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Zaho de Sagazan, la love égérie

La phénoménale Zaho de Sagazan a diffusé sa mélancolie classieuse sur fond de beat électro devant un public envoûté au théâtre de la mer dans le cadre du festival Quand je pense à Fernande. Elle est au Zénith de Montpellier, le 16 novembre prochain.

De près, elle est suprêmement jolie. Bras potelés, regard bleu et franc, et blondeur d’enfant : elle porte une combinaison du genre qu’on met pour aller claquer la bise aux dauphins ou faire du ski nautique. Voilà Zaho de Sagazan, la tornade de la chanson française, au sourire sain, qui résiste si bien à la pression.

Une carrière fulgurante, précisée en un an seulement, pour cette artiste dont la notoriété n’excédait pas la scène nantaise. En mars 2023, elle sort son premier album, « La Symphonie des éclairs ». Fini le travail d’auxiliaire de vie en Ehpad.

La razzia de Zaho

En février 2024, elle est nommée dans cinq catégories pour la 39e cérémonie des Victoires de la musique. Elle remporte quatre prix, dont ceux de la chanson originale et de l’album de l’année. Ses tournées sont quasi sold-out.

En mai 2024, elle buzze avec une reprise remarquée de « »Modern Love » de David Bowie sous les yeux amoureux de la présidente du jury du festival de Cannes, Greta Gerwig. Déchaussée avant de monter sur la scène, c’est en socquettes blanches qu’elle joue les derviches tourneurs dans la poussière d’un projecteur.

« J’ai 24 ans mais je n’ai jamais connu l’amour » nous dit-elle d’emblée pour inaugurer cette soirée entre privilégiés avec la mer en fond de scène. Comment ça ?

Zaho de Sagazan de Saint-Nazaire se confie, se raconte. On peut avoir grandi dans une chaleureuse famille d’exception, libertaire et douée et pleurer sous la couette (elle est la fille du peintre, sculpteur et performeur Olivier de Sagazan, elle a 4 sœurs très proches dont la chorégraphe dont tout le monde parle Leïla Ka, une brillante cousine, la metteuse en scène Lorraine de Sagazan, à l’affiche à Avignon). Très touchante, elle a quelque chose de blessé tout en grâce qui laisse deviner un magnifique paysage intérieur.

 

« Je ressens très fort les choses »

Son hypersensibilité, elle en a parlé dans les médias. « Je ressens très fort les choses… J’ai beaucoup travaillé » poursuit-elle devant le public du théâtre de la mer de sa voix étonnamment rauque. Il y a cette chanson, magnifique : « La symphonie des éclairs » qui parle d’une petite fille très singulière et très sensible, « qui a longtemps pensé que c’était un défaut, mais qui va finir par découvrir, grâce à la musique, que c’est sa plus grande qualité« . Elle en a fait « une symphonie de tous mes éclairs et de ceux de mes potes, j’ai tenté de rendre beau ce qui ne l’était pas« .

 

Cela donne : « Dès sa plus tendre enfance / Elle ne savait pas parler autrement / Qu’en criant tout bas, pas faute d’essayer / De les retenir, ces cris et ces larmes« . Le refrain : « Il fait toujours beau au-dessus des nuages / Mais moi, si j’étais un oiseau, j’irais danser sous l’orage / Je traverserais les nuages comme le fait la lumière / J’écouterais sous la pluie la symphonie des éclairs« .

Elle est de la race, comme Clara Luciani, de ces grandes héritières modestes. On pense à Brel, Barbara qu’elle cite souvent. En particulier quand elle est au piano pour chanter des bijoux comme « Dis-moi que tu m’aimes » : « Je ne peux pas croire que tu m’aimes. Mais je t’en prie dis-le quand même. Dis-le encore, dis-le plus fort. Peut-être qu’au fond, au fond j’ai tort et que tu m’aimes, alors« . Assez insensible à ce moment-là aux cris de la salle enivrée et au zèle d’une fille (de Sète certainement) qui lui propose une tielle.

 

Mais Zaho de Sagazan, ça se danse aussi.  A son côté Rive gauche s’ajoute un certain sens du beat. C’est ce que Libé appelle son « électro rauque ». Grosse influence de la star pop britannique Tom Odell (qui sera au festival Palmarosa à Montpellier cet été) et de la musique électronique fabriquée dans les années 80 (sa playlist Spotify regorge de perles pointues). Mais c’est Alexis Delong et Pierre Cheguillaume du groupe Inüit qui donnent sur scène une teinte dominante avec leur wave crépusculaire et leurs synthétiseurs modulaires.

« N’ayez pas peur de l’autre, aimez-vous »

« N’ayez pas peur de l’autre, aimez-vous » supplie-t-elle en se baladant dans les travées, déclenchant une ferveur de sainte. En chantant « Que la vie est belle » de Brigitte Fontaine avec les paroles brandies sur des panneaux par son équipe depuis la scène pour y associer le public. « Ah que la vie est belle, quelquefois pour un rien, la divine immortelle, dans le mal et le bien« .

Vraiment une adorable complice pour tous ceux à qui il arrive de foirer leurs amours, qui ont goûté au bonheur particulier d’être triste, à tous les grands sensibles sachant danser sous l’orage et traverser les nuages.

De quoi remplir largement un amphithéâtre.

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