Le départ de Jean-Paul Montanari du festival Montpellier Danse, désormais fusionné avec le Centre chorégraphique national, son voisin de l’Agora, entraîne une petite révolution à Montpellier. Un appel à candidatures a été lancé pour la direction de cette nouvelle Maison de la danse unique en Europe, qui sera connue au printemps 2025. Les amoureux de la danse en parlent beaucoup, la profession aussi. A LOKKO, on y a vu l’opportunité d’un échange avec nos lectrices et lecteurs sur le futur de la danse à Montpellier.
Pour les modalités de votre participation, scrollez sous l’article.
C’est une nouvelle page de l’histoire de la danse qui s’écrit. Une nouvelle ère pour la mère de la culture à Montpellier. Au printemps 2025, on connaîtra la direction d’une entité associant le Centre chorégraphique national et le festival Montpellier Danse. Une énorme structure, qui disposera d’un budget annuel de près de 6 millions d’euros. 7000m2 exclusivement dédiés à la danse, un théâtre de plein air de 600 places (sous-utilisé), 8 studios, une majestueuse cour intérieur. 29 salariés permanents.
Cette Agora de la danse unifiée est issue de la réflexion engagée par les tutelles -Métropole, Ministère de la culture et Région- à l’occasion du départ à la retraite de Jean-Paul Montanari, 77 ans, patron de Montpellier Danse depuis 1983 et de celui de Christian Rizzo, à la tête du Centre chorégraphique depuis 2014. Ce n’est pas rien. S’entendre sur cette fusion des deux maisons, souvent rivales, aux actionnaires publics différents, est déjà un tour de force. Et Jean-Paul Montanari, lui-même, n’est pas pour rien dans cette tabula rasa. « Il faut une rupture, changez tout ! » selon sa formule.
Le maire de Montpellier, Michaël Delafosse, a relevé le défi : « Surprenez-nous, ne continuez pas comme avant. Je ne gère pas un mercato de directions. L’urgence est à la défense de l’inventivité, la créativité, l’écriture de la modernité. Sans quoi, c’est le populisme qui menace. Il faut des gestes de puissance ; ça n’est pas un problème de gestion de petits lieux » (relire l’article de LOKKO à ce sujet).
Consulter l’appel à candidatures, permet de se faire une idée des enjeux. Totalement inédit à Montpellier : c’est un collectif qui devrait gérer l’ensemble c’est à dire « une direction collective, composée au minimum d’un ou une artiste chorégraphique de reconnaissance nationale et/ou internationale, et de personnes dotées de compétences au niveau stratégique en management, développement, gestion et en matière de programmation artistique ».
Ayant mis au point des dispositifs de consultation citoyenne assez pointus, Montpellier invente pourtant ce futur à bas bruit, au sein d’une groupe feutré d’experts tandis que le monde de la danse bruisse de rumeurs sur les candidats possibles (*). Heureusement, cet avenir est aussi un sujet pour quelques amoureux de la danse qui ont bien retenu la demande des collectivités locales et de l’Etat que l’Agora de la danse soit « plus ouverte sur la ville ».
Une parole se déploie, ailleurs, qui imagine et revendique, parfois. Qui veut en être. Également tout un monde laissé aux portes de l’Agora rêvant de danses urbaines, de bals, de swing, de tango, de co-workings, de restaurants, de nuits blanches, d’audace, d’impromptus et de partage remuant et bienveillant du fabuleux lieu.
On a entendu cette proposition piquante : que les projets retenus (après le dépôt des candidatures, fin décembre 2024) soient exposés publiquement dans la cour de l’Agora. Quelques chorégraphes, danseurs et danseuses montpelliérain.e.s, à l’initiative de Patrice Barthes, sont en train de s’unir « pour échanger sur ce qu’ils imaginent pour la danse dans la ville qui est leur lieu d’attache » afin de produire « ce qui pourrait être un cahier des rêves en mouvements ».
A son tour, LOKKO invite ses lectrices et lecteurs à s’autoriser à imaginer, suggérer, réfléchir, désirer. On attend avec impatience vos idées !
COMMENT NOUS DONNER VOS IDÉES
Fréquentez-vous ce lieu ? Ses qualités, ses défauts ? Avez-vous des idées pour l’animer ? Quel genre d’événements (pas forcément liés à la danse) vous aimeriez y voir ? Quelle idée pouvez-vous proposer pour le rendre « plus ouvert », plus accessible, pour qu’il vous concerne davantage ?
Pour écrire à LOKKO, plusieurs solutions !
-Par mail, à contact@lokko.fr avec comme objet « Futur de la danse »
-Soit en commentaires sous cet article.
-Soit sur les posts consacrés à cette consultation sur Facebook, Linkedin, Instagram.
Nous relèverons chaque contribution, et en ferons une synthèse en janvier prochain.
Vous pouvez écrire anonymement mais on n’aime pas trop ça et on privilégiera les vrai.e.s contributeurs et contributrices.
(*) Il s’agit de Nicolas Dubourg, l’actuel directeur du théâtre universitaire La Vignette à Montpellier dont la démission récente de la présidence du Syndeac (le puissant Syndicat du spectacle vivant subventionné) pour se consacrer à sa candidature a donné un indice de sa détermination. Il serait associé à deux artistes, la danseuse et chorégraphe grecque Lenio Kaklea et le danseur et chorégraphe indépendant israélien Arkadi Zaides. Une pointure a clairement signifié son intérêt pour Montpellier : Dominique Hervieu, bien connue comme ancienne patronne du théâtre Chaillot à Paris, de la Maison de la danse de Lyon, et directrice de la culture au sein de l’organisme animant les Jeux Olympiques de Paris, qui avait été chargée d’un programme d’animation culturelle, en parallèle des jeux, dans 750 villes de France. Enfin le chorégraphe franco-américain Dimitri Chamblas, (assez hésitant d’après nos informations), ancien danseur de Mathilde Monnier, vivant une partie de l’année à Los Angeles, proche de Benjamin Millepied, ancien directeur du Ballet de l’Opéra de Paris et de Boris Charmatz, directeur du Tanztheater de Wuppertal de feu Pina Bausch en Allemagne.
Photos @Agora de la danse.
