C’est l’événement de cette 6ème édition du festival Ex Tenebris Lux : la venue de l’américaine Chelsea Wolfe, que le New York Times appelle la « crooneuse goth ». Artiste passionnante à l’univers sombre et sophistiqué, elle fait halte à Montpellier dans le cadre d’une tournée internationale qui aligne Porto, Budapest, Milan et New-York.
« The QUEEN OF THE DARKNESS, Chelsea Wolfe mélange de darkfolk, de doom, est tout simplement une ode à la mélancolie et à la beauté, à la renaissance. C’est notre diamant brut et pur pour une soirée soyeuse à souhait le 12 novembre à Victoire 2. Ses concerts se vivent pleinement, parfois de façon anxiogène, tellement ses compositions désespérées peuvent nous engluer, ou nous enfoncer dans un sombre marécage. Son album She Reaches Out To She est un appel à savoir aller de l’avant, savoir quitter ce qui nous empêche de grandir et de trouver en soi les réponses. On n’en sort pas indemne ». Voilà ce que disait Muriel Palacio, directrice du festival, dans sa play-list LOKKO. Un événement qui a su convaincre de la pertinence de s’aventurer dans un endroit musical -les musiques dites sombres- peu fréquenté par les programmateurs et programmatrices.
Au terme d’un mois dans des lieux insolites, notamment l’ancienne chapelle Saint-Charles et une soirée somptueusement dingue d’Halloween à l’opéra, la venue de la californienne constitue un acmé.
Une carrière d’une vingtaine d’années et une dizaine d’albums ont fait de Chelsea Wolfe, 41 ans, la patronne incontestée du dark folk, aux commandes de ses guitares Taylor et Fender, bien qu’elle affiche une plasticité musicale assez radicale mixant les registres et les genres. Souvent comparée à Björk ou PJ Harvey, ou encore Beth Gibbons de Portishead, mais avec beaucoup plus de vampires dans le texte, ses rituels ténébreux l’ont rendue célèbre. À ses débuts, en live, Wolfe portait un voile noir sur son visage. En 2014, sa chanson « Feral Love » est utilisée dans la bande annonce de la quatrième saison de la série Game of Thrones. Ce qui booste encore sa notoriété. On aime qu’elle revendique des influences européennes comme Ingmar Bergman, Proust et Céline.
She Reaches Out to She Reaches Out to She, son 7ème album, fascinant, mêle de l’électro minimale, de la froideur industrielle à des synthés vaporeux, et une toujours puissante voix d’éther sur des textes cathartiques où il est souvent question de guérison, de renouveau, d’exosquelettes. Tout en allant vers un peu plus de simplicité, se faisant moins oppressante. La presse spécialisée a noté ce pas de côté de la très cataloguée prêtresse des ténèbres.
Elle chante ainsi « Surrounded by living ghosts, you see, I thought I had to swallow them before they swallowed me » (Entourée de spectres vivants, j’ai cru devoir les avaler avant qu’ils ne m’avalent) pour conjurer un passé exorbitant peut-être un peu trop saturé de fantômes.
Voilà, en tout cas, une séance de spiritisme qu’on n’a pas envie de manquer.
Concert le 12 novembre, salle Victoire 2, avec également la dark folk du suédois JONATHAN HULTÉN et la « dark poésie » de la poétesse et musicienne américaine MARY JANE DUNPHE. En savoir +, ici.
Photos @Chelsea Wolfe.