Chanteuse, flûtiste, auteur, compositrice et arrangeuse franco-japonaise, Maïa Barouh, la fille de Pierre Barouh est une artiste singulière et captivante mêlant audacieusement chants traditionnels asiatiques au rap, au groove, à l’électro et à la chanson.
C’est un bien joli rencart qu’avait donné le théâtre Jean Vilar pour son dernier rdv de l’année 2024, jeudi 19. Avec le concert de Maïa Barouh et ses deux acolytes, les brillants Johan Guidou (synthés et percussions) et Kersley Sham (batterie). Faisant à trois une belle équipe énergisante.
Comme elle le raconte elle-même durant le concert, elle a commencé très jeune à Tokyo, sa ville natale et patrie de sa maman, Atsuko Ushioda, traductrice des chansons de de l’ami Pierre Barouh, fondateur du label Saravah (60 ans l’an prochain). Label qui a permis l’éclosion des talents aussi bien de David Mc Neil, Allain Leprest, Pierre Akendengué, Jean-Roger Caussimon ou encore Areski & Brigitte Fontaine. Dont elle reprend du reste Le Dragon, chanson datant de 1972 et figurant sur le 4ème album de BF. Et de Jacques Higelin : on retrouve chez Maïa le même genre d’énergie et d’espièglerie que chez Izia Higelin dans des registres différents.
Le Japon au coeur
C’est en écumant les cabarets souterrains de la capitale du Soleil Levant que Maïa s’est lancée, armée de sa flûte traversière. Nous sont revenues en mémoire les mélopées de Ian Anderson lorsqu’il empoignait le même instrument à la tête de Jethro Tull. Ses débuts se font aux côtés de Drag queens nippones. Française par son père, Maïa Barouh semble bien pencher du côté maternel tant dans sa fibre artistique, que son inspiration et sa nourriture culturelle.
Du prestigieux père (la chanson du film Un homme et une femme de Lelouch, La byciclette, c’est lui), elle fait entendre la voix dans un bien joli moment. Où l’on reconnaît sans peine celui qu’on a vu plusieurs fois à Montpellier évoquant dans ce court extrait sa grande disponibilité et écoute au talent des autres.
Le récital de Maïa ne se limite pas à la seule ville capitale du Japon, c’est aussi un voyage dans d’autres contrées de ce pays insulaire qui s’offre à nous par son biais et au travers des nombreuses croyances spirituelles du pays. Ainsi l’esprit de l’ours est célébré par Maïa comme il l’est lors de cérémonies religieuses chez les Aïnous, peuple indigène du nord du Japon. Avec un groove qui rappelle le Superstition de Stevie Wonder. Maïa et ses deux compères parviennent même à faire se lever la salle pour communier.
Moins drôle lorsqu’elle évoque la catastrophe nucléaire de Fukushima (mars 2011) territoire désormais interdit de passage. Cruel et cocasse paradoxe Fukushima signifiant en français L’île du Bonheur. Mais auparavant le trio n’a pas omis de magnifier, comme il se doit, les sushis !
Photos de la tournée crédit Gaël Morva,. Portrait crédit