleans et le swing ; je pensais que ça s’arrêtait là, mais à 16 ans, j’ai pris une grande claque avec ce disque de ce casseur de codes qu’a été Miles Davis. L’horizon s’est ouvert, je suis allé chercher la musique de tous les musiciens qui jouent dans ce disque (une vraie anthologie du jazz) et je n’ai plus arrêté. Enjoy yourself.